Economie

Le Maroc à Palerme

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Plusieurs opérateurs économiques membres de la puissante Confindustria (patronat) italienne ont manifesté leur intérêt pour le marché marocain, destination touristique prisée, débouché sur l’Afrique du Nord et subsaharienne, mais au potentiel industriel encore trop "méconnu".
Les opérateurs italiens approchés par la MAP au cours des quelque 2.800 rencontres programmées dans le cadre du Forum économique méditerranéen (Palerme, 21-22 février) au profit des acteurs économiques de la rive sud, ont, en outre, évoqué la proximité géographique et culturelle ainsi que la conclusion de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, des arguments qui militent, selon eux, en faveur du marché marocain.
Le directeur général de la région Afrique, Méditerranée et Moyen-Orient au sein de la Confindustria, Pier Luigi d’Agata, est formel, le Maroc dispose d’atouts certains mais n’est pas "suffisamment identifié comme étant un pays à fort potentiel industriel",  soulignant qu’au sein du patronat italien, "nous travaillons pour sensibiliser les PME à s’introduire sur ce marché".
Bien que frileuses à cause de leur structure à caractère familial, les PME/PMI italiennes sont de plus en plus tentées par l’expérience internationale. Avec "l’Egypte et la Tunisie, le Royaume figure parmi les marchés les plus intéressants pour l’Italie", estime Giula Repetto du patronat de Milan qui regroupe quelque 6.000 entreprises dont 97% sont des PMI.
Les PME/PMI italiennes exportent beaucoup plus qu’elles ne s’implantent, répliquera en écho Claudio Voltolina, directeur commercial d’une société de service et de conseil international établie au Maroc.
Fort d’une expérience concluante de 15 ans dans le textile et la chaussure dans le marché marocain, le président du patronat de Trévise, Andrea Tomat, lui, louera les avantages de la législation marocaine qui ne cesse de s’adapter à l’évolution des affaires. De plus, souligne-t-il, les infrastructures de base et les NTIC correspondent de plus en plus aux standards internationaux.
Le Maroc peut devenir, ajoute-t-il, une tête de pont pour la conquête du marché maghrébin, notamment dans le domaine de la chaussure ou de l’agroalimentaire.
Pour Pier Luigi d’Agata, le Maroc serait un véritable relais pour l’internationalisation des PME italiennes. Pour ce faire, il estime nécessaire la consolidation de l’Union du Maghreb arabe (UMA), le marché marocain, à lui seul, étant un débouché "étroit". Les différents opérateurs appellent, de ce fait, le Maroc à faire preuve de plus d’agressivité en matière de communication. Les opérateurs marocains présents au forum reconnaissent eux-mêmes la timidité de leur approche. "Le marché italien est à notre portée", estime M. Obaid Amrane, du ministère des Finances et de la Privatisation, et "nous avons tout intérêt à “challenger” nos partenaires traditionnels".
Pour sa part, M. Abdellatif El Morjani, directeur général de la Banque centrale populaire, estime que le Maroc aura plus à gagner en adoptant une stratégie de la "spécialisation des interlocuteurs" par secteur pour plus de professionnalisme et de persuasion.
Les opérateurs marocains, présents au Forum méditerranéen de Palerme (Sicile), ont mis en avant devant un parterre d’investisseurs italiens et de leurs homologues de la rive du sud de la Méditerranée les atouts du Maroc émergent, un pays "libéral, compétitif et stable".
La confédération générale des Entreprises du Maroc (CGEM), la direction des Investissements (Affaires économiques et générales), le ministère des Finances et de la Privatisation et la Fédération des institutions bancaires et financières au sein de la CGEM ont énuméré, tour à tour, le processus de modernisation engagé notamment à travers le plan "Emergence" qui définit les grands métiers d’avenir dans le pays. Le Maroc attractif, c’est également les accords de libre-échange conclus récemment avec les Etats-Unis et la Turquie et que le Royaume compte mettre à profit pour dessiner les contours d’un partenariat plus fructueux, ont tenu à rappeler les intervenants devant les opérateurs et institutionnels méditerranéens à ce forum de deux jours.
