Economie

Hakim Semmami : Les initiatives butent contre le financement

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ALM : Vous êtes directeur délégué d’ies Med au Maroc. Pouvez-vous nous parler de cette organisation et de ses objectifs au Maroc et à l’étranger ?

Hakim Semmami : iesMed est une plateforme méditerranéenne d’accompagnement de l’économie sociale et solidaire. Juridiquement il s´agit d´une des premières coopératives européennes créées dans l´UE, la première en Catalogne. iesMed se positionne en tant qu’intermédiaire social et solidaire entre acteurs de l´économie sociale (entreprises, fédérations, réseaux), services d’appui à celle-ci (notamment de financement, et d’expertise), secteur public et privé. L’organisation développe, à la demande de ses partenaires, des produits, services et projets de R&D appliqués à l’entrepreneuriat collectif et solidaire dans la région de la Méditerranée.

Vous venez de passer 3 jours à Barcelone pour débattre d’économie sociale et solidaire. Pouvez-vous nous en livrer les principaux faits marquants ?

Le sujet de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) occupe une place de plus en plus prioritaire dans les différentes politiques des pays des deux rives de la Méditerranée. A Barcelone, où se situe le siège d’iesMed, nous avons traité de l’ensemble des perspectives méditerranéennes en ESS ainsi que de la stratégie de développement de l’économie sociale et solidaire au Maroc pour les années à venir. Il semble évident que le Maroc aurait à jouer un rôle primordial dans l’évolution de l’ESS et peut être considéré comme locomotive africaine dans cette économie.  
Le Maroc gagnerait à développer ce domaine pour résorber son taux de pauvreté et diminuer son exode rural.

Le Maroc y œuvre. En tant que représentant d’une entité internationale, pouvez-vous nous dire quelles sont les principales démarches qui sont employées ailleurs pour y parvenir ?

Le Maroc dispose en effet des compétences et capacités nécessaires pour être même un modèle de développement basé sur l’ESS au niveau de la rive sud méditerranéenne. L’intérêt croissant à l’égard du travail collaboratif respectant les valeurs de l’économie sociale et solidaire à savoir : une finalité d’intérêt général, une gouvernance démocratique, une libre adhésion, une lucrativité limitée et un ancrage territorial. Ceci dans le but d’offrir un terrain propice pour le développement fructueux d’une économie sociale et solidaire marocaine disposant d’une culture qui partage la majorité de ces valeurs. L’ESS ne se veut pas seulement une solution à une situation critique, mais se présente comme une économie complète qui permettrait, entre autres, l’intégration des populations défavorisées en tant que petits producteurs, créateurs de richesses sortant donc de la pauvreté et réduisant ainsi l’exode rural. Le Maroc a «tout» à gagner en donnant davantage d’intérêt à l’ESS.
 
Un ministère au Maroc vient d’être dédié tout spécialement à la promotion de l’économie solidaire. Avez vous déjà entamé des contacts pour des actions futures en commun ?

Une chose est certaine, le Maroc a compris l’enjeu du développement de l’ESS et a d’ores et déjà entamé les démarches qu’il le faut pour ce faire. En effet, nous sommes en contact avec le ministère de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire qui était représenté par son secrétaire général et la directrice de promotion de l’économie sociale et solidaire à la réunion des partenaires de MedESS, lors du premier Forum méditerranéen de l’ESS qui s’est tenu à Paris le 6 décembre dernier. Nous envisageons, après concertation, sortir avec un plan d’actions et de projets concrets pour le Maroc.
 
Quelles sont les difficultés rencontrées selon vous lors de la structuration de l’économie solidaire ?

Il est évident que l’une des premières difficultés rencontrées non seulement au niveau national mais méditerranéen, voire international, est celle de définir ce qu’est l’ESS de manière unanime. Ceci dit, le Maroc, comparé aux pays de la rive sud méditerranéenne, est en avance quant à la structuration que connaît le secteur.
 
Vous êtes également le président fondateur du programme Jeunes Leaders Marocains. Pouvez-vous nous en présenter les principales missions justement dans l’économie solidaire ?

Jeunes Leaders Marocains est une initiative à but non lucratif, 100% marocaine, avec une dimension internationale qui œuvre dans le développement socio-économique et durable. Le programme JLM vise à encadrer et à former la jeunesse marocaine, et plus spécifiquement les étudiants de l’enseignement supérieur, dans l’accompagnement à la création et au développement de projets générateurs de revenus avec et au profit de populations en situation difficile.
Aujourd’hui, 1.500 jeunes JLM sont des membres actifs et plus de 28.250 personnes ont rejoint notre cause. En moins de deux ans d’activité, 115 projets ont été élaborés au profit de plus de 105.000 bénéficiaires à travers tout le Royaume du Maroc.

Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous trouvez confrontés pour mener à bien les actions ?

Bien que le concept JLM soit unique et novateur, il demeure confronté aux mêmes obstacles que les autres associations. A savoir le financement. L’ambition de JLM se prête à un développement basé sur la régionalisation et qui touche l’ensemble du territoire marocain. JLM n’a pas attendu que l’Etat, en sa qualité de bailleur de fonds, se mobilise pour faire ses preuves. En effet, les 115 projets développés et ayant touché plus de 105.000 bénéficiaires ont été mis en place par le peu de moyens disponibles (des fois même avec des financements personnels).
 
Quelles sont vos sources de financement ?

A date d’aujourd’hui, nos sources de financement se limitent au secteur privé mais demeurent minimes malheureusement. Et pourtant, un programme tel que JLM qui mobilise des milliers de jeunes au profit de dizaines de milliers de personnes en situation précaire devrait normalement faire partie des programmes de l’Etat. Nous l’avons proposé fin 2011 au ministère du développement social, de la famille et de la solidarité, avec qui nous avons signé un partenariat pour une subvention annuelle… Une subvention qui est tombée à l’eau avec le changement du gouvernement dans ladite période. Nous restons néanmoins confiants compte tenu des résultats et des avancées effectuées dans le domaine. Les résultats sur le terrain parleront d’eux-mêmes. Et d’ailleurs, le programme s’inscrit directement dans la logique de l’INDH. Le gouvernement ne pourra continuer à nous tourner le dos !

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