Economie

La solitude crue des sinistrés

ALM : Plus d’un mois et demi après les inondations désastreuses du 25 novembre, quelle est votre évaluation de l’état des lieux des industries sinistrées ?
Rachdi Alami : Pour connaître l’ampleur des dégâts , il faut rappeler de prime abord que les industriels de Mohammedia ont connu deux crues en une année. Déjà les inondations de l’année dernière ont frappé de plein fouet plusieurs unités industrielles qui ont été acculées à arrêter leurs activités pendant quatre mois. Après un dur labeur de réparation et de remise à niveau des machines, on a cru que le pire est passé, mais la crue du 25 novembre était plus dévastatrice. En fin de compte après la première alerte, les industries n’ont fonctionné que pendant six mois au cours de l’année 2002 avant qu’elles ne soient complètement dévastées par la dernière crue. À tel point que beaucoup de chefs d’entreprises n’ont pas pu accéder à leurs locaux pendant des semaines avant de constater de visu l’ampleur du désastre. Tous les équipements des usines qu’ils soient machines, matières premières, matériel de bureau, ordinateurs, téléfax ou téléphones ont été emportés par l’eau qui a dépassé parfois les deux mètres de hauteur. Pis encore, la plupart des entreprises ont perdu des archives importantes de comptabilité, de différentes déclarations et de références techniques. Au jour d’aujourd’hui ces industriels sinistrés ne sont pas même capables de répondre à un appel d’offre puisqu’ils ne disposent plus de documents exigibles (impôts, CNSS et autres). Autant dire que nous sommes revenus à la case départ comme si nous sommes des entreprises en cours de constitution.
Votre association a-t-elle inventorié et chiffré les dégâts subis par les inondations ?
Nous avons présenté aux organismes de tutelle un rapport sur la situation de ces entreprises, mais quelle que soit la précision de cet inventaire, il demeure difficile de chiffrer toutes les pertes. Si cet exercice est facile pour inventorier l’immobilier, que dire de la perte d’exploitation et surtout de la valeur des documents techniques afférents aux appels d’offre. Ceci étant, nous avons établi une situation approximative qui concerne près de 30 entreprises sinistrées dont les pertes s’élèvent, pour chacune d’elles, entre 220 000 dirhams et 19 millions de dirhams. Quand on sait que ces sociétés emploient entre 5 et 200 salariés par unité, on suppute l’ampleur des dégâts sociaux que ce chômage technique va causer à des centaines de familles.
Avez-vous eu des contacts avec les pouvoirs publics ?
Au début, notre association a eu un entretien avec le gouverneur de la préfecture et a été reçue par la suite par le ministre de l’Industrie et du Commerce. Au cours de cette réunion, les membres de l’association lui ont fait un exposé détaillé sur les conséquences néfastes des inondations sur le tissu industriel de la ville. Nous lui avons fait part de nos doléances pour essayer de remettre sur les rails de l’activité plus d’une trentaine d’entreprises sinistrées. Le ministre a prêté attention à tout ce que nous lui avons dit et demandé et nous a promis de transmettre nos doléances à tous les départements concernés.
Quelles sont justement vos doléances ?
Nous avons demandé à bénéficier de crédits bancaires préférentiels et d’une exonération totale en impôts et autres cotisations et ce jusqu’à la mise en fonction du nouveau barrage décidé par S.M. le Roi Mohammed VI. En attendant il est nécessaire de délocaliser les entreprises sinistrées sur des terrains domaniaux, de reporter les déclarations et les paiements de toutes les cotisations relatives à l’an 2002. Ce faisant, l’association attend une indemnisation de l’Etat pour les dégâts subis par les entreprises afin qu’elles puissent reprendre leurs activités. Nous avons suivi avec intérêt les décisions prises par le gouvernement de Sa Majesté pour venir au secours des zones sinistrées. Notre association reste réceptive à tout geste à même de soulager notre situation et par conséquent celle des salariés dont le chômage technique peut devenir définitif si les entreprises ne bénéficient pas d’un appui de l’Etat.

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