ALM : Quelle est exactement la mission de l’ADS dans le projet El Kora ?
Malik Souali : En fait, les missions de l’Agence de développement social dans le projet El Kora, telles qu’elles sont définies dans la convention de partenariat avec la SDEK, la Société de développement El Kora, le maître d’ouvrage, sont au nombre de trois. Il s’agit d’abord du volet information, entre les habitants et les partenaires institutionnels, puis d’un rôle d’intermédiation pour rechercher des solutions aux problèmes sociaux suscités par le relogement et enfin d’une aide au financement de projets de développement. Concrètement, la cellule d’accompagnement social a réalisé les actions suivantes. Primo, l’assistance au maître d’ouvrage a porté sur la réalisation d’une monographie sociale, en janvier 2004, et la participation à la mise en place d’une commission des litiges. Secondo, notre travail consiste aussi à animer « un guichet d’accueil et d’information », où l’équipe a reçu tous les habitants et commerçants du bidonville pendant six mois. Nous avons également organisé des rencontres-débats entre les différents partenaires du projet et les représentants des habitants. L’appui que nous accordons aux associations locales (formation, orientation et financement de projets) a pour objectif final de les hisser en véritables acteurs du développement social. C’est ainsi que nous avons établi l’inventaire des vendeurs ambulants de la « joutya » et dressé le bilan de compétences pour tous les bacheliers en novembre 2004.
Cela fait une année que votre équipe est présente sur le chantier de résorption d’ «El Kora». Et ce sur demande de la Caisse de dépôt de gestion (CDG).
Exactement, l’ADS a été sollicitée par la CDG cela fait plus d’une année. Je dois souligner le courage de cette démarche, car impliquer un opérateur social dans de telles opérations était, il y a encore deux ans, une démarche nouvelle. L’ADS a pour vocation d’aider à la réussite des projets de l’Etat. Aussi le défi a-t-il été relevé aux côtés de nos partenaires, en échange de garanties comme la mise en place d’un bureau proche du bidonville, la possibilité de modifier les autres tranches à la lumière des enseignements de la première…
Le bidonville El Kora compte 11 hectares de baraques et l’opération menée pour la lutte est une opération dite « tiroir ». Comment comptez-vous réagir après la livraison de la première tranche?
Une fois la première tranche sera livrée, et si la convention avec la SDEK est reconduite, la mission d’accompagnement social ne s’arrêtera pas là. En effet, un double travail devra être mené, à la fois sur le nouveau site (mise en place de syndics dans les immeubles, fonctionnement des équipements collectifs et du marché couvert) et dans le bidonville, pour les habitants qui se prépareront à la deuxième tranche.
Un certain nombre d’enseignements devront être tirés de ces deux années, et étant donné le caractère innovant de l’opération, des améliorations seront sans doute apportées à tous les niveaux.
À votre avis, comment cette population peut tirer profits du projet de la Corniche prévue vers la fin de la résorption de «El Kora» ?
Ce projet a l’immense avantage d’être un projet intégré, qui comprend appartements de relogement et équipements de proximité. C’est une greffe urbaine, puisqu’un projet promotionnel comprenant immeubles de hauts standings, bureaux et résidences touristiques vise à tourner Rabat vers la mer. Un nombre d’emplois significatifs devrait voir le jour, surtout dans les services et les commerces de proximité. Nous espérons que les jeunes de Douar Kora pourront en tirer un maximum de profit.