Le ralentissement économique se précise en Europe et le risque s’est accrû sur les marchés du logement en Espagne et au Royaume-Uni, mais une crise du crédit bancaire est improbable, a estimé le Crédit Agricole Asset Management lors d’un point de presse mardi à Paris.
Selon la société de placement, «les conditions de crédit à l’habitat continuent de se durcir» en Europe, «ce qui pèse sur la croissance des crédits et accroît particulièrement les risques sur les marchés anglais et espagnols».
Mais «il n’y a pas de crise du crédit, les banques ont de quoi prêter mais elles seront (simplement) plus sélectives sur les volumes de crédits et les marges d’intérêt», a estimé Patrick de Fraguier, responsable adjoint de la gestion au Crédit Agricole AM.
«Ce sont les difficultés de refinancement des conduits qui expliquent la tension sur les taux à trois mois», a expliqué Pascal Blanqué, directeur de la gestion du Crédit Agricole AM. Les conduits sont de véhicules de placement (SIV, structured investment vehicle en anglais), contenant des subprimes, mélangés à d’autres créances moins risquées, qui «se refinancent sur le marché monétaire alors qu’ils portent des créances à long terme», a-t-il souligné.
«Nous sommes dans une crise de l’information. Le loup est dans la bergerie et personne ne sait qui porte la queue et qui porte la moustache», a conclu M. Blanqué.
«Ces conduits sont des trous noirs de la liquidité et leurs difficultés ont entraîné une course à la liquidité», a-t-il encore estimé, en rappelant que la situation est cependant sous contrôle car «la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle serait là» pour assurer que le marché monétaire fonctionne.
Les taux d’intérêts actuels du marché monétaire sont des «taux de privation», des «taux de combat», a observé M. Blanqué.
«La liquidité au jour le jour est utilisée par les banques pour gérer (et isoler) le risque suscité par ces conduits», a ajouté la même source, en expliquant que les refinancements obtenus par ces «conduits» n’ont pas dépassé 6 milliards de dollars en novembre 2007 contre 59 milliards en décembre 2006.
Après avoir atteint 1.200 milliard de dollar en juillet, l’encours de ces véhicules a déjà fondu d’un quart, selon les documents du Crédit Agricole AM. «Nous sommes dans une situation de surcapacité financière née du boom des opérations de titrisation des dettes pour l’immobilier à risque et les rachats d’entreprise par endettement», a-t-il ajouté.
«Comme dans toute crise de surcapacité, la sortie passe par l’élimination de ces surcapacités, qui est déjà plus avancée qu’on ne le croit», a ajouté M. Blanqué.