Economie

La baie du bonheur

© D.R

ALM : Mohamed Marouan, vous êtes à la tête de la SONABA depuis presque deux an. Pouvez-vous nous présenter cette institution ?
Mohamed Marouan : la Société nationale d’aménagement de la baie d’Agadir, (SONABA), a été créée par les pouvoirs Publics en 1973, dans le but de promouvoir le développement touristique dans la région d’Agadir, particulièrement à l’intérieur de ses cinq sites constituant son périmètre d’intervention : Founty, Taghazout, Tifnit, Tama Ouanza et Aghroud . Société anonyme, appartenant à 100% à l’Etat, placée sous la tutelle technique du ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale, et assujettie au contrôle financier du ministère des Finances et de la Privatisation, la SONABA est un outil d’aménagement touristique, chargé de réaliser les objectifs qui lui sont assignés par son Conseil d’administration, lesquels sont tracés dans le cadre des grandes orientations stratégiques nationales, en matière de développement touristique.
Justement, comment la SONABA exerce-t-elle sa mission, sachant que depuis 2001, la politique de l’Etat est de recourir aux grands aménageurs-développeurs, dans le cadre du Plan Azur?
Question pertinente, dans la mesure où il y a eu évolution, dans le mode d’intervention de la société entre 1976 et aujourd’hui, la mission restant la même, à savoir réaliser les objectifs d’investissement fixés par les pouvoirs publics, dans le cadre de la stratégie touristique nationale, appelée plus médiatiquement «vision 2010», déclinée notamment dans l’accord d’application de l’accord-cadre 2001, lequel, comme vous le savez, constitue un contrat-programme engageant l’Etat et le secteur privé . Dans les années 70, l’Etat avait besoin d’un outil d’aménagement réalisant «en travaux propres» ses projets. Aujourd’hui, les orientations du gouvernement sont de faire réaliser ces grands travaux d’aménagement, dans le cadre d’un partenariat public- privé, où chaque partenaire joue le rôle qui est le sien, moyennant une convention négociée, définissant clairement les engagements des uns et des autres, sur tous les aspects : juridique, urbanistique, technique, financier, commercial… avec un calendrier précis, fixant étapes, délais et échéances. Cette évolution méthodologique peut être illustrée par l’exemple du site de Founty, en cours d’aménagement par la SONABA en propre, et du site de Taghazout, en cours de relance pour son aménagement en partenariat avec un ou plusieurs aménageurs-développeurs privés, après l’échec de l’expérience PRI.
Nous avons noté une transformation positive dans le paysage de Founty, là où les unités hôtelières commencent à émerger, et l’environnement embelli, alors que côté Taghazout, il y a eu les déboires dont vous êtes au courant. Comment expliquez-vous cela ?
Concernant Founty, l’aménagement a démarré au milieu des années 70, puis a été interrompu en 1982, suite au blocage des activités de la SONABA, pour des raisons exogènes, blocage qui a duré une quinzaine d’années, et qui a été à l’origine de problèmes dont nous vivons les séquelles de certains encore aujourd’hui. La relance des activités de la SONABA, explicitement mentionnée dans le contrat-programme, amorcé à partir de 1997, n’a eu réellement lieu qu’après la visite de Sa Majesté, que Dieu L’assiste, aux sites de Founty et Taghazout, en juin 2000, visite qui a permis le lancement des travaux d’infrastructures secondaires, et de réhabilitation des parcelles du front de mer sur lesquelles quatre nouvelles unités hôtelières prestigieuses ont été édifiées, et sont en activité depuis l’année dernière.
A mon arrivée à la SONABA, le premier conseil d’administration auquel j’ai participé m’a fixé des objectifs clairs, dont je cite : la restructuration financière de la société, l’apurement des problèmes hérités du passé, l’achèvement du développement de Founty, la relance de la valorisation de la zone hôtelière, le suivi du projet de développement de la nouvelle station touristique de Taghazout, et le respect des engagements du gouvernement prévus par la convention de développement, qui sont du ressort de la SONABA… J’ai donc essayé de canaliser tous mes efforts vers la réalisation de ces objectifs, en gérant les priorités. Et pour répondre à votre question, concernant Founty, le changement quantitatif et qualitatif est là, et les réalisations sur le terrain en témoignent. Malgré la satisfaction de beaucoup de gens, je continue à dire qu’il y a encore des défis à relever, notamment en matière de valorisation des parcelles hôtelières commercialisées, d’amélioration du produit architectural et urbain en zone immobilière, d’embellissement de l’environnement et du paysage. Quant à Taghazout, vous connaissez l’historique. La SONABA a, quant à elle, tenu tous ses engagements en matière de pilotage local du projet, pour faire respecter les engagements contractuels de notre partenaire, et de la réalisation des études et des travaux hors site, respectant ainsi les engagements du gouvernement. Malheureusement, PRI a été dans l’incapacité de respecter les siens. La résiliation de la convention était inévitable, car il s’agit de la locomotive du Plan Azur (20% des 130.000 lits additionnels prévus pour le balnéaire), faisant partie de l’engagement sur la stratégie nationale. Les consultations sont d’ailleurs actuellement en cours pour la relance du projet, dans les meilleures conditions possibles, et dans les meilleurs temps possibles.
Puisque vous avez évoqué les objectifs fixés, les avez vous atteints ?
Vous me permettrez de réserver les détails aux membres du Conseil d’administration, qui sont les mieux habilités à évaluer le travail accompli et à apprécier le degré de réalisation des objectifs fixés. Cependant, je peux dire que globalement, des résultats intéressants ont été obtenus, particulièrement en matière d’assainissement de la situation financière, d’apurement des litiges et conflits, de valorisation de Founty, d’amélioration de l’environnement urbain et paysager. Concernant ce dernier aspect, je prendrais toutefois la liberté de citer une réalisation dont je suis particulièrement fier, et qui fait l’unanimité quant à son opportunité, sa plus-value écologique et son impact sur la qualité de vie du citoyen. Il s’agit du parc paysager de Founty, véritable poumon d’oxygène pour la ville, une oeuvre qui fait désormais partie du patrimoine urbain de la destination. En réalisant ce parc, la SONABA revendique sa qualité d’entreprise citoyenne, militant concrètement pour l’embellissement de l’environnement, et pour la qualité de vie en ville.
Et les perspectives d’avenir, pouvez-vous nous en parler?
A court terme, j’ai une vision claire du programme : la rationalisation organisationnelle de la société, et sa mise en harmonie avec les dernières exigences légales et institutionnelles, l’achèvement de l’aménagement de Founty, la poursuite de l’incitation à la valorisation, l’accélération du rythme de commercialisation, et, sur une autre échelle, la participation à la réalisation du plan de développement régional d’Agadir, dont les études sont actuellement en cours de finalisation. A plus long terme, il s’agira essentiellement du développement de la nouvelle station touristique de Taghazout, dans le cadre des choix des pouvoirs publics, ainsi que des autres sites, dans le respect des priorités en terme de timing.

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