Il s’agit aujourd’hui de traduire dans la réalité économique les accords de libre-échange conclus avec l’Union européen (UE), soulignera Hassan Chami, président de la CGEM, pour qui, une telle démarche suppose au préalable de faciliter les échanges Sud/Sud "pris en otage par certains obstacles politiques".
"En tant que partenaires de la rive sud, notre objectif est de donner un contenu concret à ces accords", regrettant que certains obstacles politiques "entre l’Algérie et le Maroc soient un frein à cette intensification des échanges" conditions nécessaires, selon lui, à la création d’une zone de prospérité commune.
Il annoncera, toutefois qu’avec "nos homologues algériens et tunisiens, nous examinons à Palerme la mise en place d’un Observatoire des échanges économiques maghrébins".
Un deuxième point que développera M. Chami vise à mieux faire connaître à la rive Nord les efforts en matière d’accueil d’investissements et les opportunités offertes par nos pays respectifs.
"Au Maroc, nous offrons une transition démocratique, des réformes économiques, un environnement législatif et réglementaire des plus favorables, en plus des efforts d’investissement et d’infrastructure pour créer un climat des plus attractifs à l’acte d’investir", a-t-il dit, ajoutant que le Maroc, c’est aussi la mise à niveau social à travers l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), un nouveau code du travail, l’Assurance-maladie obligatoire (AMO), le nouveau code de la famille, autant de chantiers qui permettent de donner une visibilité aux opérateurs en matière de stabilité sociale.
Le Maroc est confiant dans son capital image et économique, en témoignent les résultats de l’étude du cabinet international Ernst and Young, livrés par Mme Laïla Sbiti de la Direction des investissements.
Dans cette étude sur le baromètre d’attractivité du Royaume menée auprès de 203 décideurs étrangers dont les 2/3 ne sont pas implantés au Maroc, les sondés citeront la proximité des marchés européens (71 %), le climat social stable (62%) et le niveau des charges et des coûts salariaux au Maroc qui attire à hauteur de 61% des sondés contre notamment 17% pour la France.
Si le Maroc a, par ailleurs, reçu le label social sur les centres d’appels pour lesquels il reste la première destination plébiscitée, il doit en revanche faire face notamment au défi de la formation et de l’éducation. Il est impératif, soulignera-t-elle dans ce tableau sans complaisance, d’améliorer les procédures administratives, les infrastructures de transport et de logistique et de renforcer l’expertise sectorielle.
Présentant les réformes du secteur financier, Amrane Obaid du ministère des Finances et de la Privatisation, citera d’emblée l’adoption en 2005 d’une nouvelle loi bancaire ainsi que le nouveau statut de Bank Al-Maghrib, insistant sur l’ouverture du système bancaire aux participations étrangères.
Un autre point sur lequel insistera l’intervenant : les règles de supervision conformes aux standards internationaux en vigueur. Il évoquera également l’adoption d’un système de financement innovant tels que le capital risque, la réforme des instruments de mise à niveau pour répondre, dit-il, au mieux aux attentes des opérateurs économiques. Pour sa part, le responsable des institutions bancaires au sein de la CGEM Abdellatif El Morjani, vantera la performance du système bancaire, l’un des mieux structurés et des plus solides au plan maghrébin.
Le Maroc peut être fier de son système financier, insistera-t-il devant ses pairs méditerranéens, bien au contraire dit-il, en invitant les investisseurs potentiels à rejoindre les opportunités offertes par un système financier stable. A la faveur des dernières privatisations, ce système joue son rôle de pourvoyeur de financement aux entreprises dans un cadre concurrentiel libéral, a-t-il noté, se disant convaincu que les investisseurs trouveront le cadre incitatif adéquat et une offre de capital aux meilleures conditions. 

Bouchra Benyoussef
Envoyée spéciale de la MAP

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