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La filière du béton en ordre de marche

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Le plan de l’Amib préconise d’abord pour les plus grands industriels de recourir davantage à l’innovation pour s’ouvrir de nouvelles perspectives sur le marché. L’idée est de les appuyer afin qu’ils se mettent à réaliser davantage de produits à haute valeur.

Les industriels du béton semblent plus que jamais décidés à rattraper le retard accusé par leur secteur. Celui-ci ne consomme actuellement que 8% du ciment écoulé au niveau national signe que l’usage du béton, notamment celui préfabriqué (briques, dalle…), reste très limité sur le marché local de la construction. Dans les pays à niveau de développement comparable avec le Maroc cette proportion atteint facilement les 13% et si l’on ne considère que l’exemple de la Turquie, les fabricants de béton y consomment plus de 20% de la production de ciment. Pour remédier à cette sous-consommation, l’Association marocaine de l’industrie du béton (Amib), qui a élu un nouveau bureau fin 2016, a mis au point un plan d’action étendu, déployé depuis quelques semaines. Celui-ci prévoit différentes mesures d’appui aux industriels selon leur taille. «Trois types de soutien sont mis en place respectivement pour les grands industriels, ceux de taille moyenne et les petites unités, car chacune de ces catégories a des besoins différents et doit être accompagnée de manière adaptée», détaille Mehdi Maachi, président de l’Amib.

Ainsi, le plan de l’Amib préconise d’abord pour les plus grands industriels de recourir davantage à l’innovation pour s’ouvrir de nouvelles perspectives sur le marché. Concrètement, l’idée est de les appuyer afin qu’ils se mettent à réaliser davantage de produits à haute valeur ajoutée tels que les prémurs, les prédalles ou même des escaliers préfabriqués, autant de solutions qui restent encore rares sur le marché national, explique l’Amib. Mais pour que ces solutions plus élaborées puissent trouver leur chemin vers le marché, un effort de standardisation des constructions, dans toutes leurs composantes, est nécessaire. «Aujourd’hui on ne fabrique pas par exemple des escaliers en usine parce que les dimensions de ces éléments varient d’une construction à l’autre», illustre M. Maachi. Et c’est à dessein que l’Amib prend part à une étude initiée par le ministère de l’habitat et de la politique de la ville sur la standardisation du logement au Maroc. L’objectif est de réfléchir aux modalités de mise en place de cette standardisation et d’établir les gains qu’il y aurait à en retirer pas seulement pour les industriels du béton mais pour tous les fabricants d’éléments entrant dans la composition des logements. Ces gains devraient être évalués en étudiant ce qu’aurait pu apporter la standardisation à des projets réalisés par l’aménageur public Al Omrane, lequel est aussi partie prenante de l’étude aux côtés du Centre des techniques et matériaux de construction (Cetemco). Après une première phase de diagnostic déjà finalisée, les initiateurs de l’étude s’attelleront sous peu à l’examen approfondi des bienfaits de la standardisation du logement. Pour prêter main forte aux plus grands opérateurs, l’idée de l’Amib est aussi de mettre à contribution la Recherche & Développement pour explorer des pistes d’amélioration de la performance du béton.

Les unités de taille moyenne sont les plus adaptées à certaines régions

L’étude de ces pistes est confiée pour partie au Cetemco. Notons qu’avant même le déploiement par l’Amib de son plan d’appui aux grands industriels, trois préfabricants de taille, SMM-Socodam-Davum, Intersig-Maroc Karkachi & Fath, et Mek-Prefat, pour les nommer, appuyés par LafargeHolcim Maroc, en tant que partenaire expert technique, ont constitué un groupement d’intérêt économique (Agglopro) pour mettre sur le marché des solutions faisant la part belle à l’innovation. Il s’agit de deux types de blocs béton qui se veulent plus pratiques, plus économiques et plus fiables que l’agglo classique et la brique rouge. Le GIE, disposé à s’ouvrir à d’autres industriels, envisage de lancer bien d’autres solutions à l’avenir.

S’agissant des opérateurs de taille moyenne, l’Amib veut les appuyer pour qu’ils s’implantent dans des régions encore peu couvertes par les producteurs et il faut dire que celles-ci sont nombreuses. «Les chantiers au niveau d’Errachidia en l’absence de fabricants dans la zone acheminent des produits depuis Meknès, voire Nador», illustre le président de l’Amib. Les unités de taille moyenne sont les plus adaptées à ces régions car leur capacité de production correspond à la capacité d’absorption du marché. Pour favoriser le rayonnement des producteurs moyens le contrat de performance signé entre le ministère de l’industrie et l’Amib (à côté des filières ciment, marbre, acier et céramique), il y a près d’un an, sera d’une importance cruciale. Cette convention est en effet appelée à couvrir 20% de l’investissement pour les PME dégageant un chiffre d’affaires entre 10 et 200 MDH et 30% pour les entreprises drainant une activité de 10 MDH ou moins. Plus déterminant encore, le contrat doit donner accès aux industriels à du foncier locatif. Cet avantage est plus décisif encore que l’appui financier de l’Etat, selon l’Amib, du fait que l’industrie du béton est fortement consommatrice de terrains, dont l’achat peut engloutir 30, voire 40% de l’investissement pour la réalisation d’une unité. Or si l’Etat a bien promis de mobiliser 70 ha de foncier locatif pour la filière du préfabriqué, cette assiette tarde à être effectivement fournie dans les faits.

Pour ce qui est enfin des petites entreprises, l’enjeu, selon l’Amib, est de les aider à se structurer et à s’organiser. L’association dispense à cet effet depuis quelques semaines des formations à destination des petits fabricants. Cet effort devrait progressivement monter en régime pour concerner toutes les régions du Royaume. Tous ces efforts ne seront certainement pas de trop pour parvenir à l’objectif que se fixent les industriels de faire monter leur poids dans la consommation de ciment à 13% à l’horizon 2020.

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