Economie

Echec des négociations, victoire des PED

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«Vous pouvez en tirer vos propres conclusions quant à la date. Il ne faut pas tourner autour du pot. Cancun a échoué ». C’est ainsi que s’est exprimé Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce, lors d’une conférence de presse. Echec. Tel est le mot qui revient sur toutes les langues pour qualifier le déroulement et la conclusion des négociations de Cancun. La cinquième conférence de l’OMC, organisée au Mexique et qui a pris fin dimanche n’a en effet pas apporté les réponses escomptés. De l’agriculture aux nouvelles réglementations du commerce, les divisions entre pays du Nord et ceux du Sud sont restés de mise. Aucun accord n’a été trouvé. L’agriculture a été la principale pierre d’achoppement tout au long des cinq jours qu’a duré la réunion. L’échec a été concrétisé par le refus de pays en développement de discuter de nouvelles règles visant à réduire la bureaucratie, qui freine le commerce. L’échec de la conférence illustre à plus d’un égard l’influence croissante des pays en développement, qui représentent les trois-quarts des membres de l’OMC. Le principal obstacle dans ces négociations a été l’agriculture. Cas de figure de la position des pays du Sud : le Maroc. Tout en estimant que le projet de déclaration finale contient des améliorations appréciables, le Maroc a déploré la non-prise en considération des préoccupations exprimées par les pays en développement (PED). Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce extérieur et représentant du Royame, avait exprimé samedi le souhait du Maroc de voir le texte final prendre en compte certaines doléances des PED. Chose qui n’a pas été faite. Le ministre a en outre réitéré la position du Maroc au sujet des trois volets de l’accord sur l’agriculture, appelant notamment à l’élimination des subventions à l’exportation. Concernant l’initiative sur le coton, soumise à l’OMC par le Mali, le Bénin, le Tchad et le Burkina Faso, le chef de la délégation marocaine a réaffirmé l’appui du Royaume à cette initiative compte tenu de son importance pour le développement économique des pays concernés, estimant que le texte proposé n’apporte pas une réponse adéquate aux préoccupations liées aux subventions du coton. Même point de vue pour la plupart des pays pauvres, qui ont déjà le sentiment que la réglementation existante leur est défavorable, mais sur d’autres volets. Il s’agit notamment des nouvelles règles de commerces, des investissements, la concurrence, les adjudications gouvernementales et la réduction de la bureaucratie entravant le commerce, proposées par l’Union européenne et le Japon, destinées à réduire la bureaucratie. Ces règles seront coûteuses à appliquer et elle réduiront la marge de manoeuvre des pays en matière de politique économique, ont protesté les pays en développement. Cet échec rappelle celui des ministres de l’OMC, il y a quatre ans à Seattle, où une rébellion des pays en développement avait bloqué une première tentative de lancement de discussions sur le libre-échange. L’impasse n’a été surmontée que deux ans plus tard dans la capitale du Qatar avec l’ouverture du round de Doha. «Je n’irai pas jusqu’à dire que le round de négociations engagé à Doha est mort, mais il requiert à coup sûr des soins intensifs», a déclaré pour sa part le commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy. Pour boucler le round de Doha d’ici la fin de 2004, les ministres auraient dû effectuer à Cancun 50% du travail nécessaire, mais ils n’en ont fait que 30%, a estimé Lamy. Le représentant américain au Commerce, Robert Zoellick, a estimé qu’il serait maintenant très difficile pour l’OMC de parvenir d’ici la fin de 2004 à la conclusion d’un accord international sur la levée des barrières commerciales. La Banque mondiale affirme qu’un bon accord permettrait d’augmenter le revenu mondial de plus de 500 milliards de dollars par an d’ici 2015 et de sortir de la misère 144 millions de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour. Des responsables ont déclaré qu’ils se réuniraient à Genève, une fois que les tensions seraient retombées afin de voir s’il est possible de préparer une conférence spéciale en décembre. Mais à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle américaine, en novembre 2004, et alors que l’UE se mobilise pour accueillir 10 nouveaux membres, en mai, des diplomates jugent difficile de mobiliser l’énergie nécessaire pour parvenir à un accord d’ici la date butoir de fin 2004. L’argent n’achète pas le monde.

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