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Financement touristique: La restructuration est de mise

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Entre crise et reprise, le tourisme au Maroc n’arrive pas à trouver l’équilibre. Plusieurs divergences pénalisent le développement du secteur. Le tourisme doté d’une stratégie du moins qu’on puisse dire «trop ambitieuse», n’arrive toujours pas à surmonter ses obstacles. Le financement est à ce jour l’un des principaux freins qui entravent le rendement du secteur. C’est autour de cette problématique que s’est réuni, mardi à Casablanca, l’ensemble des acteurs touristiques.

L’Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT) a tenu dans ce sens un séminaire visant à identifier les freins et les leviers de relance du secteur. Un état des lieux du financement touristique au niveau national a été dressé démontrant ainsi la délicatesse de la situation.
Premier constat révélé : Un déficit de confiance chez les banques. «Le financement bancaire relatif au secteur touristique ne représente que 2,4% de l’ensemble des crédits bancaires au moment où il se situait autour de 3,3% en 2009», indique dans ce sens Laila Haddaoui, présidente de l’ANIT. Le désengagement des investisseurs nationaux est dans ce sens prévisible. Selon Laila Haddaoui, 3/4 des investisseurs ayant répondu à une étude sur le financement bancaire, initiée par l’ANIT, prévoient soit de se désengager, soit d’arrêter leur développement sur les 5 prochaines années. Cet échantillonnage détient près de 70% de la capacité hôtelière. En décortiquant de près cette situation «problématique», l’ANIT affirme, par ailleurs, que l’investissement touristique étranger au Maroc reste assez limité vu que 77% des fonds propres investis dans le secteur sont d’origine marocaine.

Le tourisme ne séduit plus

Le tourisme national n’attire plus d’investisseurs que cela soit en fonds propres ou en dettes. Ainsi, un énorme gouffre s’installe entre l’offre et la demande, et ce en l’absence d’une application effective des visions stratégiques du secteur. Citons dans ce sens : le retard d’achèvement du Plan Azur ainsi que celui de l’application des mesures incitatives prévues par le gouvernement. «Les plans stratégiques ont été timbrés par un excès d’optimisme au point où les montages financiers ont surestimé la capacité d’endettement des projets et leur remboursement. De même, le manque d’expertise en développement touristique a conduit à la non atteinte des indicateurs clés de rentabilité», apprend-on de l’ANIT qui dans son étude souligne que «l’absence de visibilité sur le développement du secteur le rend trop risqué».
Sur la place financière, le taux de créances douteuses du tourisme a été, en 2014, 2,5 fois supérieur que celui des autres secteurs. Le montant relevé est de l’ordre de 18 milliards de dirhams et est estimé à 40% des crédits au remboursement problématique.

Les recommandations de l’ANIT

La structuration des financements des projets touristiques devrait se faire de manière créative et adaptée . C’est ce que recommande l’ANIT en vue de relancer durablement l’investissement touristique et finaliser les projets structurants tels que le Plan Azur.
L’émergence d’investisseurs champions s’érige également en levier de relance. Le but étant de financer le tourisme à long terme et d’alléger le poids des créances douteuses en provenance du secteur touristique dans les bilans des banques.

L’ANIT appelle par ailleurs à redynamiser l’investissement et accroître la liquidité par la mise en place de véhicules appropriés, en l’occurrence la création d’un marché secondaire.
L’ANIT invite les acteurs du secteur à s’inspirer des modèles espagnol et irlandais, et ce en mettant en place une structure de défaisance ou un fonds de restructuration ayant pour mandat de rétablir et compléter le développement des projets touristiques tout en assurant une gouvernance lisible et une «véritable» création de valeur.

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