Economie

Industrie : L’aquaculture boit la tasse

Le retrait de Marost du périmètre des activités de l’ONA sonne-t-il le glas de l’aquaculture au Maroc ? Cette entreprise créée en 1983 a été contrainte d’entamer un plan de liquidation avec notamment l’arrêt de la production aquacole, l’opération du lâcher de stock inventorié au 31 décembre 2005, et l’abandon du compte courant du groupe ONA de 93,3 millions de dirhams, ayant servi au remboursement du découvert bancaire, à l’indemnisation des départs du personnel, au règlement du contentieux douane, à la location du terrain et des divers créanciers.
La fermeture du Marost met en lumière les difficultés du secteur de l’aquaculture (loup bar et dorade), en chute libre depuis 1999. Les causes de ce naufrage : une conjoncture internationale défavorable marquée par la chute des prix de vente et, côté européen, l’octroi de subventions multiformes aux opérateurs du domaine. Une situation qui plombe l’activité de quelques opérateurs marocains. Ainsi, malgré des plans d’actions tels que la réduction du capital (pour absorber les pertes), des efforts d’organisation et de restructuration du personnel et la compression des charges par la réduction de la consommation d’aliments, d’énergie, de téléphone et par la renégociation des taux d’intérêt et du contentieux douane, l’activité de Marost est demeurée structurellement déficitaire. L’option de partenariat, un moment envisagée, n’ayant pas abouti, l’entreprise a été contrainte d’entamer un plan de liquidation. «Une mauvaise nouvelle pour l’aquaculture marocaine mais une bonne nouvelle pour les comptes de l’ONA», résumait un responsable du groupe lors de la présentation des résultats du premier semestre à la presse.
Ce retrait d’un gros opérateur fragilise encore la situation  du secteur de l’aquacuture. La dernière étude sur le secteur, réalisée par  le ministère des Finances, concluait sur «de très fortes potentialités et des opportunités fort intéressantes pour l’édification d’une branche aquacole solide ». Mais, aussi, confirme l’étude, ces potentialités sont sous-exploitées. La production annuelle n’excède pas 1 500 tonnes, ce qui représente à peine 2% de la production totale des pays de la Méditerranée.
Avec l’arrêt des activités de Marost, seule SAM (située à Sâïdia) est active sur le créneau loup et dorade.Les deux structures produisaient 9000 tonnes par an, destinées en général à l’export à l’état frais.
Loin derrière, l’élevage des coquillages, moules et huîtres, réalisé dans trois principales lagunes, à Oualidya, Nador et Laâyoune, totalise 300 tonnes par an. Une grande partie de cette production est commercialisée au Maroc.
Autre segment de l’aquaculture également peu développé, la culture d’algues. Une activité balbutiante, suspendue aux essais actuels dans la baie de Dakhla.
Si d’une manière générale ce sont les subventions européennes faussant la concurrence qui pèsent sur l’aquaculture marocaine, il n’en demeure pas moins, note l’étude ministérielle, que d’autres facteurs comme le foncier, le technique, le financier et le commercial présentent des lacunes. L’absence du plan d’aménagement du littoral, «ceci d’autant plus que les zones potentielles de l’exploitation aquacole font souvent l’objet de concurrence avec le secteur touristique notamment», est un handicap de taille. D’autre part, les coûts élevés de l’investissement, la période d’attente (deux ans en moyenne pour que l’investissement arrive à maturité) ne sont pas des plus encourageants. A cela s’ajoute le coût des intrants, des matières premières généralement importées et soumises à des droits de douane à l’entrée.
Bref, l’aquaculture marocaine navigue à vue. Cela, d’autant que les perspectives de faire bénéficier à ce secteur du soutien prévu dans le cadre du Programme Millenium Challenge Account (MCA) tardent à se concrétiser.

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