Economie

La braderie des congrès

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Le malaise est palpable, quoique pour la plupart des hôteliers, il n’est pas question de déballer ses chiffres en public. Depuis le 11 mars, un vent d’annulations souffle sur les congrès et les incentives à Marrakech. Aucun établissement n’est épargné.
Volatile et difficile à stocker, l’activité se voit en plus fragilisée par une concurrence exacerbée au niveau local.
Ainsi, certains établissements, régulièrement accusés de rétrograder la destination, ont revu en baisse leurs prix de moitié sur toute la période 2004. Sous prétexte de «crise» pour les uns, «crise et agrandissement pour les autres», la tendance a atteint des proportions alarmantes dans le quartier Hivernage où de nouveaux hôtels sont attendus.
Dans les offres proposées à certains Tours Opérateurs durant le mois de mars, les salles de congrès de 600 à 700 personnes sont données gratuitement, les pauses cafés, y compris dans des établissements qui affichent le luxe, ne dépassent pas 30 dirhams par personne.
Du jamais vu, notent certains hôteliers, qui affirment s’êtres plaints au ministère du Tourisme.
Déjà, lors du dernier SMT de Paris, sur certains flyers distribués, on pouvait remarquer que la moyenne de l’offre des packages pour Marrakech tournait autour de 300 euros la semaine en demi pension, avions et transferts compris.
Désormais les TO et les gros clients tirent sur cette corde de la concurrence et n’hésitent pas, avant de se décider de faire le tour des établissements, munis de fameuses «offres confidentielles proposées par les autres».
Le procédé se révèle terriblement efficace puisque la plupart des hôtels abdiquent et font le choix compréhensible de retenir le client à tout prix. Petit exemple : pour abriter l’organisation d’une conférence internationale prévue cet été, un établissement, ouvert il y a deux ans, n’a pas hésité de revoir son offre initiale (environ 1.100 dirhams), pour la ramener à 750 dirhams en Bed & Breakfast, avec en plus, la gratuité pour un supplément single. Réplique immédiate de son concurrent, autre hôtel de même standing, également candidat à cette organisation, une offre d’une chambre double en logement et petit déjeuner, laquelle, initialement proposée à 1440 dirhams, est ramenée 600 dirhams, avec en plus, des excuses d’un commercial qui félicite et promet au client une longue liste de privilèges et, c’est devenu la rengaine, «la gratuité de nos salles de congrès». Aux dernières nouvelles, le TO, se sachant courtisé à outrance, n’aurait pas encore choisi, exigeant des deux concurrents, «encore de petits sacrifices ». Sur le même front, un autre établissement, alerté par les indiscrétions de ce TO, a fait son entrée dans la bataille à un prix, toujours en chambre double, situé entre 400 et 500 dirhams, avec les inévitables gratuités. Conséquence, de 1 700 dirhams au départ, l’offre est tombée finalement à 420 dirhams. Interrogés sur les raisons de ces baisses, les hôteliers en question invoquent avec beaucoup d’arguments, l’incontournable loi sur la concurrence, certains se félicitant de la «liberté des prix».
Pour les rares établissements traditionnellement tournés vers les congrès, comme le Sofitel et le Palais des Congrès, l’heure douloureuse des révisions de copies a sonné. Qui plus est, en pleine saison. «il y a quelques années, les congrès pouvaient rapporter 20 millions de dirhams par an à un hôtel. Aujourd’hui, personne, pas même le Palais des Congrès, ne peut espérer dépasser 8 millions de dirhams», avance un professionnel des incentives qui requiert l’anonymat comme la plupart de ceux qui ont accepté d’évoquer le sujet.
Pour rappel, en juin dernier déjà, le problème avait été évoqué en public à Marrakech, lors d’une rencontre avec Adil Douiri.
Mais à l’époque, quoique certains chiffres faisaient état d’une totale annulations de congrès imputable pour le 16 mai, entre 300 et 400 millions de dirhams, rien ne semblait urger.
L’absence d’animation,le futur aquaparc et le Boulevard périphérique, censé donner la réplique immédiate de ce qui existe déjà à Paris, avait occulté le tourisme d’affaires et ce qu’il est convenu d’appeler bradage.
Aujourd’hui, l’heure est à l’urgence.
Baromètre de la destination, le Palais des Congrès a, depuis le 11 mars, suite à l’attentat de Madrid et surtout à la politique adoptée par les supporters de la loi sur la concurrence, perdu 3 millions de dirhams en termes d’annulations.
«Le plus urgent est que le ministère adopte un plan d’action et que le Maroc sorte de sa timidité et aille directement poser sa candidature pour les grandes manifestations», rappelle un cadre de cet établissement.
Il s’agit de capter une partie du portefeuille des 300 congrès organisés annuellement dans le monde et dont le calendrier est connu d’avance.

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