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Crédit aux promoteurs immobiliers : La morosité épargne le moyen standing

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Le segment des résidences secondaires et touristiques semble à l’heure actuelle le plus sinistré puisque ses financements ont accusé un recul sensible de 46,5% en 2016. Il va de mal en pis puisqu’une année auparavant ses crédits accusaient déjà une baisse de 18%. 

S’il est de notoriété que les financements aux promoteurs immobiliers ne se portent pas au mieux depuis quelques années, cela ne concerne pas pour autant tous les segments de la promotion. C’est effectivement ce qui ressort des données d’une enquête menée par Bank Al- Maghrib auprès d’un échantillon de dix banques, dont les résultats ont été publiés dans le dernier rapport de la Direction de la supervision bancaire (DSB).
Les financements accordés varient de manière très contrastée selon qu’ils concernent le logement économique, le logement pour la classe moyenne ou encore les programmes de résidences secondaires et touristiques. Ce dernier segment semble à l’heure actuelle le plus sinistré puisque ses financements ont accusé un recul sensible de 46,5% en 2016. Il va de mal en pis puisqu’une année auparavant ses crédits accusaient déjà une baisse de 18%.

Aussi, il apparaît que le logement social a bel et bien fini par être rattrapé par la crise puisque ses financements qui continuaient d’augmenter envers et contre tout ces dernières années, connaissent à présent une baisse.
L’enquête dévoile en effet que le segment de l’économique a rompu avec sa tendance haussière, enregistrant un repli de 16,6% en 2016 contre une hausse de 24%, une année plus tôt.
Il n’y a finalement que le segment du moyen standing qui semble engagé sur la bonne pente, à savoir que ses crédits sont en hausse de 11%, après un recul de 9% une année auparavant. Ces tendances s’accordent bien avec les résultats de la dernière enquête sur la demande en habitats du ministère de tutelle. Les 1,6 million de demandeurs de logements recensés par l’enquête disposent pour près des deux tiers d’entre eux d’un budget entre 140.000 et 400.000 DH pour l’acquisition de leur logement. A priori cela contraste avec le fait que les financements de programmes économiques baissent.
En 2016 les mises en chantier ont chuté de plus de 26%

Mais il faut aussi savoir qu’à l’heure actuelle l’offre sur ce segment est dominée par le logement à 250.000 DH dont les acheteurs ont déjà fait le plein, selon les constatations du ministère de l’habitat même, d’où un ralentissement des nouveaux projets sur ce segment.
La logique est aussi respectée pour le logement moyen standing qui intéresse 23% des acheteurs actuels sur le marché, selon l’enquête sur la demande, ce qui doit naturellement encourager le développement de nouveaux projets et la négociation de financements supplémentaires pour ce segment. En revanche, la baisse des financements de logements secondaires ne tombe pas sous le sens vu que l’Habitat estime ce marché à 4% des 1,6 million de demandeurs potentiels. De manière générale, le crédit à la promotion immobilière a poursuivi sur son trend baissier en 2016, chutant de 4,8%, à 63,3 milliards DH, ainsi qu’il ressort du rapport de DSB.
Certes, une petite éclaircie est observable sur une année glissante (entre mai 2016 et mai 2017) avec une quasi-stabilisation de l’évolution du stock de financements. Mais les banquiers interprètent pour l’heure cela prudemment en attendant une confirmation de la tendance. Cette petite forme des crédits à la promotion immobilière contraste avec celle des financements bénéficiant au secteur du bâtiment et des travaux publics qui ont enregistré en 2016 une nette reprise en progressant de 8,6% pour totaliser un encours de 91 milliards DH après une baisse de 9,6% une année auparavant.

Si les crédits à la promotion continuent de faire grise mine c’est bien évidemment en raison de la morosité persistante du marché immobilier qui pousse les professionnels à lever le pied sur le lancement de nouveaux projets. Il faut relever à ce titre qu’en 2016 les mises en chantier ont chuté de plus de 26%, à 166.200 unités, selon les chiffres officiels du ministère de l’habitat, ce qui prolonge une tendance baissière qui dure depuis maintenant 4 ans, si l’on excepte une petite croissance de 2% observée en 2015. Les promoteurs immobiliers ont ainsi initié l’année dernière moitié moins de nouveaux chantiers par rapport à leur rythme de 2012.

Même en repassant en revue les mises en chantier de ces 12 dernières années, il est impossible de tomber sur un volume aussi bas qu’en 2016.

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Le crédit à la promotion en chute aussi à cause du désendettement des opérateurs

Il n’y a pas que la morosité du marché immobilier qui explique la petite santé des crédits à la promotion immobilière. Ces financements continuent de piquer du nez aussi en raison de l’effort de désendettement volontaire consenti par les grands groupes, dont la situation financière était devenue critique il y a quelques années. Pour ne citer que l’exemple d’Addoha, le groupe a allégé son endettement de 3,2 milliards DH en 2015 et 2016 dans le sillage de son Plan Génération Cash. Le désendettement cumulé est même porté à 3,6 milliards DH à fin juin 2017, ainsi qu’il ressort d’une récente communication du groupe.

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