Economie

Faut-il réformer la gestion des fonds ?

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Les enseignements ne semblent pas encore être tirés de la profonde crise de confiance que traverse le marché financier marocain. La Bourse de Casablanca est, encore, le théâtre d’opérations pas toujours évidentes. Le manque de transparence et l’opacité des transactions boursières ouvrent grandes les portes aux interprétations et aux spéculations les plus diverses. Celle enregistrée sur le marché des blocs, en date du mardi 1er juin 2004, en est l’incarnation manifeste. Une transaction portant sur la valeur Samir à 348 DH a été opérée.
Rien d’étonnant jusque-là, vu que les textes en vigueur en matière du seuil de variation à la hausse ou à la baisse du cours d’une valeur mobilière pendant une même séance de Bourse ont parfaitement été respectés. Sauf que, sur le marché officiel, la valeur Samir n’a pas dépassé les 338 DH par action. Donc, l’acquéreur pouvait parfaitement faire son marché, à moindre coût, directement sur ce compartiment ! Cette transaction est d’autant plus suspecte que la quantité échangée (10 000 titres) reste dérisoire. Si au moins, la transaction portait sur un grand volume, elle serait dûment justifiée.
Par contre, sur une si faible quantité, les interrogations sont multiples : «C’est une pratique assez répandue tenant compte de la gestion opaque des fonds de retraites », laisse entendre un gestionnaire de la place. Donc, le premier regard s’oriente vers les gestionnaires des fonds de retraites qui, il faut l’avouer, n’ont dans l’état actuel des textes de compte à rendre à personne.
Côté Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) la transaction a bien respecté les textes en vigueur : «Le seuil de 6 %, à la hausse ou à la baisse, n’a pas été dépassé. Par conséquent nous ne pouvons intervenir ni diligenté une enquête », est-il précisé. Le lendemain même, mercredi 2 juin 2004, une nouvelle transaction s’est opérée à un prix moindre (340DH), dans un marché toujours vendeur. Par conséquent, la transaction de la veille a dû faire au moins un heureux, le vendeur, pour le plus grand malheur de l’acquéreur dont l’identité est difficilement décelable après le recours au marché de grès à grès.
Ce genre d’agissements laisse penser que le récent passage au Maroc du tout puissant patron-fondateur d’AXA Assurance, Claude Bébéar, netterra un long moment pour traduire dans les faits l’ensemble de ses recommandations. Claude Bébéar a publié un essai tonique « Ils vont tuer le capitalisme » (éditions Plon). De l’affaire Enron à la chute de Vivendi, de l’éclatement de la bulle Internet à la crise asiatique, Claude Bébéar s’interroge sur les dérives constatées ces dernières années et les défaillances de certains des acteurs (analystes, auditeurs, banquiers, avocats, conseils d’administration, agences de notations…) Tout en proposant quelques pistes pour remettre sur pied un capitalisme à visage humain en y injectant de la confiance et de la responsabilité. Améliorer le gouvernement d’entreprise, réguler de manière plus efficace les marchés, rétablir une éthique des affaires, instaurer des contre-pouvoirs… Il s’agit à l’évidence d’un débat majeur, mais qui gagne à être délocalisé au Maroc. Sinon, la confiance, déjà entamée, risque d’être perdu à jamais !

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