Economie

ERAC : Nouvelles orientations

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ALM : Depuis sa création L’Erac a connu une évolution mitigée. Quelles sont les grandes lignes de cette évolution ?
Ali Guedira : Entreprise publique à vocation sociale, l’Erac dispose d’une auto-gestion financière et administrative, avec aussi une vocation commerciale. Elle dispose d’une expérience de 30 ans. Période pendant laquelle 50.000 unités ont été réalisées, en plus de l’aménagement de zones d’activité et de zones industrielles. En fait, l’entreprise a connu deux phases. La première, avant 1997, a été marquée par plusieurs difficultés, liées au poids du passif qui avait pénalisé la santé financière et la crédibilité de l’Erac, dans la mesure où cette dernière avait failli à ses engagements. Il y a eu à partir de 1997 un effort de refonte et de restructuration dont l’objectif était de rattraper le temps perdu, à travers, notamment, l’achèvement des logements sociaux longtemps bloqués pour des contraintes techniques et financières ou de foncier. En 5 ans, l’Erac a réalisé quelque 3000 unités. Nous avons également procédé à un encadrement pédagogique. Au-delà de sa vocation d’aménageur, l’Erac s’est mue en une entreprise citoyenne. Pendant les cinq ans écoulés, notre volume d’investissement a augmenté de 30 %, nos ressources de 35 % et les emplois de 45 %. Les réalisations physiques, elles, ont augmenté de 50 %.
Quels ont été les grands axes de cette stratégie de redressement ?
Les efforts ont été menés sur plusieurs fronts, c’est-à-dire l’aspect organisationnel, puisque l’Erac est passée d’un statut d’entreprise centralisée à une structure décentralisée avec plusieurs sous-directions locales. Si le noyau central s’occupe des grandes orientations, l’entreprise charge aux trois entités de mener les actions opérationnelles, à savoir la prospection, la réalisation et la commercialisation. L’axe central du redressement est la gestion des ressources humaines. De même, un plan de redressement financier et comptable a été entamé. Le seuil d’endettement était des plus forts et tournait autour de 700 millions DH. Aujourd’hui, les remboursements ont atteint 750 millions DH. Nous avons pour cela canaliser la moitié de nos ressources afin de garantir la pérennité de l’entreprise et la reprise de sa crédibilité. C’est désormais chose faite puisque nous avons bénéficié de l’appui du Fonds Hassan II qui a participé à hauteur de 350 millions DH dans 3 opérations menées par l’Erac.
Qu’en est-il des projets à venir de l’Erac, notamment en matière de lutte contre l’habitat insalubre ?
Le programme 2003 de l’Erac N.O est réparti en deux axes principaux. Le premier a trait au programme normal à travers lequel 14 opérations sont prévues, soit pour le compte de l’Erac N.O, soit dans le cadre du partenariat. Ces programmes comprennent 3108 unités pour un coût global de 433 millions DH. Le deuxième volet concerne notre participation à l’effort gouvernemental de lutte contre l’habitat insalubre qui consiste en la résorption de 11.573 ménages bidonvillois. Le coût global de cette opération est de 597 millions DH dont 164 sous forme de participation de l’Etat. Sept autres opérations sont également prévues dans ce cadre, totalisant 771 logements. À cela, s’ajoutent la création de plus de 6700 titres fonciers pour cette année et le règlement et la consignation de plus de 120 millions DH lui permettant l’acquisition de plus de 125 ha. Le maître-mot dans nos actions avenir reste le partenariat. Plusieurs actions sont menées dans cette perspective. Parmi elles figure celle de Salé, d’un montant de 400 millions DH et qui bénéficiera à 2544 ménages. La nécessité de doubler le nombre des nouveaux logements sociaux, qui devraient passer à 100.000 par année, nous a également poussé à procéder à une nouvelle démarche d’accompagnement des différents projets menés dans ce sens. Il y va de la portée sociale et économique de notre action et de la nécessité d’une mobilisation de tous les acteurs concernés, qu’ils soient publics ou privés. Ainsi, nous avons mis à la disposition du secteur privé un patrimoine foncier pour la construction de 4000 logements sociaux. Nous avons également bénéficié d’un patrimoine public à Rabat (El Boustane), de 160 ha. Idem pour les villes de Kénitra et de Tanger où nous tablons nous comptons jouer un rôle d’aménageur, et au privé de prendre le relais.
Quelle est votre appréciation de l’aménagement du territoire au Maroc ?
L’aménagement du territoire a toujours fait office d’un exercice national. Sur le terrain, peu était fait. Entre-temps, et en l’espace de quelques années, l’urbanisation au Maroc a été multipliée par 5. Cela dit, nous assistons actuellement à une réelle prise de conscience. que ce soit en matière d’infrastructure primaire, de création de nouveaux centres urbains ou de choix stratégiques de développement du pays, dont le moteur est la région, des moyens sont consentis, le travail est d’ores et déjà entamé. Reste l’effort de sensibilisation de la société qui doit se prendre en charge en matière de gestion de son cadre de vie. Pour cela, il faut un encadrement des collectivités locales, des autorités et de la société civile.
La gestion des zones industrielles a également, et souvent laissé à désirer. Qu’est-ce qui explique cet échec à votre avis ?
La mission principale de l’Erac a été l’aménagement des logements sociaux. L’entreprise, de par son rôle économique, s’est également donnée comme mission d’aménager des zones industrielles. Nous avons fourni d’excellentes zones industrielles. Le cas de la zone Al Majd de Tanger est des plus parlants à ce niveau. Mais leur gestion suivait le même schéma que celui de l’habitat, manque de moyens oblige. C’est-à-dire qu’on s’attendait à ce que, au même titre que l’acquéreur d’un logement, un investisseurs participe au financement de leur mise en place par des versements répétés. Or, c’est à l’Etat et aux collectivités locales de fournir l’infrastructure de base et la réalisation de ces zones, avant l’arrivée des investisseurs.
Sachant que plusieurs acteurs, aussi bien publics, privés qu’étrangers opèrent au Maroc. Quel est le poids réel de la concurrence sur votre activité ?
Nous évoluons dans le cadre d’une économie libérale, avec une optique 2010. Nous n’avons d’autres choix que de bien préparer cette concurrence, bénéfique d’ailleurs. Charge à nous d’assurer notre mutation. D’autant que le marché est porteur et les besoins sont énormes. La concurrence peut également prendre la forme d’une complémentarité d’offres et de demandes. Et c’est dans cette optique que nous travaillons dans la mesure où nous nous plaçons en tant que partenaire pour un développement durable de tout le secteur. Nous vivons cette transformation.

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