Economie

High-tech : Le minitel fait face à Internet

© D.R

Beaucoup le croient mort après 25 ans d’existence, pourtant le minitel, inventé en France, compte encore dix millions d’utilisateurs potentiels et près de 5.000 services, résistant au succès d’Internet. «Son déclin est beaucoup plus lent que ce que l’on avait prévu au départ», explique Olivier Bon, directeur des kiosques et services payants de France Télécom. «Peut-être qu’il y a dix ans on aurait prédit un arrêt du minitel en 2005, mais aujourd’hui on ne le voit pas avant 2010», ajoute-t-il. Né en 1982, le minitel, prouesse technologique à son époque, représentait à la fin des années 1990 un milliard d’euros de revenus, 20.000 services actifs et six millions de terminaux dédiés, petits cubes austères qui s’ouvraient pour laisser apparaître un écran et un clavier. En 2006, son chiffre d’affaires a fondu à 130 millions pour 5.000 services (édités par 1.500 sociétés), 2,9 millions de terminaux dédiés et 2,8 millions d’applications minitel sur ordinateur. En décembre, 16,9% des Français déclaraient avoir accès au minitel: «avec encore dix millions d’utilisateurs, c’est pour France Télécom une vocation de service public qu’on ne saurait arrêter», estime M. Bon.
L’opérateur commercialise toujours trois modèles de terminaux et en vend "quelques milliers" par an. Il en récupère 200.000 à 300.000 chaque année pour destruction. Certes, beaucoup d’entreprises ont quitté le navire: plus possible d’acheter son billet Air France sur minitel ou de consulter les résultats du baccalauréat. La SNCF arrêtera sa billetterie minitel à la fin de l’année. Les nostalgiques de ce petit écran y viennent pour un tiers pour l’annuaire électronique (le 3611), un tiers pour un usage professionnel, le reste pour des services pratiques (météo, astrologie, finance). «L’audience du 3611 a connu son apogée en 2001, puis a stagné et décrû, tandis que PagesJaunes.fr gagnait en audience», raconte Christine Bridelle, directrice marketing des annuaires en ligne de PagesJaunes. En cinq ans, le 3611 est passé de 512 à 111 millions de visites tandis que PagesJaunes.fr grimpait de 131 à 720 millions de consultations. «Il n’y a aucune raison pour l’instant de décréter qu’on arrête», assure Mme Bridelle, car une partie des Français «utilisent encore le minitel de préférence à Internet. Il est installé au même endroit depuis des années, on sait s’en servir et il répond bien aux questions qu’on lui pose». Autre atout: sa sécurité, contrairement à internet, vulnérable aux virus. «Des entreprises en multi-établissements continuent de l’utiliser pour des prises de commandes», selon M. Bon. Le réseau des débitants de tabac Altadis s’appuie sur le minitel pour se réapprovisionner, de même que les fleuristes du réseau Interflora pour communiquer entre eux. Côté services pratiques, le grand perdant est le minitel rose : «sa présence est devenue très faible, avec la concurrence d’internet», selon M. Bon. La vente à distance a aussi déserté le minitel avec seulement 1% des commandes par ce canal en 2006. Mais les grandes banques y proposent toujours la consultation des comptes. Le spécialiste des annonces automobiles L’Argus de l’auto mise sur ses trois services minitel, qui représentent plus de 10% de son activité. Ils «ne coûtent pas cher puisque les investissements ont été faits, et rapportent de l’argent, nous n’avons pas de raison d’arrêter», estime Michel Caron, responsable des services télématiques. Contrairement à internet, où le tout-gratuit règne, le minitel, payant, permet à l’éditeur d’être rémunéré. «C’est un excellent modèle économique que tout le monde regrettera», dit M. Caron.

Katell Abiven
(AFP)

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