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Le secteur a besoin d’être redynamisé en profondeur

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Entretien avec Azdine Nekmouch, président de l’Ordre national des architectes du Maroc

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Les décisions concernant le secteur ne peuvent plus être prises unilatéralement mais en concertation et participation avec tous les intervenants professionnels du terrain et les financiers du secteur.

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ALM : Vous avez été élu, en mai dernier, à la tête de l’Ordre national des architectes du Maroc. Comment se déclinerait ce nouveau mandat ?

Azdine Nekmouch : La feuille de route de l’Ordre national repose sur l’unité de ses membres face aux défis auxquels est confrontée notre société. Nous inscrivons notre action dans la légalité que nous confèrent la Constitution et la loi 16-89. Nous sommes appelés à jouer pleinement notre rôle d’acteur social, économique et professionnel sous les directives et orientations éclairées de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Notre mission est de veiller à la sauvegarde des principes et traditions de moralité, de dignité, de probité de la profession. L’Ordre national des architectes doit constituer, avec un esprit volontaire engagé et citoyen, une véritable force de proposition et d’aide à la décision pour éclairer et influer sur les politiques publiques en matière d’habitat d’urbanisme, d’aménagement du territoire, de développement durable, culturel, social et de conservation du patrimoine. Il est dans l’obligation par ailleurs de veiller à l’excellence, la modernité et la qualité de l’exécution de l’exercice de la profession en développant la recherche, l’innovation et la formation continue pour produire des prestations architecturales au service de notre pays et de notre nation. L’architecte est un acteur important dans la production du cadre bâti, de l’aménagement et du secteur du bâtiment ; l’Ordre des architectes s’engage à développer une synergie en partenariat avec les autres professionnels du secteur pour promouvoir une remise à niveau du secteur par la revalorisation de la famille du bâtiment. Ensemble bâtissons un avenir à la hauteur des ambitions et attentes de nos concitoyens.

Vous représentez la profession au Salon BTP Expo qui marque son retour après une longue absence. Quel message portera l’Ordre lors de cette manifestation?

Tenant compte de son caractère international et principalement africain, Il faut dire qu’après une absence de 7 ans BTP Expo opère un retour en force à la hauteur des ambitions de notre continent. Le nombre et la qualité des participants sont les gages d’un grand succès que nous souhaitons pérenne. Aujourd’hui, le Maroc, sous l’impulsion du Souverain, a renoué plus que jamais, politiquement et économiquement, avec ses racines africaines. La position géographique du Maroc à la pointe Nord du continent africain et à son engagement pour la mise en valeur et la promotion de la coopération Sud-Sud font de ce salon une plate-forme d’excellence pour la promotion des compétences et les moyens techniques africains. Engageons-nous alors à participer ensemble au développement de notre continent dans la participation, le partage et l’échange mutuel de nos moyens de nos compétences et nos richesses matérielles et immatérielles. Faisons de notre continent un havre de paix procurant et garantissant quiétude, bonheur et joie de vivre avec des valeurs culturelles respectant les particularités africaines.

Selon vous quels sont le facteurs ayant fait que le secteur de la construction peine toujours à retrouver son équilibre?

La conjoncture actuelle du secteur est le résultat d’une situation ayant ses origines dans la mise en place de politiques où l’on a privilégié la quantité aux dépens de la qualité ainsi que dans une approche approximative qui se traduit actuellement par une inadéquation entre l’offre et la demande. Des projets ont été mis en chantier sans prendre en considération l’évolution des mentalités, et l’ouverture d’esprit des futurs acquéreurs. On a omis de faire des études de marché sur les vraies opportunités qu’offrent nos villes et notre monde rural, sur les besoins réels des populations. Aujourd’hui le secteur a besoin d’être redynamisé en profondeur. Tous les paramètres doivent être revisités et pris en considération. La professionnalisation de tous les intervenants de la filière et sa remise à niveau sont des impératifs de l’évolution adéquate du secteur. Les banques doivent accompagner les entreprises pour accorder les facilités de trésorerie et de l’octroi de crédits au profit du citoyen et des intervenants dans le cadre du bâti pour relancer le secteur. Les conditions déplorables pour l’octroi des autorisations de construire sont à revoir car même si on a gagné des points au niveau international, pour le climat des affaires, aujourd’hui il y a lieu de se pencher sur ce dossier et voir les raisons des retards inadmissibles qui font que tout le monde est excédé et se précipite dans la réalisation sans prendre le temps des études techniques qui doivent suivre une autorisation et pour récupérer les pertes dues au retard. On tente de se rattraper aux dépens de l’essentiel.

Comment peut-on faire face aux menaces qui entravent le développement du secteur?

Les mentalités doivent impérativement changer. Sur le plan administratif, les décisions concernant le secteur ne peuvent plus être prises unilatéralement mais en concertation et participation avec tous les intervenants professionnels du terrain et les financiers du secteur. De même, les schémas directeurs, les plans d’aménagement, les plans de développement, les dérogations et les autres outils d’urbanisme et de développement doivent faire l’objet d’une large concertation. Notre urbain et notre monde rural sont le résultat malheureux de cette cacophonie dans la prise de décisions qui a créé toutes ces cassures et déchirures sociales. Ceci a pour conséquence un découragement des professionnels que sont les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les ingénieurs BET, les IGT, les entrepreneurs. Ce n’est que grâce à l’esprit citoyen, à la volonté, de travailler ensemble et d’offrir leurs compétences à notre administration que l’on peut espérer redynamiser ce secteur et permettre à nos concitoyens de prétendre à un meilleur cadre bâti et cadre de vie.

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