Economie

Dominique Strauss-Kahn, cible d’une enquête pour népotisme

L’institution, qui est l’un des acteurs de premier plan ces dernières semaines avec l’explosion de la crise financière, a ouvert une enquête sur son directeur avec l’intention de tirer les choses au clair rapidement, a indiqué samedi un porte-parole à l’AFP. Le cabinet d’avocats Morgan, Lewis and Bockius, retenu par le Fonds, doit rendre ses conclusions «d’ici la fin du mois», selon le porte-parole. «Toutes les allégations, et en particulier celles impliquant la haute direction, sont prises extrêmement au sérieux». M. Strauss-Kahn, considéré comme l’une des plus éminentes figures politiques européennes en matière d’économie, a été nommé en septembre 2007 à la tête du FMI pour réformer en profondeur cette institution. À ce stade, le FMI n’a pas voulu entrer dans les détails de l’enquête, alors que le quotidien Wall Street Journal en a relaté les grandes lignes, dans son édition de samedi. L’affaire porte sur une relation extra-conjugale qu’aurait eu M. Strauss-Kahn, âgé de 59 ans, avec Piroska Nagy, une ancienne haute responsable d’origine hongroise du département Afrique du FMI, mariée. M. Strauss-Kahn aurait approché Mme Nagy en décembre 2007. Les deux intéressés seraient devenus intimes début 2008, mais l’affaire aurait tourné court peu après, le mari de Mme Nagy ayant découvert des échanges de courriels compromettants. Les enquêteurs se demandent si M. Strauss-Kahn, ex-ministre français de l’Economie à la tête du Fonds depuis un an, a fait preuve de favoritisme à l’égard de Mme Nagy dans le cadre de ses missions au sein du FMI, et s’il n’aurait pas également cherché à se venger, une fois la relation terminée. Mme Nagy a démissionné en août, au moment où le fonds a supprimé environ 600 postes. Son avocat a indiqué au Wall Street Journal qu’elle n’avait subi aucune pression pour quitter le FMI, et que ses émoluments de départ étaient équivalents à ceux perçus par ses pairs.
Au FMI, l’enquête a été déclenchée par le doyen de l’institution, Shakour Shaalan, qui représente l’Egypte et d’autres pays arabes au conseil d’administration du FMI après avoir «eu écho de certaines allégations cet été», a expliqué William Murray. «Le doyen a fait appel à un conseil externe pour mener une enquête et déterminer la validité de ces allégations». Dans un communiqué, M. Strauss-Kahn a indiqué donner «son plein soutien» à cette enquête, portant «sur un incident survenu dans ma vie privée en janvier 2008. «J’ai coopéré et je continue de coopérer», a-t-il poursuivi, en assurant « n’avoir jamais abusé de (sa) position de directeur du Fonds». La volonté du FMI d’aller vite pour limiter l’ampleur d’un éventuel scandale fait écho à une affaire similaire concernant Paul Wolfowitz, l’ex-patron de la Banque mondiale, accusé en mai 2007 d’avoir indûment assuré l’avancement de sa compagne employée par la banque. Outre la démission forcée de celui qui avait été initialement nommé pour assainir les pratiques de gestion de l’institution, l’affaire avait sérieusement écorné la crédibilité de la Banque mondiale, débouchant sur une véritable crise institutionnelle.
 
• Amandine Ambregni (AFP)

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