Economie

La Confédération nationale du tourisme a tenu une réunion le 22 octobre sur fond de crise

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Les professionnels du tourisme dépriment. Le secteur traverse une période difficile depuis quelques semaines : relations tendues avec le ministère de tutelle, polémique virulente à la suite de la tenue des Assises le 29 septembre, conjoncture mondiale inquiétante à cause de la menace terroriste de plus en plus sérieuse et l’épidémie Ebola…

Bref, une ambiance cauchemardesque pour le secteur. Et c’est d’ailleurs sur ce fond de crise que s’est tenue le 22 octobre à Casablanca une réunion au sommet à laquelle ont pris part tous les représentants du secteur sous la houlette de la Confédération nationale du tourisme (CNT) et présidée effectivement par son numéro 1, Ali Ghannam.

Durant cette réunion, et comme nous l’ont confié des sources qui y étaient présentes, les professionnels ont parlé sans langue de bois des maux du secteur avec un seul mot d’ordre : la remobilisation des opérateurs.

C’est que, comme l’ont fait remarquer en substance certains intervenants lors de la rencontre, «le secteur a pris un coup au niveau de sa perception et de son image et il est au plus bas de sa forme depuis 2008». Dans le même ordre d’idées, d’autres professionnels ont exprimé leur inquiétude en constatant que le tourisme ne semble plus être considéré comme étant un secteur prioritaire au moment où il représente tout de même près de 10% du PIB, procure au Maroc quelque 60 milliards DH de recettes en devises et emploie près de 500.000 personnes.

Les participants à cette rencontre sont également longuement revenus sur le dernier épisode des Assises du tourisme. Pour certains d’entre eux, les professionnels doivent tirer les leçons qui s’imposent dans le sens où, estiment-ils, «la Confédération doit plus que jamais jouer un rôle de leader et non pas de suiveur». D’autres, plus sévères encore, n’ont pas hésité à parler d’erreurs commises par les professionnels lors de ces Assises. Pour d’autres, enfin, la Confédération doit absolument prendre position, entre autres, dans la polémique avec le ministère qui a suivi la tenue des Assises.

Face à tout cela, les représentants du secteur se sont mis d’accord sur la nécessité et l’urgence de prendre des mesures pour redorer l’image du secteur et lui redonner la place qui lui revient dans l’économie. Et pour cela, les membres de la CNT ont approuvé à l’unanimité la décision d’organiser un grand congrès dans les plus brefs délais pour débattre de la situation du secteur et de la Confédération et dresser un vrai état des lieux. Selon nos sources, c’est le président d’honneur de la CNT, Othman Cherif Alami, qui a été chargé de piloter cette opération avec pour objectif de tenir ledit congrès avant la fin du mois de novembre.

Une rencontre qui viserait principalement deux finalités : l’établissement d’une feuille de route commune à toutes les filières avec une vision globale et la définition des priorités du secteur notamment en ce qui concerne le Plan Azur, la promotion de la destination, le transport aérien et l’animation touristique.

Pour ce qui est de la remobilisation des professionnels, la rencontre au sommet du 22 octobre a particulièrement mis l’accent sur la nécessité de resserrer les rangs et de reconstruire une confédération forte, capable d’être une force de proposition et de pression. Pour cela, elle aura besoin de plus de moyens humains et financiers mais aussi et surtout, selon les professionnels, d’un véritable esprit collectif et de solidarité entre les opérateurs. Une mobilisation que la CNT compte activer à travers les fédérations métiers et les fédérations régionales.

Annulations des réservations : De la poudre aux yeux…

La situation n’est pas aussi critique que certains voudraient le laisser paraître. Loin des chiffres farfelus faisant état de taux d’annulations des réservations sur le Maroc atteignant les 50 et 60%, la Confédération nationale du tourisme (CNT) a publié les résultats d’une enquête qui met fin aux suppositions douteuses. Ainsi, selon le rapport de la CNT sur les résultats de cette enquête exhaustive, 50% des professionnels affirment avoir noté dans leur activité des annulations qui ne dépassent pas 10% ou qui ne sont pas significatives. À ceux-là s’ajoute une autre proportion de 20% de professionnels qui situe les annulations entre 10 et 20%.

À l’autre extrémité, on notera aussi que seuls 5% des professionnels enquêtés considèrent que les annulations sont supérieures à 40%. Des chiffres qui ont stoppé net les allégations faisant état d’un «grave phénomène d’annulation». Par ailleurs, pour ce qui est des raisons des annulations, l’enquête de la CNT relève que près de 73% d’entre elles sont liées à la situation géopolitique, après l’assassinat en Algérie de l’otage français Hervé Gourdel, tandis que 19% sont dues à la situation sanitaire, notamment l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest. L’enquête signale, enfin, un léger ralentissement du rythme des réservations pour les mois de novembre et décembre que les professionnels pensent pouvoir compenser par les ventes de dernière minute.

Les Assises de la discorde

Initialement prévue pour décembre 2012, la 11ème édition des Assises du tourisme avait été reportée à 2013 puis programmée pour 2014 sous différents prétextes, alors que l’événement était très attendu par les professionnels pour avoir une plus grande visibilité sur la déclinaison de la Vision 2020 par le gouvernement actuel. Finalement les tant attendues Assises ont eu lieu le 29 septembre dernier. Un événement jugé sans grands éclats par ces mêmes professionnels qui l’avaient attendu pendant quatre ans.

Pour eux, une organisation en une demi-journée est une aberration pour le secteur et du jamais-vu dans des Assises nationales. Ainsi, ni la présence de participants de renom ni même celle de certains membres du gouvernement, n’a été, selon eux, suffisante pour faire le tour de tous les besoins du secteur. «On aurait aimé voir des réunions de travail sur le secteur, présidées par le chef de gouvernement en présence des ministres intéressés et des représentants du secteur, toutes composantes confondues», ont protesté les professionnels du secteur.

 

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