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Forum économique des Amériques-Conférence de Montréal: Universités et entreprises appelées à renforcer leur coopération

© D.R

Le rôle des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le développement économique global des sociétés n’est plus à démontrer.

Face à notre nouveau monde tiré par la science et la technologie, les lieux où se produisent et se transmettent les savoirs, les universités ont-elles su cependant s’adapter au changement ? C’est la question qui était au cœur d’une table ronde organisée par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF). C’était la semaine dernière lors du 23ème Forum économique international des Amériques qui a réuni plusieurs milliers de participants pour échanger sur le thème «Un nouveau monde: gérer le changement».

Dans ce nouveau contexte de mutation, les universités sont bien sûr confrontées à de nombreux défis. La massification en est une. Le milieu universitaire mondial compte aujourd’hui plus de 200 millions d’étudiants et la demande en formation ne cessera d’augmenter. Le nombre d’inscrits risque bien de doubler dans dix ans.

C’est dire la nécessité plus que jamais de penser aux traits de l’université d’avenir que semble appeler cet afflux divers de population étudiante à l’ère des nouvelles technologies. Les défis à surmonter pour répondre aux changements de notre époque sont toutefois nombreux. Michel Patry, directeur HEC Montréal et président du conseil d’administration, Bureau de coopération interuniversitaire du Québec, préconise de miser sur l’innovation à plusieurs niveaux au sein des universités. Innovation dans la manière d’enseigner, innovation dans la gouvernance et innovation dans les niches de formation et spécialisation pour être en phase avec les nouveaux métiers et les attentes des milieux économiques.

En d’autres termes, la gestion du nouveau monde que nous vivons appelle à de nouveaux modes de financement, à une nouvelle gestion des établissements et de nouveaux enseignants aptes à aller au-delà de la transmission des savoirs pour s’impliquer beaucoup plus dans l’élaboration des programmes. Mais encore faut-il que tout le monde veuille suivre. Les initiatives et les transformations à apporter à la manière d’enseigner tant au niveau des contenus pédagogiques comme de la transmission du savoir pour être en phase avec les nouvelles technologies rencontrent encore beaucoup de résistance.

Mais les universités n’auront d’autres choix que de revoir leur façon de transmettre et d’encadrer les nouvelles générations et acteurs de demain, s’ils veulent produire sur le marché du travail des diplômés qualifiés. Des profils compétents en adéquation avec les nouvelles exigences du marché du travail.

Dans cette démarche, «aucun de nous ne peut s’en sortir seul», soutient Etienne Ehilé, secrétaire général de l’Association des universités africaines (AUA), faisant référence à une expression de Nelson Mandela. Pour Sultan Abu-Orabi, secrétaire général de l’Association des universités arabes (AARU), le partnership entre universités et entreprises sont des solutions à développer davantage. Jean-paul de Gaudemar, recteur de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), parle pour sa part d’ouverture, d’invention de nouveaux produits pédagogiques pour des structures universitaires plus efficaces ainsi que de solidarité.

«Si les membres de l’AUF partagent une même langue, ils partagent également avec les universités à travers le monde les mêmes défis. Il nous semblait évident de nous rapprocher et échanger avec d’autres réseaux universitaires, d’aller au-delà de la langue, pour chercher ensemble des solutions et permettre à nos universités de jouer pleinement leur rôle d’acteur dans les mutations en cours des sociétés», souligne-t-il dans ce contexte. Sur le terrain cette volonté de coopération entre universités et entreprises se traduit par plusieurs actions.

Sur ce plan, Roberto Escalante, secrétaire général de l’Union des universités d’Amérique latine et des Caraïbes, donne l’exemple d’un doctorat en innovation mis en œuvre conjointement par quatre universités respectivement au Canada, au Pérou, en Chine et au Mexique. Pour les inscrits, cette formation académique se déroulera tour à tour dans les quatre pays de manière à permettre aux inscrits une ouverture sur d’autres horizons et créer dans la formation une complémentarité entre les universités partenaires.

En Afrique, des partenariats d’universités s’attellent notamment à mettre en œuvre un programme pour former pendant dix ans 10.000 PHD en sciences, technologie et ingénieries, indique Etienne Ehilé, secrétaire général de l’Association des universités africaines. Ce chantier qui devrait commencer en octobre prochain réunit pour le moment le Sénégal, l’Ethiopie et le Rwanda. D’autres pays rejoindraient par la suite l’initiative. Son financement devrait provenir du Fonds régional des bourses d’innovation auquel devrait contribuer chaque pays partenaire à hauteur de 2 millions de dollars, ajoute l’intervenant.

Pour la mise en place en Côte d’Ivoire d’une université virtuelle, ce sont 6 millions d’euros qui sont alloués par l’Agence française de développement (AFD), précise de son côté Jean-Paul de Gaudemar. Un projet qui sera mis en œuvre par l’AUF pour répondre à la forte demande en formation et la trop forte massification des universités de ce pays. Pour le recteur de l’AUF, «il n’y a jamais trop d’universités à travers le monde, par contre la question qui se pose, c’est de quelles universités avons-nous besoin ?» A ce niveau indéniablement, un renforcement de la collaboration entre universités et entreprises serait nécessaire pour ajuster l’offre en formation à la demande du marché du travail. Il y va d’une employabilité réelle des diplômés et du développement d’activités nouvelles.

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Racisme systémique 

Comprendre différentes cultures et interagir avec celles-ci représente un avantage compétitif de taille pour une entreprise. Les politiques et les acteurs économiques du Québec ont du mal cependant à véritablement intégrer cette réalité à la sélection et la rétention des personnes immigrantes. Celles-ci sont encore trop nombreuses à subir sur le marché de l’emploi le racisme systémique. «Après plusieurs tentatives sur le marché du travail, j’ai dû changer  mon prénom sur mon Cv, sur conseil d’un organisme d’aide à la recherche d’emploi, pour trouver un travail et j’ai pu obtenir ainsi des résultats. Auparavant je n’avais aucun retour à mes demandes avec le même profil», indique une jeune immigrante d’origine arabe. Comme elle, nombreux  sont les immigrants à vivre la même expérience. C’est une situation à laquelle le gouvernement québécois est sensible et tente de trouver une solution. Philippe Couillard, Premier ministre de la province du Québec, a indiqué lors de la conférence de Montréal du Forum économique international des Amériques que son gouvernement compte s’attaquer à ce problème. Un projet pilote dans lequel les chercheurs d’emplois postuleraient à travers des CV anonymes est envisagé. Mais n’est- ce pas reporter le problème du racisme systémique plus haut dans la sélection au sein des entreprises? En attendant, des consultations pour l’élaboration d’une politique interculturelle qui devrait être prête dès le printemps 2018, sont au programme, est-il indiqué.

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