A quoi finalement sert le soutien financier des institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, BEI, etc.) aux pays en voie de développement (PVD) tels que le Maroc ? La question irrite plus qu’elle surprends. Le sujet dans la conjoncture actuelle marquée par le ralentissement économique mondial est explosif. Il fait l’objet d’un vif débat chez les responsables des pays riches.
Ces derniers se demandent, légitimement, sur les effets de leurs aides d’autant plus qu’ils ne voient pas d’impact réel sur le développement ? Si l’on se fie aux propos de nos économistes et nos politiques, l’aide accordée par ces organismes contribue au développement de ces pays dans plusieurs domaines notamment sur le plan économique et social. Ces discours ont fait leur temps. Ce sont les réalisations qui comptent pour un bailleur de fonds. Le simple citoyen constate de son côté, que sa vie quotidienne ne s’améliore pas pour autant. Il y a donc décalage. D’un côté, les institutions financières internationales estiment que leurs aides ont pour principal objectif de hisser le niveau de vie de la population, d’un autre, la pauvreté fait encore des ravages dans les PVD.
Au Maroc, la pauvreté a explosé durant la dernière décennie. Elle a atteint des niveaux record malgré la mobilisation des pouvoirs publics pour diminuer ce fléau. Selon les chiffres officiels, 19% de la population vivent sous le seuil de la pauvreté admis au niveau international. Des situations pareilles constatées dans plusieurs PVD ont poussé plusieurs bailleurs de fonds de revoir leur stratégie dans le domaine de l’aide au développement. La problématique est à l’ordre du jour, au sein de l’Union Européenne (UE).
L’aide au développement ne fait pas recette dans l’Union qui est loin de parvenir à une démarche collective arrêtée en 1969 par les Nations Unies qui prévoie de consacrer 0,7% du PNB des pays riches aux pays en développement. Le constat fut dressé par le quotidien français Le Monde dans sa dernière livraison. L’auteur de l’article estime que devant la difficulté de faire émerger un consensus entre militants d’un effort soutenu, défenseurs d’une légère progression des crédits et avocats du statuquo (la moyenne des Quinze se situe à 0,33% du PNB), les chefs d’Etat et de gouvernement qui se réunissent à Barcelone les 15 et 16 mars, devront prendre leur responsabilité. Il est certain que les pays de l’Union sont loin d’atteindre rapidement le seuil de 0,7% du PNB. Ils opteront certainement pour une solution réaliste à savoir 0,39% du PNB. De son côté, la Commission Européenne propose que les Etats membres de lUE qui se situent en dessous de la moyenne communautaire s’engagent à atteindre celle-ci en 2006. Ce qui permettrait, selon la Commission de hausser la moyenne des Quinze à 0,39%. La Banque Mondiale souligne qu’à partir de ce niveau, il est fort possible de débloquer une enveloppe de 56 milliards d’euros afin de réduire de moitié l’extrême pauvreté en 2015.
L’analyse faite par Le Monde relève que la France, par rapport à ses partenaires européens, s’est située en 2000 à la moyenne communautaire à savoir 0,33% du PNB. Notons que l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Autriche, la Finlande, l’Irlande et le Royaume-Uni sont en dessous de ce seuil. Seuls le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède ont dépassé les 0,7% du PNB pour la même année.
Sur ce sujet, le gouvernement français vient d’annoncer un seuil de 0,36% du PNB, équivalent à 5,3 milliards d’euros. Ce montant comprend l’aide bilatérale (3,3 milliards), l’aide multilatérale (706 millions d’euros) via la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’ONU et l’aide européenne (1,3 milliards d’euros).