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Immersion dans le tri de déchets dans le centre d’enfouissement et de valorisation à Marrakech

© D.R

En marge d’une session de communication et formation aux médias

Il est connu que le Maroc est déjà avancé en tri des déchets, cependant le déroulement de ce processus, notamment dans un centre d’enfouissement et de valorisation (CEV) est ignoré. La visite, samedi, d’un tel centre de nouvelle génération qui se trouve à 40 km de Marrakech, dans la commune d’El Mnabha, a permis d’en témoigner lors d’une session de communication et de formation offerte aux médias par le secrétariat d’Etat chargé du développement durable.

Un centre de tri à 2 lignes

Comme l’explique sur place l’opérateur du centre, qui n’est pas encore exploité, et directeur du projet Ecomed, Rachid Kacemi Alaoui, ce centre de tri est doté de 2 lignes. Chacune a une capacité de 30 tonnes/h. Il explique qu’à l’arrivée des camions, les déchets sont déversés dans une machine qui déchire les sacs en plastique de déchets pour les en dégager. Après quoi, ils sont transférés dans une cabine de tri qui récupère le carton avant d’être irrecyclable. De plus, toute pièce pouvant créer des problèmes dans le reste de l’opération de tri est éliminée. Place, par la suite, au tri mécanique des pièces métalliques et non-métalliques. «Dans ce tri, nous prenons la fraction de moins de 80 mm, soit les matières organiques pour une valorisation agricole pour le compost», précise M. Kacemi Alaoui. Le reste étant orienté vers le tri manuel. Là où il y a des convoyeurs à bandes au nombre de 4 où des bonhommes sont installés et qui ôtent les bouteilles de plastique, les canettes en aluminium et tout ce qui est recyclable. «Ce centre est une première au Maroc vu sa taille et la complexité de son système», ajoute-t-il.

25 CEV prévus au Maroc

Par l’occasion, Mehdi Chalabi, directeur des programmes et des réalisations du secrétariat d’Etat, indique que le pays dispose déjà de 3 CEV. Ils sont installés à Rabat, Fès et Oujda. A elle seule, Marrakech est considérée pionnière en CEV de nouvelle génération. COP 22 obligeait. «Il est prévu d’atteindre 25 CEV au Maroc», précise-t-il. D’après ses dires, les villes qui ont des décharges contrôlées seront équipées de centres de tri comme celui de Marrakech, autrement dit les 25 prévus seront des CEV. Celui de Rabat étant déjà équipé d’un CEV qui comprend déjà deux lignes de tri.

De l’éclairage à partir des déchets

Destination maintenant à l’ancien site de la décharge de Marrakech exploité depuis 1984 jusqu’à 2014. Sur place, Abdelghani Ouchen, chef de la division environnement et mise à niveau de l’habitat insalubre auprès de la commune de Marrakech, explique que durant cette période d’exploitation, près de 4 millions de tonnes de déchets stockés ont été enfouies. «Une fois les déchets stockés riches en matières organiques à raison d’environ 70%, ils subissent une fermentation naturelle et produisent des biogaz, notamment le méthane», détaille-t-il. Ce méthane est collecté à travers deux réseaux. Le 1er, qui est latéral, est composé de conduites perforées installées avec fermeture finale. Le 2ème étant vertical et composé de 11 puits. L’ensemble a été interconnecté et véhiculé à travers une conduite forcée pour atteindre un moteur de production d’électricité. «Il est prévu que cette station bioélectrique produise à partir de 2 moteurs une puissance d’1 mégawatt», ajoute-t-il. Cette électricité est prévue d’être injectée dans le réseau de la Radeema pour servir à l’éclairage public.

La dégradation environnementale préoccupe El Ouafi

Lors de la formation, donnée vendredi aux médias, Nezha El Ouafi, secrétaire d’Etat chargée du développement durable, a mis l’accent sur une étude appuyée en 2016 par la Banque mondiale. Elle précise que «le coût de la dégradation environnementale au Maroc est de 32,5 milliards DH, soit 3,52% du PIB». Entre 2000 et 2014, le coût a diminué de 20% en passant de 590 DH par habitant en 2000 à 450 DH en 2014. Cependant le coût de la qualité de l’air a augmenté dans la même période pour atteindre 16 milliards DH. Chose qui a incité le secrétariat d’Etat à élaborer un plan national pour lutter contre la pollution de l’air.

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«Notre action consiste à développer des dossiers en commun avec la presse nationale»

Questions à Mohamed Benyahia, secrétaire général du secrétariat d’Etat chargé du développement durable

ALM : Comment inciter les journalistes à s’approprier la question environnementale ?

Mohamed Benyahia : Nous pensons que, d’abord, le contexte est favorable parce que notre pays vient d’organiser une grande conférence mondiale qui a sensibilisé même, au fin fond du pays, les Marocains, les acteurs de tous horizons sur l’importance de l’environnement pour le développement durable, notamment sur la question climatique. Nous allons nous appuyer, donc sur ce contexte à travers un partenariat pour la formation des journalistes avec l’Institut supérieur de l’information et de la communication. Après quoi, nous allons mener des ateliers de consolidation des capacités d’information pour approfondir le sujet pour que les journalistes s’approprient ce sujet et le maîtrisent. Ceci nécessite une formation pour que leurs capacités soient développées et qu’ils puissent expliquer à l’opinion publique de la manière la plus simple possible ce que nous sommes en train de faire, les défis de notre pays pour résoudre ces problématiques environnementales et s’inscrire dans une transition vers le développement durable. Nous comptons sur le partenariat institutionnel avec l’institut pour la formation à la base des journalistes et pour une formation continue complémentaire pour consolider les capacités, voire développer des réseaux de journalistes parce qu’ils permettent la circulation et l’échange de l’information. Ils vont être pour nous des interlocuteurs valables pour faire en sorte que nous ayons une presse spécialisée sur ces questions d’environnement. Ce qui ne fait pas totalement défaut actuellement. Il y a quelques journalistes mais cela reste en-deçà de nos objectifs et ambitions.

Pourquoi ne pas sponsoriser des supports ou des rubriques spécialisés en environnement ?

C’est possible pour encourager les entreprises de médias qui ont besoin de faire de la recette et de vivre. Mais ce n’est qu’un volet de notre action qui consiste en l’achat de l’espace, développer des dossiers en commun avec la presse nationale. Voilà un peu les outils que nous allons utiliser.

Quels sont les moyens permettant aux journalistes de maîtriser le sujet du développement durable ?         

La clé c’est à notre sens la formation parce qu’on ne peut pas protéger ce qu’on ne sait pas. Donc si les journalistes sont conscients de la complexité de ces questions d’environnement et de développement durable, ils vont être séduits, vont pouvoir écrire mais avec autorité et en connaissance de cause.       

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