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Imad Barrakad: «L’Afrique sera d’ici 2050 le continent le plus concerné par le changement climatique»

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Entretien avec Imad Barrakad, président du directoire de la SMIT

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Les acteurs territoriaux et responsables d’entreprises publiques et privées étaient tous réunis les 10 et 11 novembre dans le cadre de la conférence Smart Tourism Africa. Organisé par la Société marocaine de l’ingénierie touristique (SMIT) en marge de la Cop22, l’événement était placé sous le thème  «L’investissement touristique en Afrique, levier de développement inclusif et durable au service de la compétitivité des territoires». Les participants ont notamment débattu des mutations environnementales, des opportunités à saisir et des ressources à exploiter. Dans cet entretien accordé à ALM, Imad Barrakad revient sur cet événement ainsi que sur l’état des lieux et les enjeux du Smart Tourism.

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ALM : Comment pourrait-on définir le tourisme intelligent ou «Smart tourism » et pourquoi une conférence sur ce thème ?

Imad Barrakad : Comme vous le savez, avec plus de 1 milliard de touristes qui sillonnent le monde, chiffre appelé à doubler durant les 15 prochaines années, le tourisme est une opportunité de croissance que les destinations, livrées à une course effrénée pour le développement, cherchent à saisir, et parfois en négligeant les répercussions sur l’environnement. Un impact qui, à son tour, n’est pas sans conséquence sur l’attractivité de la destination. Celle-ci-étant intimement tributaire de la qualité de l’environnement.

Ainsi, dans leur quête du développement, les territoires doivent être intelligents dans la transformation de leurs ressources. Pour se différencier, et dans un contexte de compétition forte, marqué par de profondes mutations, et face à des ressources limitées, les destinations doivent se réinventer pour être compétitives.  Il est plus que jamais important de poser les fondements d’un tourisme intelligent. Un tourisme qui repose sur la mise en commun du savoir, l’exploitation des innovations, des synergies entre acteurs, et l’intégration de la notion de valeur ajoutée,  pour créer des opportunités en termes de diversification des structures économiques et pour amorcer une croissance inclusive, soutenue et durable. Sur un marché aussi compétitif que le tourisme, nous ne pouvons pas laisser filer une telle opportunité de se différencier qui permet même à de nouvelles destinations émergentes de nourrir de grandes ambitions.

Pourquoi avoir choisi l’Afrique comme point focal de cet évènement ?

L’Afrique sera d’ici 2050 le continent le plus concerné par le changement climatique, et mérite une attention particulière. L’Afrique doit faire face à un triple défi. Le continent doit pouvoir amorcer sa croissance et créer des emplois, maîtriser l’empreinte carbone et se préparer, et mettre en place des stratégies pour faire face aux effets du changement climatique, que le continent  n’a pas moyen d’arrêter.

Et cet évènement vient répondre au besoin de faire entendre la voix de l’Afrique. Le défi n’est pas simple, et nécessite une vision d’ensemble et une action concertée de la part de l’ensemble des acteurs qui pilotent les stratégies touristiques nationales africaines. 

Quels sont les axes de réflexion qui vont marquer les débats ?

Dans notre conception de l’évènement, nous avons veillé à garantir au niveau des panels une  représentativité des différents acteurs de développement  locaux, nationaux et internationaux, publics et privés, au niveau d’un territoire.

Nous avons voulu convier les communautés mondiales du tourisme, de la finance et de l’innovation à un moment inédit de partage pour poser les premières pierres à l’édifice d’une politique de développement touristique inclusive et durable de nos territoires. L’idée étant de s’arrêter sur les synergies que l’on devrait actionner pour optimiser les efforts et contribuer ensemble à l’essor de nos territoires, tout en maximisant les retombées positives sur l’environnement.

La conférence est une opportunité de s’interroger sur  notre manière de travailler ensemble, de penser aux processus à déployer pour actionner les synergies et optimiser l’utilisation et la transformation de nos ressources et nos compétences, de créer de la valeur et de renforcer l’attractivité de nos territoires. Je souhaite insister sur la notion de complémentarité, source de performance, d’amélioration et d’innovation. Seul on avance plus vite, ensemble on va plus loin.

Nos territoires sont-ils aujourd’hui outillés pour mettre mieux en valeur leurs ressources et amorcer leur croissance ?

Nos territoires disposent d’un énorme potentiel et des possibilités de développement touristique considérables, qui leur permettent de rivaliser avec les régions les plus touristiques du monde. Les territoires doivent structurer les différents outils de planification et d’aménagement dont ils disposent en s’appuyant sur cette expertise et intelligence pour assurer la meilleure valorisation des ressources du territoire, actionner les synergies locales et créer de la valeur. Dans cette même logique de complémentarité, je pense que l’enjeu est dans notre schéma organisationnel.

Au service du développement territorial, l’intelligence touristique vient mettre tous les acteurs d’un territoire en position d’être co-créateurs et coproducteurs de la valeur.

La conférence est ainsi une opportunité de reconnaître les possibilités de mettre cet outil à la disposition des différents acteurs de développement et d’identifier des mesures opérationnelles et des axes de coopération dans le cadre de partenariats «win win», porteurs de croissance et de bien-être à nos populations.

Quels sont les résultats escomptés de cette conférence ?

L’évènement se veut de démontrer la capacité de l’ingénierie touristique à contribuer au développement de sociétés plus durables tel que reflété dans les recommandations de la Cop21 en termes de conservation des ressources naturelles, de modes de production et de consommation durable ainsi que de croissance économique et d’emploi. La conférence est capitale pour mobiliser les dirigeants autour de l’importance du tourisme, comme moteur de changement environnemental. En cette cop de l’action, j’espère que cette initiative puisse déboucher sur des mesures concrètes pour faciliter l’accès au financement des solutions durables nouvelle génération au profit de produits touristiques durables et d’outiller les territoires  pour piloter le développement et évoluer vers le maximum de convergence et l’utilisation rationnelle de nos ressources, pour créer les conditions favorables au développement.

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