Economie

Grosses importations de blé en vue pour stabiliser le marché

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La balance alimentaire est à deux doigts du point limite après l’annonce faite par le ministre de l’économie et des finances de l’intention d’importer un million de tonnes de blé tendre d’ici au mois de juin. Nizar Baraka, qui a implicitement convenu des mauvaises perspectives qui s’offrent à la campagne céréalière, a également dit l’état des stocks de grains et a affirmé la volonté du gouvernement de procéder au ramassage des 12,5 millions de quintaux auxquels il les a estimés. Cependant selon des sources professionnelles, il ne suffirait pas de ces mesures pour combler le déficit. Sa combinaison avec les pâles prémices de la campagne sucrière est en effet de nature à conduire à la révision des ambitions d’une campagne agricole qui sera au mieux à peine moyenne.
En effet, outre qu’elle aura des conséquences contraignantes sur des finances de l’Etat déjà fortement sollicitées par des emplois aussi divers que croissants, l’éventualité d’une campagne médiocre devrait engendrer un effet de tassement sur un pouvoir d’achat mal stabilisé en dépit des réajustements salariaux échevelés consentis dans le cadre du dialogue social. L’éventualité de ce tassement est d’autant plus réelle que 40% de la population active totale, soit quelque 11 millions de personnes, travaille dans l’agriculture et que l’exploitation de la terre est l’un des rares secteurs de production où du fait de l’auto-emploi et de la multiplicité des micro-exploitations, la distribution de revenus est assurée au plus grand nombre –encore que modestement. L’agriculture a également un effet modérateur sur l’inégalité qui oppose la ville à la campagne. Le Maroc qui consomme en moyenne 8 millions de tonnes de grains et 1,2 million de tonnes de sucre a produit environ 6 millions de tonnes de blé tendre la campagne dernière. On estime que la moisson de cette année réalisera au mieux moitié moins que cette récolte. La campagne sucrière est partie pour aller dans le même sens. Car outre des aléas climatiques particulièrement défavorables, les surfaces emblavées ont volontairement été réduites dans le but d’améliorer des conditions de vente jugées peu propices. La conséquence de cette combinaison est que le marché domestique devrait importer cette année environ le tiers de sa consommation annuelle dans un contexte haussier.
Parce que les aléas climatiques n’ont pas épargné les grandes zones productrices dans le monde, les experts en commerce international prévoient que l’offre sera moins fournie qu’annoncé. En fait, la situation devrait installer sur le marché un déséquilibre prononcé entre une forte demande et une offre anémique, lequel est susceptible d’engendrer une flambée des prix sans précédent. Du coup, c’est la perspective d’une nouvelle mauvaise passe budgétaire qui s’annonce.
En effet, il n’est pas sûr que la Caisse de compensation, qui intervient quasiment à flux tendu pour soutenir les prix des produits de première nécessité, supporte de nouvelles pressions sans que cela conduise l’administration à changer la règle du jeu. Tel que cela s’annonce, l’une des solutions envisageables est de réinstituer – peu ou prou- la vérité des prix. Un exercice difficile dans le contexte actuel d’effervescence sociale.

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