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L’activité bancaire rattrapée par les opérations d’embellissement de compte

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L’additionnel de 30 milliards DH (+4%) enregistré sur toute l’année 2016 a été comptabilisé par les banques pour les trois quarts sur le seul mois de décembre.

Le window dressing a encore frappé sur le secteur bancaire. Cette pratique bien connue des milieux financiers, et qui consiste pour les entreprises à réaliser des opérations d’embellissement de compte en fin d’année, pour être à leur avantage lors des communications financières, a donné un solide coup d’accélérateur aux réalisations commerciales des banques sur le mois de décembre. Alors que les dépôts ont évolué de manière globalement timide sur la majeure partie de l’année passée, ils se sont renchéris d’un coup sur le seul mois de décembre de 15 milliards DH. Cela représente une grande part de l’additionnel pour toute l’année qui approche 37 milliards ayant permis une croissance de l’encours de 4%, à 851 milliards DH. Le mouvement est plus flagrant encore en matière de crédit à l’économie. L’additionnel de 30 milliards DH (+4%) enregistré sur toute l’année 2016 a été comptabilisé par les banques pour les trois quarts sur le seul mois de décembre. Il aurait été difficile pour les établissements sans ce coup de pouce salvateur de réaliser une croissance de 4% sur le crédit en 2016, à 814,4 milliards DH.

Pour réussir cette surperformance sur le plan commercial, sur les dernières semaines de l’année, les établissements mènent un ensemble d’actions ayant de réelles implications financières. Ils poussent ainsi leurs équipes commerciales dans leurs derniers retranchements. Les directeurs d’agence habitués aux fins d’années fébriles confient ainsi qu’ils sont enjoints par leurs directeurs centraux, d’intensifier les démarchages pour inciter leurs clients à accroître leurs dépôts ou en démarcher de nouveaux. Cette animation de la force de vente au niveau du réseau est doublée de campagnes publicitaires qui se font plus agressives. Mais pour garantir leur coup, les établissements se livrent aussi à des opérations qui relèvent plus de l’habillage de compte sans réel changement, de l’aveu même des banquiers. En termes clairs, elles gonflent artificiellement leur encours de dépôts et de crédits. Une des voies utilisées pour cela consiste à mettre à contribution leurs filiales de gestion d’actifs.

«On peut aussi solliciter les clients pour qu’ils nous apportent du papier à l’escompte de manière ponctuelle», dévoile un directeur d’agence. Mais s’agissant de simples opérations d’embellissement, elles ne peuvent soutenir durablement les dépôts et les crédits et c’est précisément pour cette raison que le souffle retombe immanquablement chaque début d’année. Cela se lit très clairement dans les statistiques monétaires que vient de publier Bank Al-Maghrib au titre du mois de janvier. L’on peut en effet y observer que l’encours de dépôts régresse sur le premier mois de l’année par rapport à décembre 2016 de 1%.

Plus encore, les crédits reculent de 2,3%. Ces baisses sont alimentées spécifiquement par les rubriques utilisées en priorité par les banques pour leurs opérations d’embellissement de comptes, preuve que ce sont surtout les pratiques de window dressing, plus que la conjoncture défavorable, qui sont à mettre en cause dans la baisse des indicateurs de l’activité bancaire en janvier. L’on note en effet que les comptes débiteurs et crédits de trésorerie se sont allégés substantiellement de 7%, à près de 160,3 milliards DH entre décembre 2016 et janvier 2017. Aussi, les comptes à terme et bons de caisse auprès des banques baissent plus que la moyenne sur la période, de près de 3%, à 158,7 milliards DH.

Du reste, si l’embellissement de compte semble aujourd’hui être devenu monnaie courante pour les établissements, certains professionnels n’en estiment pas moins que Bank Al- Maghrib devrait se pencher sur cette pratique pour en limiter l’ampleur. Ces opérateurs estiment, en effet, qu’elle fausse le jeu de la concurrence sur le marché, certains établissements s’appuyant sur le window dressing pour gonfler artificiellement leur part de marché. Au-delà de cet aspect, selon ces professionnels, cette pratique peut compromettre, dans une certaine mesure, la sincérité des communications délivrées.

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