Economie

La tourmente du secteur aérien

Le secteur aérien connaît de sombres perturbations. Avant le 11 septembre, le secteur n’allait pas très bien. Et pour cause, le ralentissement de la croissance américaine. Les attentats du Wall Trade Center ont porté un coup terrible au trafic aérien. Certains ne s’en sont plus relevés. C’est ainsi qu’on été affichées les faillites d’entreprises importantes en France (AOM-Air Liberté) en Suisse (SwissAir), en Belgique (Sabena) mais également au Canada et en Australie.
Un an après, la vague de fond fait encore des victimes. Fin septembre 2002, l’Association internationale du transport aérien (IATA) évaluait à 50 % le recul du trafic passagers dans le monde depuis le 11 septembre.
Par la suite, la fréquentation a repris mais modérément. Les passagers affaires sont en diminution car depuis septembre 2001 l’économie mondiale tourne au ralenti et la situation diplomatique internationale au Proche-Orient n’arrange rien. Quant au transport de tourisme, il a connu le contrecoup de la phobie de nombreux voyageurs en dépit du renforcement des règles de sécurité dans les aéroports. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) beaucoup de voyageurs ont opté cette année pour le tourisme de proximité accessible en voiture ou en train, aussi bien sur le continent américain qu’en Europe.
Les répercussions de la crise se font encore sentir et les compagnies aériennes alignent plan de restructuration sur plan de réduction des coûts. US Airways a été mise, mi-août, en redressement judiciaire. American Airlines, première compagne aérienne mondiale, a annoncé 7000 nouvelles suppressions d’emplois. En même temps, les transporteurs tentent de résister en concluant des alliances et des regroupements commerciaux, en pratiquant une politique tarifaire attractive afin de répondre à la concurrence plus rude désormais des compagnies à bas prix qui ont beaucoup mieux passé la vague que les compagnies traditionnelles. En Europe aussi, les attentats de septembre 2001 ont eu des conséquences rapides : un millier de licenciements chez SAS, la compagnie scandinave, 2500 chez Alitalia et 7000 à British Airways. La compagnie Swissair a reçu le coup de grâce et a été liquidée fin octobre entraînant dans sa chute la Belge Sabena dont elle détenait 49,5 % du capital. La compagnie française Air Lib que Swissair devait contribuer à redresser a connu elle aussi d’énormes difficultés. Dans cette conjoncture, l’agonie de la panafricaine Air Afrique est passée quasi inaperçue. Au total, le secteur aérien, compagnies et sous-traitants, a perdu 200 000 emplois dans le monde depuis un an. Mais, bien au-delà des compagnies aériennes directement touchées par la crise, c’est également tout l’environnement du transport aérien qui est concerné. Si les anticipations long-terme d’activité pour le secteur restent toujours «Croissance», il n’en reste pas moins qu’à court terme, la baisse d’activité et la réaction rapide que en découle va se propager sur tous les prestataires en amont des compagnies aériennes : les commerciaux (voyagistes), les financiers (établissements de crédit, loueurs d’avions), les fournisseurs (constructeurs et leurs sous-traitants), les prestataires (prestataires de service et de maintenance, services des aéroports, ..). Ainsi, les baisses d’activité dans certains aéroports risquent de s’accélérer.
Afin de maîtriser les coûts, dont une augmentation d’environ 60 millions d’euros liée au renforcement de la sécurité et aux hausses des assurances, les investissements ont été revus à la baisse et les dépenses courantes resserrées. Des compagnies comme Lufthansa ou British Airways ont résolument lancé la guerre des tarifs, jusqu’à 80% pour British Airways sur l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse.
Finalement, les compagnies à bas prix semblent les seules à tirer leur épingle du jeu. Aux Etats-Unis leur part de marché pourrait passer de 20% à près de 30% tandis qu’en Europe elles pourraient conquérir 25% des passagers contre 5% aujourd’hui.
Bien que le secteur s’inscrive globalement dans un trend croissant (nombre de passagers transportés et fret), les enjeux économiques sur les prix, la rentabilité des entreprises, les partenariats transnationaux et la nécessité d’atteindre une taille critique ont eu raison de nombreux protagonistes. Le secteur du transport aérien se trouvait en phase de concentration et de concurrence accrue au moment où les attentats du 11 septembre ont joué le rôle de catalyseur. L’anticipation d’une réduction forte du trafic, tout au moins à court terme, et le renchérissement des mesures de contrôle et des coûts, a achevé les derniers espoirs de redressement des compagnies fragiles.

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