Les Marocains auraient un engouement particulier pour les produits de la finance islamique. C’est du moins ce qui ressort d’une étude récemment menée par le CDVM. En effet, plus de 97% des particuliers se disent intéressés par ce type de produits. Ce document démontre également qu’un Marocain sur trois prévoit d’épargner plus de 700 DH par mois et que de tous les produits, les «sukuk» semblent rafler la mise, à condition que le cadre législatif se mette à niveau.
L’étude menée par le CDVM aussi bien auprès des particuliers que des acteurs du marché dresse une liste d’éléments démontrant que la finance islamique offre un potentiel d’épargne et d’investissement assez considérable. En vue d’analyser et d’évoluer ce potentiel au Maroc, le cabinet d’études Islamic Finance Advisory & Assurance Services (IFAAS) a sondé l’appétence des Marocains pour les produits financiers islamiques et leur potentiel d’épargne dans ce sens. Il en ressort que la majorité écrasante des Marocains se déclare très intéressée par ce type de produits, si toutefois ils existent au Maroc. Parmi les femmes interrogeÌes, 88% se sont dites très intéressées. Il en serait de meÌ‚me chez les personnes ayant un diploÌ‚me universitaire et chez les 25-34 ans.
Pour ce qui est du potentiel d’investissement, l’étude du CDVM s’est également intéressée aux différents acteurs du marcheÌ afin de mieux appreÌcier le marcheÌ «retail». En effet, mis à part ce que peut apporter cette finance aux particuliers, les opportunités de financement aux entreprises ne sont pas à négliger. Il paraîtrait ainsi que 90% des émetteurs envisageraient une émission de sukuk, à condition que la réglementation le permette. Chose qui tarde à venir. Lancer ce produit au Maroc exige la mise en place d’un cadre reÌglementaire seÌcuriseÌ et surtout un dispositif fiscal approprieÌ. La loi relative aux Fonds de placements collectifs en titrisation (FPCT) devrait être mise à niveau dans ce sens. Cette loi, précise le CDVM, devrait permettre la structuration des «sukuk» dans un environnement juridique seÌcuriseÌ avec un FPCT qui aura les caracteÌristiques d’un SPV (Special Purpose Vehicle) et répondre de ce fait aux speÌcificiteÌs des titres islamiques. Cette reÌforme devra par ailleurs preÌvoir la souplesse neÌcessaire afin d’eÌviter d’alourdir le meÌcanisme d’une eÌmission de «sukuk».
A l’heure actuelle, plusieurs entreprises trouvent les coûts d’une émission obligataire classique élevés. De ce fait, il a eÌteÌ constateÌ que 50% de l’eÌchantillon choisirait d’eÌmettre des «sukuk» aÌ€ la place d’une obligation classique si les couÌ‚ts relatifs aÌ€ chaque instrument eÌtaient identiques, mais seulement 13% opteraient pour des «sukuk» sans consideÌration de couÌ‚t. Par ailleurs, 62,5% des sondeÌs preÌfeÌ€rent la cotation des «sukuk» pour des raisons de liquiditeÌ et de dynamisation du marcheÌ boursier.
«Sukuk», de quoi s’agit-il? Les «sukuk» sont des titres aÌ€ valeur eÌgale repreÌsentant des parts indivises dans la pleine proprieÌteÌ ou dans l’usufruit d’un actif tangible. Ces parts peuvent concerner le beÌneÌfice de prestations et services ou encore des actifs d’un projet deÌtermineÌ ou dans une activiteÌ d’investissement speÌcifique. Pendant la dureÌe de l’investissement, les avantages et les risques des actifs sous-jacents reviennent aux porteurs de «sukuk», ce qui leur donne droit aÌ€ une part des revenus geÌneÌreÌs. Ce sont essentiellement les caracteÌristiques de cette reÌmuneÌration des porteurs de «sukuk» qui donnent aÌ€ ces produits une certaine similariteÌ avec les obligations conventionnelles. Les porteurs de «sukuk» se partagent les profits reÌaliseÌs par la performance de l’actif sous- jacent mais sont aussi exposeÌs aÌ€ son risque au prorata de ce qu’ils deÌtiennent. Cette speÌcificiteÌ les diffeÌrencie des obligations conventionnelles. Les «sukuk» ne repreÌsentent geÌneÌralement pas des creÌances pour leurs porteurs (sauf, dans des cas particuliers tels que, par exemple, les «sukuk» Salam). En droit musulman, les creÌances ne peuvent en effet pas faire l’objet de titrisation dans le seul but d’eÌ‚tre neÌgocieÌes sur un marcheÌ secondaire. |