On évoquait autrefois la crise économique en tant que simple témoin. Actuellement, on en souffre ! Si le Maroc a réussi, durant ces trois dernières années, à protéger son économie, il se trouve aujourd’hui vaincu par les vents de la récession. Et pour preuve, les canaux de transmission sont de plus en plus affectés, dont les exportations et les recettes d’investissements directs étrangers. Ceci est, également, identifiable au niveau des flux des Marocains résidant à l’étranger qui ont connu un repli de 4% durant l’année 2012. Le taux d’inflation s’aggrave, de jour en jour, menaçant le Maroc d’être «un déficitaire chronique». Les économistes tirent la sonnette d’alarme et s’interrogent sur le devenir d’une économie sujette à de nombreuses turbulences. «Certes, nous ne sommes pas une victime directe de la récession, mais le Maroc commence concrètement à subir ses effets», révèle à ALM Otmane Gair, économiste. L’impact ressenti découle de deux facteurs. L’économiste énumère, dans ce sens, la conjoncture européenne, une crise qui touche les principaux partenaires commerciaux. Un autre fait s’ajoute : le mouvement du Printemps arabe qui positionne la région MENA dans un paysage économique et politique incertain. En effet, les investisseurs étrangers doutent actuellement de la capacité de la région à offrir des opportunités d’affaires rentables. Par conséquence, le Maroc tombe dans le gouffre. «Bien que le Royaume ait fait preuve d’une grande stabilité politique, son positionnement géographique l’associe à la réalité conjoncturelle de la région, d’où la nécessité de renouer avec le capital confiance», souligne M. Gair. Cet appel dénote l’ambiguïté dans laquelle baigne l’économie nationale. Les défis 2013 seront lourds à relever. L’année actuelle devrait être une transition vers plus de stabilité financière au niveau national. Les perspectives s’appuient sur deux dimensions. Otman Gair énumère, dans ce sens, la dimension conjoncturelle et structurelle. La première, se référant au point de vue de l’économiste, est intimement liée au sort des événements sociaux que connaîtra la région et au degré de cohésion du gouvernement marocain pour faire face à cet enjeu. Dans ce sens, il est nécessaire de mettre en place une batterie de mesures afin de renforcer le positionnement du Maroc en cette zone de turbulences, permettant, en l’occurrence, de drainer davantage d’investisseurs étrangers. Sur le plan structurel, Otmane Gair fait référence au modèle de croissance pensé par le Royaume et son ambition d’améliorer sa compétitivité et à sécuriser sa balance des paiements. Le Maroc reste toujours fragile dans ce sens. Principale illustration: la ligne de crédit de précaution attribuée au Maroc par le FMI afin de sécuriser ses réserves. Les prédictions restent relatives, toutefois, il est primordial de rectifier le tir et miser sur des secteurs plus rentables et à forte capacité d’intégrer de la valeur ajoutée dans la production locale.