Economie

L’architecture en question

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Les architectes marocains se mobilisent. Pour célébrer la Journée de l’architecte, l’ordre de la corporation organise le 14 janvier une importante rencontre entre professionnels. Trois thèmes de réflexion ont été retenus : l’architecte et la ville, l’architecte et la mondialisation et le bilan de 10 ans d’exercice professionnel après la promulgation de la loi 016/89 régissant la profession d’architecte. Dans le milieu, l’évènement est fortement attendu. Et pour cause. «C’est une occasion pour l’Ordre de sortir enfin de la langue de bois et de mettre la lumière sur les nombreux défis auxquels se heurte la profession» explique Mme Zerhouni, architecte et directrice du groupe Archimedia. Cette rencontre intervient en effet dans un contexte où l’environnement de la profession vit d’importantes mutations. En premier lieu, l’accélération de l’urbanisation du pays, notamment à travers les grands chantiers de logement social initié par le gouvernement. Sur ce volet, et tout en saluant les initiatives prises dans ce sens, les professionnels déplorent l’absence d’une approche qualitative à même de refléter une véritable culture urbaine dans les villes marocaines. Pour le président de l’Ordre national des architectes, M. Farkhani, «la culture ambiante fait que la dynamique actuelle de construction de projets occulte toute vision urbanistique. Le problème n’est pas de changer une baraque par un logement. C’est aussi une question d’espaces publics adéquats et vivables. Des espaces à même de combattre le sentiment d’exclusion». Plus qu’une question de façade, il s’agit de procurer aux citoyens des espaces publics de qualité. «Si l’on veut éviter de se retrouver avec des ceintures rouges surpeuplée» renchérit M. Farkhani. Ce dernier cite à cet égard l’exemple de l’Espagne où la qualité de l’espace urbain est considérée aujourd’hui comme l’une des meilleures au monde. L’explication réside dans le fait que les architectes espagnoles disposent d’un statut fort et qu’ils bénéficient d’un appui ferme des pouvoirs publics. La mondialisation préoccupe également la profession. À l’ordre du jour de la rencontre, une question épineuse : les architectes marocains sont-ils suffisamment prêts pour affronter cette nouvelle donne ? «Non. En tout cas, pas comme il le faut», estime M. Farkhani. Dans la perspective de l’ouverture du marché national, plusieurs enjeux se profilent à l’horizon. Comment en effet faire face à concurrence des architectes étrangers, plus puissants et mieux organisés ? À titre de comparaison, le Maroc dispose de 2000 architectes. En Espagne, ils sont 34.000. Et la seule ville de Madrid abrite, à elle seule, 14.000 architectes. Le risque de la concurrence étrangère se fait sentir chez bon nombre de professionnels nationaux. Comment y faire face ? «Il faut d’abord qu’il y ait une volonté politique pour mettre à niveau la profession. Principalement sur les aspects réglementaires. Les textes d’application de la loi régissant le secteur traînent toujours. D’un autre côté, il est vital de mettre en place un dispositif pour protéger la profession de la concurrence déloyale» explique M. Farkhani. Ce dernier préconise la mise en place rapide d’un barème d’honoraires minimum aussi bien pour les marchés publics que privés. Une mesure qui permettra d’assainir la profession des pratiques déloyales, et d’apporter davantage de transparence dans le secteur.

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