La céramique se trouve au centre d’une petite guéguerre entre industriels marocains et espagnols. Et pour cause, ces derniers veulent une plus grande présence de leurs produits sur le marché marocain au moment où les premiers, criant à l’agonie, se cramponnent aux mesures protectionnistes instaurées par le gouvernement. Au soulagement du patron des patrons, Hassan Chami, qui détient des intérêts dans l’une des unités industrielles céramistes du Royaume, Facemag. Plusieurs organisations syndicales espagnoles sont montées au créneau. La Fédération des métaux et matériaux de construction de Valence (MCA-UGT) plus spécialement, en raison de la forte concentration de l’industrie céramique que connaît cette région de l’Espagne.
Dans un communiqué rendu public et relayé par les médias espagnols, MCA-UGT a demandé l’aboutissement à un compromis avec le voisin du Sud pour débloquer l’entrée de carrelage céramique sur le territoire marocain, critiquant sévèrement les contrôles sévères dont sont l’objet les produits céramiques de Valence. Pour débloquer la situation, le secrétaire d’Etat espagnol du Tourisme et du Commerce, Pedro Mejia Gomez, a fait le déplacement à Rabat où s’est tenue la semaine dernière une réunion entre céramistes marocains et espagnols. En gros, le responsable espagnol souhaite que les deux pays trouvent une solution au problème des exportations espagnoles de céramique en direction du Maroc. « Les producteurs des deux pays doivent examiner les répercussions dues à l’augmentation des exportations de la céramique sur le marché mondial enregistrée dernièrement et aux mesures prises récemment à cet égard par le gouvernement marocain », a-t-il souligné dans des propos relayés par l’agence MAP. C’est qu’en effet, le point de départ de cette forte polémique entre les deux parties est une série de mesures prises par le ministère de l’Industrie, du Commerce et la Mise à niveau de l’Economie et qui consistent, selon le ministre Salaheddine Mezouar, à barrer la route aux produits de basse qualité en provenance des marchés asiatiques.
Le responsable gouvernemental a réitéré cette position lors de la réunion à laquelle il a également pris part. « Les opérateurs espagnols et leurs homologues marocains représentés par leurs fédérations respectives, ont essayé de trouver et de définir la meilleure démarche possible pour lutter contre la concurrence déloyale, préserver les principes de la concurrence loyale et lutter contre tout type de dumping », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « L’objectif est de faire de sorte que ce problème, qui n’a été créé ni par la partie marocaine ni par la partie espagnole, n’affecte nullement les deux parties ». Un point de vue partagé par son homologue espagnol. Le secrétaire d’Etat l’a d’ailleurs explicitement déclaré : « Toute solution aux problèmes issus de cette nouvelle conjoncture doit préserver les intérêts des producteurs marocains et espagnols ». A rappeler qu’en 2004, l’industrie de la céramique en général, en particulier celle du carrelage, a réalisé un chiffre d’affaires à l’export vers le Maroc de l’ordre de 25,5 millions d’euros.
Pour les deux parties donc, la confrontation ne peut aboutir à rien.
Le salut se trouve ainsi dans la consolidation des partenariats et coopérations à moyen et long termes, seuls à même de préserver les intérêts des industriels opérant dans ce domaine. « L’industrie de la céramique est très développée en Espagne et l’industrie marocaine, en développement, offre un potentiel important », précise le ministre marocain, faisant allusion aux grands chantiers lancés au Maroc dans les domaines de l’habitat, des infrastructures et du tourisme.