Economie

Lait : le risque de pénurie prend forme

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Le Maroc risque de connaître une grave pénurie de lait dans les quelques mois à venir. Les professionnels tirent la sonnette d’alarme. «Il y aura un risque de pénurie dès les mois de juin et juillet», affirme Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et le développement rural (COMADER). En effet, explique Abderrahmane Tarabi, directeur des Achats et de la Production à la Centrale Laitière, cette période correspond à la saison de basse lactation, ce qui suppose un déficit au niveau de la collecte.
A cela s’ajoute, explique-t-il, le problème de disponibilité sur le marché international, lui-même sujet à de graves perturbations. «Les Algériens sont en train de rafler le peu qu’il y a sur le marché international», ajoute-t-il. Et si des mesures d’urgence ne sont pas prises, le risque de pénurie peut se prolonger au-delà de cette période. En effet, le mois de Ramadan, qui connaît une forte demande en produits laitiers, coïncide cette année avec la période de basse lactation. Par conséquent, la seule solution envisageable pour le moment, c’est le recours au marché international pour s’approvisionner en lait en poudre. Seulement, la conjoncture semble très difficile. Les grands producteurs, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont connu une sécheresse grave cette année. L’Inde et l’Argentine ont décidé de limiter leurs exportations. En Europe, les producteurs préfèrent les produits à plus forte valeur ajoutée à la production de lait en poudre. Résultat : le prix de la tonne est passé de 1.900 à 3.000 euros  actuellement. Or, au Maroc, explique M. Tarabi, l’importation du lait en poudre est soumise à une forte imposition. Les droits de douane s’élèvent à 60%, ce qui rend encore plus chère la tonne du lait en poudre achetée sur le marché international. Il n’en reste pas moins que l’importation est aujourd’hui la seule solution pour faire face à cette pénurie. Mais sûrement pas dans les conditions actuelles. Il est jugé indispensable d’adopter des mesures adéquates pour ne pas pénaliser davantage les importateurs. Ainsi, la solution serait, selon M. Tarabi, de trouver un système palliatif sur une période limitée. Il est question, souligne-t-il, de consentir une réduction des droits de douane pour permettre aux professionnels de reconstituer leurs réserves en lait en poudre. Et c’est une décision qu’il faut prendre en toute urgence. Au mois de mai, il sera déjà trop tard, prévient-il.
Le Maroc doit s’approvisionner dans des marchés lointains, celui de l’Amérique latine en l’occurrence, ce qui suppose un retard de livraison.
Pour ce qui est de l’importation de génisses, en plus de la faible offre sur le marché, cela ne représente pas une solution au problème. L’importation des vaches laitières s’arrête le 31 mai, et même si l’on en trouve sur le marché, elles ne commenceront à produire du lait qu’à partir du mois de septembre et leur production serait insuffisante pour pallier la pénurie.
Le Maroc fait face actuellement à un déficit de 200.000 l/jour et son importation de lait en poudre oscille, en période normale, entre 10 et 20 mille tonnes par an.
À rappeler que la consommation moyenne au Maroc est estimée à 40l/habitant/an, ce qui en deçà du niveau fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est de 90 l/h/j. En situation normale, le pays produit annuellement quelque 1,4 milliard de litres de lait, dont 900 millions sont industrialisés. Le rendement moyen est d’environ 3000 l par lactation et le déficit moyen se situe entre 10 et 15%.

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