Economie

Huile de foie de requin: Ça chauffe entre les industriels et les armateurs !

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Et pour cause, industriels opérant sur ce secteur et armateurs cherchent entre eux un terrain d’entente afin de réussir à assainir cette profession sujette à de nombreuses pratiques informelles. Nous vous en avions parlé il y a quelques mois de cela sur ces mêmes colonnes, mais le feuilleton se poursuit toujours. Inconnue il y a deux années à peine de cela, l’huile de foie de requin est devenue un produit très convoité par certains armateurs qui travaillent en toute illégalité. Indifférents aux réglementations en vigueur, ces derniers étripent le requin pour en extraire le foie à bord des navires, dans des conditions d’hygiène lamentables avant de l’exporter vers des pays comme l’Espagne ou le Portugal.

Certains grossistes de ces pays de la péninsule Ibérique surfent sur cette manne providentielle qui leur vient du Maroc. Ils s’approvisionnent à tour de bras en cette huile qu’ils achètent pour une bouchée de pain aux armateurs marocains, avant de l’exporter massivement et à prix d’or vers des pays comme le Japon, friand en huile de foie de requin.

Une concurrence déloyale

Ceux qui travaillent dans l’illégalité arrivent avec l’huile dans des fûts qu’ils vendent à quai sans le moindre document permettant une traçabilité aux intermédiaires des espagnols ou portugais qui se contentent de changer d’étiquette en appliquant une majoration de 20%. En procédant de la sorte, ces armateurs marocains effectuent une concurrence déloyale face aux industriels qui, eux, opèrent en toute légalité.

Ces armateurs font une transgression à l’article 54 de la loi sur la concurrence. Ce texte de loi stipule en substance qu’il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste ou prestataire de service de ravitailler les grossistes, semi-grossistes ou détaillants de poissons destinés à la consommation et vendus en l’état et qui ne seraient pas passés par les halles. A l’heure où les industriels souhaiteraient passer par les halles pour se procurer l’huile de foie de requin de façon formelle pour la transformer et l’exporter, certains armateurs eux, ne respectent guère cette règle. Les industriels estiment que près de 800 tonnes ont transité l’année dernière via ce circuit informel.
L’Espagne devient le premier exportateur au monde d’huile de foie de requin vers le Japon. Elle s’adjuge ainsi une partie des exportations que devrait normalement accomplir le Maroc en direction du pays du Soleil-Levant.
 

Le ministère est saisi

L’huile de foie de requin représente un enjeu de taille pour toute une industrie. Elle contient du squalène, qui fournit les secteurs cosmétiques et nutraceutiques. Avec les ailerons de requin, son prix atteint des pics sur les marchés internationaux où le tarif de la tonne d’huile de foie de requin se négocie entre 12.000 et 15.000 dollars, en fonction du taux de squalène qu’elle contient. Au Maroc, ce marché atteint 8 milliards de DH. Il est disputé par une quarantaine de palangriers et six opérateurs industriels.  L’huile de foie de requin n’est plus considérée comme le produit de prises accessoires, mais le produit principal de la pêche de requin. Face à cette situation, les industriels tirent la sonnette d’alarme en multipliant les plaintes auprès du ministère de tutelle. Le 29 avril dernier à Rabat, armateurs et industriels se sont réunis avec Taoufik El Ktiri, directeur de la pêche maritime, et Sabah Lazrak, directrice des industries de la pêche. Ces deux départements ministériels avaient fait promettre aux armateurs d’abandonner leurs pratiques actuelles d’éviscérer le requin en pleine mer dans des conditions hors normes. Le ministère leur a même opposé une date butoir, celle du 31 août, avant que les armateurs ne soient dans l’obligation d’opérer toutes leurs transactions uniquement à l’intérieur des halles. Ils ont jusqu’à cette date pour disposer également d’autorisation sanitaire.

Les industriels veulent une Bourse dédiée à l’huile de requin

La réunion a été tellement houleuse que le département de la pêche maritime auprès du ministère de tutelle a autorisé pour trois mois encore la pêche (jusqu’au 31 août) avec possibilité d’éviscérer en pleine mer. Tandis que le département des industries de la pêche, lui, s’est opposé à ce que l’export de l’huile se fasse. Les industriels se sentent toutefois lésés par cette décision temporaire. «Comment peut-on nous empêcher d’exporter une pêche tolérée et que le sous produit de cette pêche, à savoir l’huile, ne dispose lui d’aucune traçabilité ?», s’interroge un industriel.

«De plus, les vétérinaires refusent de signer les documents d’export, d’où un blocage pour nous». Industriels et armateurs souhaiteraient que cette huile et que ce poisson passent par une voie légale afin de pouvoir disposer des documents nécessaires à l’export. Parmi les solutions proposées par les industriels et les armateurs, une bourse de l’huile de foie de requin au Maroc. Ce qui serait une première mondiale et une originalité pour le marché marocain.

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