Economie

Hassan Aboutayeb: «Les financements pérennes au cœur de la durabilité des Eco-territoires»

© D.R

ALM : Quelles actions suite à votre séminaire?
 

Hassan Aboutayeb : Notre séminaire a porté sur la contribution d’un tourisme plus responsable au développement durable des territoires. Il est la suite du séminaire de décembre 2013 sur l’écotourisme et le tourisme rural. Il s’agit donc de faire progresser le tourisme intérieur, diffus, tant sur le plan de son attractivité que de ses performances. D’abord sa rentabilité, qu’un marketing intelligent et une offre diversifiée devraient conforter, mais aussi dans la maîtrise de ses effets sur les produits de restauration, la consommation de ressources comme l’eau et l’énergie, la gestion des déchets, la qualité architecturale. La responsabilité de bien faire son métier est donc la première responsabilité. Mais elle se double d’une préoccupation plus externe, portant sur les ressources des sites et localités : patrimoine culturel architectural mais aussi immatériel, comme les savoir-faire artisanaux, le patrimoine paysager, le patrimoine écologique, etc.
Les dernières dramatiques inondations ont bien montré la fragilité de l’habitat actuel autant que celle du patrimoine bâti ancien. Le tourisme porte aussi la responsabilité de stimuler, s’il le faut, un aménagement du territoire qui garantit sa propre base productive. Ceci est valable pour toutes les ressources des territoires: palmeraies, arganeraies, grottes, igoudars, mausolées, gravures, etc., tout comme les ressources productives, tels les produits du terroir, l’artisanat, les techniques de construction, l’habitat. Au bout de la chaîne c’est l’insertion d’un volet de tourisme responsable dans les plans communaux de développement qui est en jeu, et particulièrement ses effets d’entraînement sur les autres secteurs.
 
Qu’en est-il du volet de l’e-commercialisation ?

Au début de la chaîne il y a la commercialisation, via un site Internet spécialisé et collaboratif, non seulement des ressources emblématiques de la région mais aussi la qualité d’accueil et de vie des territoires ruraux. Le séminaire préconise à ce sujet un marketing territorial. Mais il est capital que l’ensemble des services touristiques progresse en qualité et en diversité : séjours d’immersion de 2/3 jours, circuits de découverte, activités ciblées de randonnées, trekking, etc. Le séminaire a mis l’accent sur le renforcement des compétences de la chaîne touristique, tout autant que celui des producteurs et des élus. Il a aussi ouvert le chantier du lien balnéaire-rural à travers des agences orientées rural, des séjours combinés, une information disponible dans les poches de tourisme côtier, la RSE des opérateurs (Responsabilité sociale des entreprises) et plus généralement la signalétique (qui manque cruellement), l’accessibilité et la localisation des recettes.  

Peut-on aujourd’hui parler de l’existence d’une charte environnementale ou d’un projet de charte environnementale adopté par les professionnels du secteur ?

Le RDTR est conjointement porteur de la démarche Eco-territoire. Sa charte de qualité et environnement est un élément constitutif d’une charte plus générale, que l’on pourrait qualifier de qualité territoriale. Pour le RDTR, l’application de la charte concerne la qualité au sein de l’hébergement mais aussi les composantes environnementales qui constituent 40% des critères de référentiel de la charte et l’intégration de la population locale. La charte donne lieu à un classement par fibules, analogue à des étoiles ou des épis pour d’autres classements. Pour les territoires, objet de la démarche Eco-territoire, c’est plus complexe et nous verrons à la fin du projet s’il est matériellement possible et pertinent d’entrer dans une démarche de labellisation. En attendant, les deux séminaires de 2013 et 2014, fortement participatifs, ont permis de définir un cahier des charges «tourisme», «producteurs» et «territoire» et, surtout, ont permis de clarifier les étapes d’expérimentation et les partenariats indispensables avec des structures et programmes comme l’Andzoa, le programme «Qariati» ou l’Anapec.

Quels sont aujourd’hui les dispositifs d’accompagnement mis en place par le RDTR ?

Pour ce qui concerne le RDTR, l’opération de labellisation a permis de sortir avec un plan d’action s’étalant sur trois ans qui va permettre la mise à niveau de ces structures adhérentes sur tous les niveaux, en l’occurrence l’amélioration de la qualité des services, la commercialisation, formation du personnel…
Pour ce qui concerne Eco-territoire, c’est justement l’objet de l’expérimentation. Comment et avec qui suivre, évaluer, conseiller, appuyer? Cette préoccupation rejoint celle de la région sur le besoin de suivre et d’évaluer ses multiples interventions de soutien. Le mécanisme testé dans l’expérimentation Eco-territoire servira à toute la région.
 
Quel bilan pour votre programme du RDTR ?

2013 et 2014 ont servi à préciser assez exactement, et d’une manière participative, les modalités pratiques de l’expérimentation Eco-territoire, qui sera de toute façon un processus volontaire. Une commune motivée mettra sur la table un certain nombre d’atouts – disponibilité, implication, capacité de mobilisation, ressources humaines, etc. – et le projet Eco-territoire mobilisera, lui, son expertise et des moyens issus de financements spécifiques et des partenariats cités et avec les ministères, fondation et autre fonds RSE. Cette question des financements pérennes est d’ailleurs également au cœur de la durabilité des Eco-territoires comme de tous les territoires. Une action moins concrète que l’ouverture d’une auberge rurale, mais tout aussi importante, voire plus. Rendez-vous en 2018, à la fin de cette phase expérimentale !

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