Economie

Jamila Arif : «La diversité de nos régions écologiques fait du cactus une des cultures stratégiques»

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ALM : L’Anadec lance, aujourd’hui, la deuxième édition de l’Université itinérante internationale du cactus. Pourquoi ce retard?
Jamila Arif : Après notre première initiative de 2006, nous avons tenté de poursuivre l’organisation de ces universités, mais malheureusement des contraintes objectives ne nous ont pas facilité la tâche (indisponibilité des experts, absence de moyens financiers, etc.). Cependant, en marge du 7ème Congrès international de cactus abrité par notre pays l’année dernière à Agadir, nous avons discuté l’idée avec nos amis chercheurs de l’Amérique latine et d’autres pays ayant participé. Nous étions heureux d’apprendre que l’idée de cette université était très appréciée. Ceci nous a encouragés à reprendre l’initiative en espérant que nous aurions l’appui moral et matériel de tous ceux qui partagent la bonne volonté de faire du cactus un instrument de développement durable. Nous repartons donc avec un nouveau souffle et une nouvelle équipe de militants dans le domaine de l’environnement et du développement durable. Nous lançons un appel aux entreprises citoyennes de soutenir cette initiative à travers un sponsoring qui ne peut être que bénéfique. Nous ne cachons pas nos ambitions, nous voulons faire de cette unité universitaire un évènement de grande envergure pour contribuer au développement durable et à la lutte contre la désertification et les effets du changement climatique.

Quels sont les objectifs de cette deuxième édition?
Les objectifs de cette deuxième édition sont multiples comme illustré par les diverses activités programmées. Le démarrage sera, donc, à partir de Casablanca où nous organiserons des ateliers axés sur la fabrication de produits alimentaires et cosmétiques à base de cactus. Notre ambition est d’améliorer l’image de cette culture miracle chez l’opinion publique. L’augmentation de la demande en produits du cactus aura certainement un impact sur la production et la commercialisation et par conséquent les revenus des producteurs seront améliorés. Les ateliers pourront aussi inspirer des idées de projets aux jeunes participants. Nous organiserons, en parallèle, une visite de la coopérative et de l’unité de transformation de cactus. A travers cette activité, nous désirons montrer à nos invités les différents produits dérivés du cactus et répondre par la même occasion, aux différentes questions techniques qui pourraient être posées. Nous nous assignons comme objectif, également, de rappeler le rôle fondamental que joue la plante du cactus en tant que banque fourragère mobilisable durant les périodes où le cheptel est confronté à des saisons sèches.

Outre les professionnels, quelles sont vos autres cibles ?
L’atelier qui sera organisé à Benguérir cible un groupe de femmes rurales. Cette rencontre a pour objectif de les initier aux petites technologies de valorisation de cactus, en l’occurrence la fabrication du savon, confiture, etc. Et par conséquent, nous tenons à créer des activités génératrices de revenus stables. Un autre atelier est prévu à Kelaat Sraghna au profit d’un groupe d’écoliers pour les sensibiliser à l’intérêt environnemental du figuier de barbarie.

Qu’en est-il des rencontres académiques ?
Nous ferons une petite escale à Marrakech où nous tiendrons un séminaire articulé autour de la chimie verte, l’innovation, le développement durable et expertises. Le but étant de faire l’état des lieux sur la promotion de la culture du cactus et un benchmarking international (Mexique, pays du Maghreb, méditerranéens et ailleurs) et surtout d’inciter et d’accompagner les créateurs d’entreprise ou de microentreprises par la valorisation de la recherche scientifique. Des chercheurs mexicains prendront part à cet événement où ils auront l’occasion d’échanger leurs expériences et étudier les possibilités d’une coopération technique.

Quel bilan faites-vous des actions menées par l’Anadec?
Depuis sa création en 2006, l’Anadec a réalisé plusieurs actions qui entrent dans le cadre des missions définies par ses statuts. Le bilan de l’association, dont le fonctionnement ne se repose que sur le bénévolat, est largement satisfaisant. Outre la réalisation de sessions de formation et la participation aux différentes manifestations, nous veillons sur le co-encadrement des étudiants dans différents établissements spécialisés. De même, nous œuvrons pour la consolidation de l’expertise, et ce en répondant aux différentes requêtes des porteurs de projets et des investisseurs.

À combien s’élève le coût des produits à base de cactus?
Les produits à base de cactus sont diversifiés et concernent aussi bien les denrées alimentaires que les préparations cosmétiques. Leurs coûts varient selon la quantité des matières premières utilisées et le processus de leur fabrication. Nos produits frais et transformés commencent à être exportés vers différents pays de l’Union européenne, les USA, le Canada et certains pays d’Afrique. Il faut noter que notre pays dispose d’atouts lui permettant de produire des figues fraîches de très bonne qualité pouvant s’imposer sur le marché international.

Quels sont les dispositifs déployés pour la promotion de ce secteur?
Avec ses différents piliers, le projet Plan Maroc Vert offre un cadre idéal pour promouvoir ce secteur. D’abord, par la conversion des zones céréalières de faibles rendements en zones d’arboriculture fruitière. Le figuier de barbarie, le caroubier, l’olivier, et l’amandier sont des cultures alternatives pouvant mieux valoriser ces zones. L’agrégation est d’une grande utilité pour une culture comme le cactus, qui exige l’amélioration de techniques de conduite, de récolte, de conditionnement et de commercialisation. Comme vous le savez, la figue est un fruit fragile, d’où la nécessité de regrouper et d’organiser les petits producteurs pour leur faciliter l’accès au marché. La recherche dans ce domaine offre aussi un appui à la filière cactus car elle permettra de créer de nouveaux produits, augmenter la valeur ajoutée et créer des richesses à l’échelle locale.

Quelles sont les perspectives de l’Anadec à moyen terme ?
Nous travaillons sur une banque de projets que nous proposerons aux partenaires intéressés par notre travail. Ces projets reposent sur trois principes. Tout d’abord, l’intégration de la culture du cactus dans les systèmes de production, sa valorisation selon la vocation de la région concernée ainsi que l’appui à la recherche et le transfert de technologies.

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