Economie

Extension des réseaux bancaires en Afrique: La France détrônée par le Maroc

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Tous les regards se tournent vers une seule niche; l’Afrique. «Nouvelles Donnes», un cabinet international qui s’identifie comme étant le monomaniaque des réseaux de distribution bancaire, vient de dévoiler pour la première fois au Maroc les résultats de son étude «Banking Survey Emerging Markets». Comment se présente l’avenir des agences bancaires au Maroc ? Quelle est leur rentabilité ? Et comment s’organisent-elles ? Les réponses ont été dévoilées lundi 19 janvier 2015 à Casablanca.

Cela fait huit ans que Nouvelles Donnes suit de près l’évolution des réseaux bancaires dans les pays émergents. Couvrant 66 pays répartis entre Amérique latine, Afrique du Nord et subsaharienne, Asie, Europe de l’Est (PECO), et Moyen-Orient «son approche est basée sur l’analyse des résultats d’un large échantillon de 840 banques et 537.000 agences sur une période de 8 ans», nous apprend Jaouad Jbilou, General manager chez ce cabinet. En Afrique, l’étude a porté sur une trentaine de pays dont le total des agences atteint 315.000.

Pour le Maroc, où Nouvelles Donnes s’est penché sur le développement des huit principaux acteurs de la place (4.800 agences, ndlr), l’étude relève plusieurs constats. On apprend ainsi que la somme des actifs bancaires du Royaume est supérieure à sa richesse nationale. En effet, en plus du fait que la bancarisation ait une croissance annuelle moyenne de 8%, le niveau de maturité de son système bancaire est assez important.  En sa qualité d’associé et expert international dans le domaine bancaire, Jean-Marc Velasque explique : «Dans la maturité de son système bancaire, le Maroc est beaucoup plus similaire des pays de l’Europe de l’Est que le reste de l’Afrique».

Quant à l’extension africaine de son réseau, les résultats de Banking Survey Emerging Markets indiquent que les banques marocaines prennent beaucoup plus de risques que celles françaises.

«En Afrique de l’ouest les banques marocaines via les acquisitions réalisées et les ouvertures extensives d’agences, ont détrôné leurs homologues françaises qui constituaient les acteurs historiques de cette zone», constate l’étude tout en s’appuyant sur  l’exemple d’Attijariwafa bank qui rafle aujourd’hui plus de 13,5% de parts de parc d’agences dans cette zone. Tablant sur des revenus à long terme, ces agences ouvertes en Afrique ont un produit net bancaire (PNB) très faible, voire négatif pour quelques unes. Ces banques prennent de leurs charges pour alimenter leur réseau et cela serait «très logique pour une région prometteuse comme l’Afrique subsaharienne».

Nos banques championnes en maîtrise des charges

Il est à noter également que le PNB le plus faible sur l’échantillon de l’étude est celui de l’Afrique du Nord. Au Maroc, le revenu par agence reste très faible, ce qui explique la réduction remarquable des opérations d’ouverture de nouvelles agences au niveau du Royaume. Les banques marocaines ont presque doublé le nombre de leurs agences au sein du Royaume, soit un taux de 80% de croissance entre 2006 et 2013.

Aussi, rien qu’en 2013, le nombre d’agences a augmenté de 10% alors que, si l’on veut prendre l’exemple de l’Europe de l’Ouest, le nombre d’agences a connu une croissance de 20% en 10 ans. Là encore, Jean-Marc Velasque rassure : «Cela est ce qu’il y a de plus naturel. Il y a eu une extension agressive du réseau.

Une croissance aussi importante doit se suivre d’une décélération. Ceci dit, malgré la faiblesse des revenus, nous avons constaté que les banques marocaines sont championnes en maîtrise des charges». Selon lui, la décélération progressive que connaissent les réseaux  depuis 2009 doit céder place à un autre monde de développement.

Car, il faut le dire, la croissance soutenue du parc d’agences des banques marocaines a été réalisée au détriment de la rentabilité des points de vente qui ont vu leurs revenus se détériorer. C’est dans ce sens que l’étude de «Nouvelles Donnes» estime que le temps de conquête est révolu pour ces banques.

Elles devraient à cet effet, tabler sur des moyens de rentabilités pour les agences, notamment à travers le volet commercial. «Les banques par téléphone reste le meilleur moyen. C’est direct et ça fait gagner du temps au client», conseille Jean-Marc Velasque.
 

 

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