«Nous n’avons pas peur du terrorisme, nous avons peur de transporter nos touristes dans vos 4×4!» s’écriait récemment l’un des tours opérateurs (TO) européens présents à une conférence sur le tourisme au Maroc. Une telle déclaration ne peut être qu’une sonnette d’alarme qui se justifie pleinement face au sérieux de la problématique, celle du risque encouru par les touristes transportés au Maroc. Concrètement, il s’agit de «l’insuffisance de la prime d’assurance en matière de transport», accordée aux touristes étrangers, ou à vrai dire, aux sinistrés. En effet, ces derniers courent un certain risque lorsqu’ils partent à l’aventure dans le Sud et particulièrement lorsqu’ils effectuent des randonnées en 4×4.
Des véhicules hauts sur pattes qui, théoriquement peuvent passer partout, mais qui, du fait de leur architecture et de leurs aptitudes, sont potentiellement plus dangereux qu’une berline ou une voiture ordinaire.
Et, sur le plan matériel, beaucoup de professionnels du secteurs estiment que l’assurance en matière de 4×4 reste insuffisante par rapport aux garanties avancées aux touristes étrangers, et ce, à plusieurs égards: niveau d’indemnisation, assistance médicale, rapatriements… etc.
En fait, et comme nous le précise M. Chaoui, le P-dg de Excel Tours, le problème concerne l’assurance du transport touristique en général. Ce TO prend un exemple simple, mais assez significatif, pour nous donner une idée précise sur l’inadéquation de la prime d’assurance en question, qui ne prend en considération que le niveau de vie marocain. «Un individu qui perd une jambe au Maroc, suite à un accident de voiture, touchera une indemnité d’assurance ne dépassant pas les 150.000 Dhs, alors qu’en Europe, le même sinistré aura droit à une compensation oscillant entre 300.000 et 1 million d’euros !», dit-il. Du coup, et pour palier à cette disparité, les agences de voyages marocaines sont obliger de recourir à une assurance complémentaire, sans quoi, les TO européens ne suivront pas.
Interpellé à ce sujet, l’un des TO marocains n’a pas manqué de pointer du doigt les propriétaires de Riads, qui ont le plus souvent recours à de petites entreprises marocaines de transport touristique.
De modestes exploitants (employant notamment d’anciens chauffeurs retraités) qui, pour être ultra compétitifs aux Riads et autres petites structures hôtelières, assurent le minimum légal en matière d’assurance automobile.
Cependant, certains professionnels ne reconnaissent aucune ambiguité en matière d’assurance des véhicules 4×4. C’est le cas par exemple de Jean-Jaques Bouchet, directeur général de Fram Orange Tour et de International Tourisme Cars (deux filiales du groupe français Fram), qui tout en reconnaissant l’importance des risques encourus pas les touristes transportés en 4×4, a affirmé : «nous avons une flotte de 4×4 que nous assurons dûment chaque année et nous n’avons pas de souci quant à l’assurance des touristes transportés».
Pourtant, il suffit que nos routes (assez réputées pour être meurtrières) soient le théâtre d’un accident mettant en cause des touristes, transportés dans un 4×4 ou un minibus, pour que la presse européenne se déchaîne et fasse toute une «mauvaise» publicité au produit Maroc. L’histoire relativement récente est d’ailleurs là pour nous rappeler qu’un autocar touristique, appartenant de la société Fram justement, avait été pulvérisé par un train lors d’un passage à niveau, faisant plusieurs morts.
Un scénario aussi funeste ne peut qu’induire une baisse du flux touristique. Tel est le risque encouru par le secteur tout entier, si le vide législatif en la matière, n’est pas comblé dans le moyen terme.