Economie

Fonds nationaux, internationaux, publics ou privés… Qui va financer la chasse au carbone ?

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Bien que 177 Etats aient signé l’accord de Paris, pour qu’il entre en vigueur comme prévu à compter de 2020, il faut que 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre le ratifient.

Les défis du financement que posent les ambitions des accords de Paris et les opportunités que peuvent tirer les différents acteurs du contexte actuel étaient au cœur d’un débat tenu hier, mercredi, à Casablanca. Initié par la Lydec et Suez, ce colloque institutionnel a attiré l’attention sur d’autres thématiques, non moins importantes, liées à la gestion de la ville de Casablanca, aux tendances climatiques du Maroc et à la place des partenariats public-privé dans la mise en œuvre de la feuille de route sur le changement climatique. Tour d’horizon.
Entre représentants institutionnels, élus, acteurs économiques, universitaires, ONG et associations professionnelles, quelque 250 personnes ont pris part au débat autour de la question du climat.
Pour une toute première fois, un accord universel a pu voir le jour en décembre dernier à la COP21, témoignant d’une intention internationale et commune de limiter le réchauffement climatique à un niveau mondial inférieur à 2°c avec un objectif de 1,5°C.  Ceci dit, il y a lieu d’appeler à accélérer le processus de sa ratification. Bien que 177 Etats aient signé l’accord de Paris, pour qu’il entre en vigueur comme prévu à compter de 2020, il faut que 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre le ratifient.

La ratification mise à part, c’est le financement qui s’impose comme premier élément de déverrouillage. Selon Pierre Ducret, président de l’Institut pour l’économie du climat (France), l’on assiste aujourd’hui à quelque chose de révolutionnaire. Faisant référence à l’accord de Paris, il indique que le 3ème alinéa de l’article 2 est un acquis indéniable. Dans son intevention, Ducret a expliqué comment ce document permettrait, en principe, d’aligner la totalité des flux financiers mondiaux et l’ensemble du système financier aux objectifs de la communauté internationale. «On parle de millions de milliards de dollars», se réjouit-il. Répondant à la question de la mobilisation des fonds, ce spécialiste en économie du climat précise que «la question des financements additionnels est extrêmement minoritaire. C’est plus un problème de transition et d’alignement de portefeuilles aux objectifs qu’un problème d’argent», avait-il noté avant de préciser que dans cette «guerre au carbone», la part privée serait incomparablement supérieure à celle publique.
«Climat change Vs climat chance»

Selon la même source, il existerait des éléments globalement réconfortants. D’un côté, il n’y a jamais eu autant de liquidité au niveau mondial. D’un autre côté, le système financier prend conscience depuis peu du fait qu’il est impératif d’agir et d’anticiper. D’après lui, «les risques sont élevés si l’on n’investit pas. Dans le cas contraire, l’on parlerait d’opportunités». Celui qui l’appuie dans ce constat, c’est Abdallah Mokssit, secrétaire du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et directeur de la Météorologie nationale (jusqu’au 1er juillet 2016). Durant sa prise de parole, cet homme de science n’a cessé d’attirer l’attention sur l’inéluctabilité du changement climatique. Il pose dans ce sens la question de l’opportunité que pourrait saisir le secteur privé. «Drainer des activités créatrices d’emploi et de richesse, concevoir de nouvelles technologies, adopter l’économie verte, circulaire et bleue», voici ce qui devrait être, selon lui, reconsidéré comme de réelles occasions à saisir par les secteurs privé et public.  Pour Mokssit, il y a lieu de parler de «Climat chance», à chaque fois que l’on évoque le «Climat change». Celui-ci ajoute que «chaque aide à la décision engendre des ressources humaines et financières. On ne peut pas se contenter des résultats des rapports mais il faut aller dans la descente d’échelle». Autrement dit, adapter la politique à la logique du terrain et ses composantes.

En conclusion, l’actuel directeur général de la DMN attire l’attention sur ce qu’il décrit comme «Commando technique climatique». En effet, l’un des gros avantages de cette prise de conscience collective est le fait que l’on passe d’un état de repos à celui de vigilance basé sur «la capacité de savoir, celle de réagir et celle de prévenir. «On est obligés de migrer vers un concept de gestion de la connaissance des risques car la capacité des pays se mesure aujourd’hui à leur capacité de faire ceci et d’adopter donc de nouvelles gouvernances», conclut-il.

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