Economie

Des entreprises mal bétonnées

© D.R

Les entreprises du BTP se disent favorables à l’ouverture. Pourtant, régulièrement, des grincements de dents se font entendre à l’occasion des passations de marché opérées au bénéfice de sociétés étrangères. Que ce soit pour l’attribution sur l’autoroute de contournement à Settat, la construction du tunnel de l’ONCF dans les environs de Meknès, à chaque fois la loi du moins disant qui régit les appels d’offres a peu souri aux entreprises marocaines, contrairement aux turques et aux chinoises.
Dans l’un de ces marchés, la société étrangère adjudicatrice a présenté une offre avec une décote de 20 millions de dirhams sur les prétentions de la plupart des candidats marocains. «Normal que leur offre soit aussi compétitive, rouspète un entrepreneur, on ne peut pas faire jeu égal avec ces entreprises pour la simple raison qu’ils ont toute latitude dans leur politique de l’emploi». A croire les opérateurs nationaux, c’est là que se situe la racine du mal. Les entreprises marocaines répondent des charges sociales (salaires et cotisations patronales), ce qui, de leur avis, ne serait pas toujours le cas des sociétés étrangères, gâtées par des législations plus flexibles en termes d’emplois. C’est selon.
En fait le problème est beaucoup plus complexe de l’avis de Bouchaïb Benhamida. Le président de la FNBTP met d’abord en avant les conditions fixées aux entreprises marocaines, obligées, pour participer aux appels d’offres pour la réalisation de grands projets comme les stades, d’en avoir déjà réalisé un. «C’est comme si on disait à un athlète avant de compétir s’il a déjà réalisé un saut de 2,5m.»
De plus, c’est quand une entreprise remporte un marché public que les problèmes commencent. L’Etat met en général une année pour honorer ses engagements, ce qui expose l’entreprise marocaine, caractérisée souvent par une surface financière réduite.Jusque-là, c’est la Caisse marocaine des marchés qui jouait les pompiers en accompagnant les projets.
Mais cette dernière est plus que jamais en difficulté, ce qui n’est pas de nature à faciliter la tâche aux entrepreneurs nationaux qui, il faut le dire à leur charge, s’engagent souvent en rangs dispersés, faute d’une culture de consortium. Au grand bonheur des entreprises étrangères qui ont, avec elles, la solidité financière. Le seul inconvénient et non des moindres à ce niveau, se situe vis-à-vis du Trésor. Les entreprises étrangères n’hésitent pas à faire des réclamations, souvent financières. Récemment une société espagnole, engagée sur la construction d’un tronçon d’autoroute, a réclamé à l’Etat 40 milliards de centimes. L’Etat espagnol, dit-on, serait même intervenu pour aider cette entreprise à rentrer dans son droit. Cas isolé peut-être, dirait-on au Département de l’Equipement, injoignable, mais quand même révélateur. «En tout cas le Maroc est un pays ouvert, mais on doit entrer dans la compétition sur le même pied d’égalité», déclare le président de la FNBTP qui voit la planche du salut dans le contrat-programme signé hier avec la Primature.
L’un des objectifs de cette convention, c’est de redonner une certaine vitalité à la Caisse marocaine des marchés et d’aider le secteur à réussir sa transition. La préférence nationale qui prévalait jusque-là avec ces hauts et ces bas doit faire place nette à la concurrence avec comme règle principale le moins disant. Et dans ce jeu, s’associer dans le cadre des consortiums permet de régler bien des handicaps. D’autant que divers projets d’envergure dans le domaine des travaux publics se profilent à l’horizon.
C’est le cas du Tunnel devant relier le Maroc à l’Espagne dont l’étude de faisabilité est revenue conjointement à Sned Maroc et la société Secegsa-Espagne. Par la suite, les entreprises marocaines du BTP et des travaux publics seront certainement sollicitées dans un projet dont l’investissement total est de 3 milliards d’euros.

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