Economie

L’audit social appliqué à l’entreprise

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ALM : Moyen de garantir une mise à niveau « sociale » de l’entreprise, l’audit social commence à faire parler de lui au Maroc. Mais, tout d’abord, qu’est-ce que l’audit social ?
Bouchaïb Serhani : A l’instar de l’audit interne ou du contrôle de gestion, l’audit social, jugement sur les situations, et non pas sur les personnes, qui doit reposer sur des critères objectifs et des faits et ce, à partir de preuves irréfutables. C’est aussi une mission de conseil, de contrôle, d’enquête, d’étude, d’expertise et d’inspection. Il s’agit d’une démarche spécifique d’investigation et d’évaluation qui, contrairement à l’audit financier qui obéit à des normes toutes faites, repose sur un référentiel. A partir d’un référentiel connu, soit réglementaire (lois, règlements, directives internes, normes obligatoires), soit normatif (budgets, programmes, normes type AFNOR, ISO 14000), l’audit constate, vérifie et évalue les écarts entre ce qui devrait être (référentiel prescrit) et ce qui est réalisé. En règle générale, l’audit social est dicté par la volonté de l’entreprise de savoir où elle se situe par rapport aux normes, procédures, lois et aux bonnes pratiques, c’est-à-dire aux règles de l’art.
Qu’en est-il du contexte marocain ? Quel peut être l’intérêt de cette démarche pour l’entreprise marocaine ?
Les entreprises marocaines sont également concernées par cette démarche. Et pour cause, plusieurs d’entre elles ne sont pas au fait de la réglementation en vigueur actuellement au Maroc, encore moins des conventions et accords ratifiés par le Maroc. Elles ne peuvent donc pas mesurer le degré de leur conformité, ou leur écart, par rapport aux règles établies. Un auditeur a pour tâche justement de construire un référentiel à l’entreprise sur lequel son investigation sera basée. Une opération qui nécessite plusieurs mois de travail et à l’issue de laquelle l’auditeur social tire des conclusions en matière d’écarts observés et de recommandations, sans pour autant intervenir dans leur réalisation. L’autre aspect important est que l’entreprise marocaine ne peut être isolée du reste du monde. J’en veux pour preuve l’Accord de libre-échange que le Maroc compte conclure avec les USA. Ce pays ne peut accepter des produits d’un autre pays, sans que ce dernier soit conforme à ses propres normes, dont la plus importante est l’A.S 8000. Cette norme tient compte de plusieurs aspects d’ordre social. Il s’agit à titre d’exemple de l’emploi des enfants, de la discrimination qu’elle bannît, de la liberté de choix syndical de l’égalité des salaires entre personnes ayant un poste identique. Cette norme nous sera imposée, ainsi que plusieurs, à l’image de la loi sur le bio-terrorisme.
D’après les différentes évaluations que vous avez menées, quels sont à votre avis les principaux écarts relevés pour l’entreprise marocaine ?
Il faut avant tout de préciser que l’association en est à ses débuts et que l’on ne peut pas d’ores et déjà énumérer scientifiquement les principaux écarts que connaissent les entreprises marocaines. Mais, globalement, et quelles que soient la taille ou l’importance de l’entreprise, certaines sociétés ne respectent pas la législation de travail, notamment en matière d’immatriculation à la CNSS et de rémunération d’heures supplémentaires. D’autres, sans préméditation aucune, communiquent des paies erronées.
Quelles sont les origines de l’IAS Maroc ? Et qu’est-ce qui justifie le choix du moment de sa création ?
Les praticiens marocains, globalement membres de l’AGEF, Association des Gestionnaires et Formateurs de Personnel, des enseignants et des chercheurs marocains, ont connu l’IAS (France) à travers ses universités d’été qui se tiennent les derniers jeudi et vendredi du mois d’août de chaque année. Ces forums ont été étendus à d’autres universités, celles du printemps, créées à la demande des participants maghrébins et qui se tiennent dans les pays du pourtour méditerranéen. Ces forums ont toujours été, et sont encore de nos jours, les lieux d’échanges entre ses membres français et étrangers. C’est à ces occasions qu’un membre de la délégation marocaine, toujours la plus importante en nombre de participants, suggéra depuis 1996 la création d’un IAS au Maroc à l’instar de l’IAS France. C’est finalement en 1999 que l’IAS Maroc a vu le jour dans un contexte privilégié suite à la mondialisation, l’ouverture de nos frontières générant une vive concurrence étrangère et les privatisations. A l’image des années 80 pour l’Europe, ce contexte marocain a dicté l’urgence de la mise en place de cette entité sous forme d’association avec pour finalité de sensibiliser l’entreprise marocaine à l’audit social, de promouvoir, développer et organiser des cycles de formation d’auditeurs sociaux.

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