Le Sénégal expérimente depuis 2005 les pluies provoquées, un programme lancé avec l’aide du Maroc pour ne plus dépendre des caprices du ciel, mais plusieurs chercheurs et acteurs agricoles demeurent réservés sur un impact qu’ils jugent encore incertain. «Avec l’hivernage tardif de 2002, le président (sénégalais) Abdoulaye Wade avait demandé au Maroc d’aider le Sénégal à expérimenter les pluies provoquées», rappelle le chef de la division recherche de la direction de la météorologie nationale du ministère des Transports aériens, Chérif Diop. Ce programme, appelé «Bawaan» ("pluie utile" en langue wolof, la plus parlée du pays) vise à assurer la maîtrise de l’eau et la sécurité alimentaire, dans un pays sahélien essentiellement agricole mais soumis aux aléas climatiques et dépendant des importations pour nourrir sa population.
Le procédé consiste à «bombarder», par des avions ou des générateurs au sol, les nuages déjà formés avec de l’iodure d’argent et du sodium, pour obtenir des précipitations.
Le dispositif est complété par des bassins de rétention, pour recueillir l’eau pouvant servir à la pisciculture ou au maraîchage pendant la saison sèche.
Un radar, installé à Linguère (nord), dont «la portée de 480 km couvre presque tout le pays», selon M. Diop, aide à détecter les nuages, et à déterminer leurs caractéristiques physico-chimiques, leurs évolution et réserves d’eau.
Avec ce programme, effectif dans huit des onze régions du pays, 23 opérations terrestres et aériennes ont été menées cette année entre le 18 juillet et le 12 août, contre 35 à la même période en 2006.
Selon la météorologie nationale, la plupart des stations dans les zones centre et nord, où «Bawaan» est appliqué, sont excédentaires en eau à la date du 12 août. Le sud-est, non visé par le programme, est quant à lui en déficit pluviométrique.
Selon plusieurs spécialistes, beaucoup d’aléas entourent toutefois cette pratique. Par exemple, on ne sait pas à l’avance où la pluie provoquée va tomber.
D’ores et déjà, le directeur du laboratoire de physique de l’atmosphère de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de Dakar, Amadou Thierno Gaye, note que «par le passé, il y a eu dans des pays comme les Etats-Unis, Israël, la France et l’Espagne, beaucoup d’argent injecté dans des programmes de pluies provoquées. Les crédits ont ensuite baissé parce que les gens n’ont pas pu prouver leur efficacité».
• Malick Rokhy BA (AFP)