La commande publique ne profite pas assez à l’économie nationale. C’est en substance la conclusion d’un rapport du Conseil économique et social (CES) émis sur les marchés de l’Etat dans le cadre des questions dont il s’autosaisit régulièrement. Cependant, un rapport qui a résolument secoué le cocotier car il laisse entendre que l’Etat ne crée pas de la croissance là où il devrait jouer le rôle de locomotive. A un moment où les différentes professions de foi insistent sur la volonté du gouvernement de relancer l’investissement public, l’avis que la commande de l’Etat n’atteint pas son objectif ne laisse pas d’étonner. Mais, la 18ème session du Conseil qui s’est tenue jeudi à Rabat sur «la commande publique comme levier stratégique de développement économique et social» n’a laissé que peu de doutes sur l’inefficacité relative de l’Etat en tant que donneur d’ordres. Selon de premières indications rendues publiques au lendemain de la session le rapport du conseil dit : «La commande publique est une composante incontournable de l’activité économique du Maroc; elle représente près de 24% du PIB et a augmenté de près de 30% par an au cours des dernières années. Cette croissance rapide qui a permis d’accompagner la réalisation de grands chantiers au Maroc, a par ailleurs contribué au déséquilibre de la balance commerciale et n’a pas généré un effet d’entrainement conséquent sur l’économie nationale». Selon des médias: entre 2007 et 2011, la demande de l’Etat s’est accrue du tiers environ tandis que le PIB n’a augmenté lui que de 4,6%. Plus, le fait que la commande publique y ait représenté 24% de la demande globale n’a pas empêché 2011 d’avoir été un millésime en demi-teinte. La cause de ce manque d’efficacité? Les entreprises marocaines ne sont pas étroitement associées à la commande publique. Sur un échantillon de 400 entreprises, seulement 10% déclarent participer de façon régulière à l’exécution des contrats de l’Etat, 54% considèrent que leurs procédures sont compliquées et 60% affirment que leur passation n’est pas transparente. D’où, estiment les auteurs du rapport, la nécessité de pousser plus avant la réforme du système. Le CES rappelle «qu’elles se sont focalisées principalement sur les procédures de passation de marché et sur les contrôles sans pour autant atteindre les objectifs visés, d’efficience, de transparence, de simplification des procédures et de facilitation de l’accès des PME aux marchés». Pour redresser la barre et faire de la commande publique un véritable levier stratégique de développement économique et social, il préconise d’agir sur deux axes: le juridique et le procédural et, sur un plan non moins important, le développement stratégique. Le premier objectif exige notamment transparence, traçabilité, concurrence loyale et règlement juste des conflits; le deuxième priorise l’environnement, préoccupation chère aux yeux du CES. Et aussi, pose que le transfert de technologie est un élément déterminant des marchés publics. Pour que l’économie fasse son marché à l’enseigne de la commande publique, il est essentiel «qu’elle favorise l’accès des acteurs de l’économie sociale et solidaire, notamment les coopératives, à certaines catégories des contrats de l’Etat soutenant ainsi le commerce équitable, la protection de l’environnement, la solidarité sociale… », affirme le rapport. n