La course à l’informatisation que se livrent les pays du Maghreb annonce un nouveau tournant, selon ce que laisse augurer une étude de l’International data corporation, cabinet mondial spécialisé dans l’intelligence de marché. L’entité estime en effet que l’Algérie est en passe de ravir la palme du pays le plus ouvert sur l’usage de l’informatique détenue jusqu’ici par le Maroc. Analysant les performances commerciales du secteur dans la région au terme du 3ème trimestre, elle note qu’avec 255.769 unités importées, les trois pays d’Afrique du nord ont réalisé une croissance de 41% en comparaison à la période correspondante de l’année précédante.
Mais surtout, le cabinet a mis en relief le fait que le segment des P.C a tiré le marché vers le haut. Avec 174.413 appareils enregistrés du mois d’août à septembre, ce segment a réalisé une hausse de 51%. Remarquables en elles-mêmes, ces performances sont d’autant plus significatives qu’elles sont doublées de réalisations tout aussi marquantes pour les PC de bureau. Les importations de Desktop se sont en effet accrues de 23% en se situant à 81.356 unités. En même temps que cette évolution qui a fait de l’ordinateur portable la locomotive de la croissance informatique dans la région, c’est l’esquisse d’un changement de structure du marché qui interpelle tant elle parait annoncer des changements jusqu’ici non annoncés.
Car laisse penser l’étude, si le marché des particuliers a boosté celui des PC, les importations en ce qui concerne ces produits sont inégales d’un pays à l’autre, et dans le cas où elle perdurerait, cette situation devrait sur le long terme changer la donne en matière de leadership informatique dans la région. Sur les trois pays d’Afrique du nord, c’est en effet l’Algérie qui s’est arrogée la part du lion pour ce qui en est des PC. Elle en a importé 120.186 unités au cours du trimestre dernier et cela lui fait 117% de plus qu’il y a un an.
Bien qu’il ait renoué avec la croissance, le Maroc vient loin derrière avec 69.370 unités importées. Il est talonné par la Tunisie avec 65.713 machines importées.
Interrogé sur les conséquences de la nouvelle conjoncture sur les performances informatiques nationales, des experts proches de l’ANRT ont considéré que pour le moment l’avance prise par le Maroc est trop importante pour que des changements significatifs interviennent de sitôt. Du fait du Plan Maroc Numéric, dont la 1ère phase prend fin cette année, le Maroc est en effet bien placé sur le marché des nouvelles technologies africain.
Avec près de 49% d’internautes, le taux de pénétration est supérieur –pour le moment- à celui de ses voisins : la Tunisie, l’Algérie ou encore l’Égypte. En attendant une nouvelle rallonge pour ce Plan, l’objectif que l’autorité numérique s’est fixé est de créer 58.000 emplois.
Entre-temps le secteur doit avoir réalisé un PIB additionnel direct de 7 milliards de dirhams et quelque 20 milliards DH, de manière indirecte. On rappelle à ce propos que le département des Nouvelles technologies se félicite de ce que 4 millions de Marocains disposent d’un abonnement à Internet. Quand bien même ce chiffre est en deçà des 6 millions escomptés à la fin de cette année. Certains commentateurs considèrent que les chiffres de l’étude ne tiennent pas compte du montage local et se limitent aux seuls produits de marque.
Lancée en octobre 2009, la stratégie Maroc Numéric 2013 a été pourvue d’une enveloppe budgétaire de 5,2 milliards de dirhams. Elle tourne autour de 4 grands axes : améliorer l’accès à la connaissance via internet, asseoir le programme e.gouvernement, booster l’informatisation destinée aux petites et moyennes entreprises et soutenir les acteurs locaux des technologies de l’Information (TI).