La fin d’une grande histoire pour les petits papiers jaunes détrônés par le téléphone portable et l’Internet. Des diligences cinglant à travers les grandes prairies de l’ouest aux satellites en orbite, la société Western Union a toujours été à la pointe pour livrer les petits plis illustrant pour des générations d’Américains l’émotion d’une naissance, la tristesse d’un décès, la paix ou la guerre.
Le premier message envoyé portait la phrase un peu incrédule devant l’avancée du progrès technique : "Qu’a forgé Dieu ?".
La mort du télégramme est passée presque inaperçue, annoncée aux clients sur le site Internet de la Western Union : "A partir du 27 janvier, la Western Union cessera ses services de télégramme et de messagerie commerciale. Nous regrettons les inconvénients qui pourraient découler de cette situation pour notre clientèle et nous vous remercions pour votre soutien loyal".
Depuis longtemps, la Western Union s’est spécialisée dans le transfert rapide de devises pour assurer ses revenus, mais elle tient encore dans l’imaginaire collectif, les films, la littérature ou les bandes dessinées, comme celle du célèbre cow-boy solitaire Lucky Luke, la place d’un inventeur technologique.
En 1851, la société alors baptisée New-York Mississippi Valley Printing Telegraph Company avait lancé les premiers télégrammes commerciaux, puis cinq ans plus tard, avait pris le nom de Western Union en lançant le premier réseau télégraphique de côte à côte.
Les nouvelles de la guerre civile américaine ont été relayées à une vitesse sans précédent grâce à ce système. En 1903, c’est avec un télégramme qu’Orville Wright annonce la réussite du vol de son premier avion à Kitty Hawk (sud-est), et c’est aussi un télégramme qui annonce la fin du Titanic en 1912 : "Regrettons profondément annoncer que votre Titanic a coulé ce matin, le 15, après collision avec iceberg impliquant sérieuses pertes humaines stop détails suivront."
Mais l’importance du télégramme a décliné au fur et à mesure de l’essor du téléphone de la baisse des prix des télécommunications et de l’avènement de l’Internet.