Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, les deux favoris des sondages pour l’élection présidentielle française, ont fait de l’Institut de Francfort une de leurs cibles favorites.
Trichet est accusé de mener une politique de taux d’intérêt trop élevés qui nourrit un euro fort pénalisant les exportations des entreprises françaises et les deux candidats ont demandé une modification des statuts de la BCE pour qu’elle ne se préoccupe pas que de stabilité des prix, mais aussi de croissance. Pour le président de la Banque centrale, qui répondait aux questions des députés de la commission économique et monétaire du Parlement européen, ce débat est étonnant à plus d’un titre. «Il n’y a pratiquement qu’en France que la question se pose en permanence de savoir comment ça fonctionne», a-t-il déclaré. «Partout ailleurs en Europe on sait comment ça fonctionne». La BCE, a-t-il rappelé, n’a aucun objectif en matière de taux de change par rapport au dollar ou au yen, alors que Sarkozy et Royal lui reprochent de vouloir un euro fort pour asseoir la crédibilité de la monnaie unique. «On sait très bien qui est responsable de quoi et dans quelles circonstances», a-t-il expliqué aux députés puisque «le traité répond complètement à cette question». Les taux de changes sont de la responsabilité partagée des gouvernements et des banquiers centraux, notamment lorsque les pays les plus industrialisés se réunissent au G7 et qu’ils adoptent des «termes de référence» répétés religieusement. «Nous sommes dans un système de changes flottants, la discipline verbale est essentielle», a-t-il souligné devant des députés qu’il informe fréquemment. «Il y a des trillions de dollars qui sont joués sur ces marchés des changes». Dans ce contexte, il ne comprend pas la vindicte dont lui-même et son institution sont responsables en France, d’autant plus que l’Allemagne est redevenue le premier exportateur du monde malgré cet euro fort.