L’économiste français, Henri-Louis Védie, a souligné jeudi le « choix judicieux du Maroc et de son Roi » en se tournant vers les énergies renouvelables qui devrait en faire, à terme, un « exportateur d’énergie verte » à destination de l’Europe.
Dans une tribune, parue au journal français Le Figaro, l’universitaire, professeur émérite du groupe HEC-Paris, souligne le tournant louable pris par SM le Roi Mohammed VI vers les ressources naturelles, il y a cinq ans, consécutif au lancement de projets structurants forts consommateurs d’énergie, mais qui ont le mérite de hisser le Royaume parmi le rang des pays émergents.
« Pays peu doté en ressources naturelles, à l’exception des phosphates, le Maroc n’a cependant pas hésité, à l’initiative du Roi Mohammed VI, à se lancer dans de grands projets structurants qui lui permettent d’être aujourd’hui dans le camp des pays émergents », écrit-il.
« Ces projets, forts consommateurs d’énergie, comme l’a été également la croissance soutenue du pays entre 2000 et 2010 (5,9 pc en 2009), ont montré la dépendance du pays aux importations du pétrole » et « c’est pourquoi le pays a mis l’accent depuis 2007 sur la nécessité de développer les énergies renouvelables, tout en maintenant une politique de croissance privilégiant aussi le développement durable », explique l’universitaire français.
Une politique qui « porte déjà ses premiers fruits », selon lui, « puisque la facture énergétique est tombée en 2010 à 54 milliards de dirhams (près de 5 milliards d’euros), contre 70 milliards en 2009 ».
Tout en relevant la pertinence des plans solaire, éolien et hydraulique marocains, le Pr Védie estime que ces choix « stratégiques » devraient d’ici à 2020 « révolutionner le marché euro-méditerranéen, faisant du Maroc un pays exportateur d’énergie propre, à destination principalement de l’Espagne et de la France ».
« Au-delà de la réduction de la facture énergétique importée, le Maroc devrait exporter 20 pc de son énergie verte à l’horizon 2020-2025 », notamment vers ses voisins méditerranéens, affirme l’universitaire, citant les estimations des économistes de l’université autonome de Madrid.
Ces mêmes économistes évoquent: « 11 heures de luminosité par jour, 14 km de distance entre le nord du Maroc et le sud de l’Espagne, l’existence de câbles d’interconnexion avec le réseau européen ».
« Que de chemin parcouru depuis l’époque où l’Espagne vendait de l’électricité au royaume », commente l’universitaire français, convaincu que la France « ne devrait pas être en reste ».
Lors d’un forum euroméditerranéen consacré à l’efficacité énergétique, en mai 2011, l’ancien ministre français de l’Industrie, Eric Besson, « justifiait par avance cette acquisition d’énergie verte, par la nécessité de réduire la production de CO2, se plaçant dans la logique du plan solaire méditerranéen auquel est associé étroitement le Maroc », rappelle-t-il.
« Ainsi, le Maroc et son Roi ont fait un choix judicieux, en se tournant vers les énergies renouvelables bien que le pays soit parmi ceux à faible émission de gaz à effet de serre au monde. Oser, c’est là aussi l’originalité marocaine », conclut le Pr. Védie.
Ce fin connaisseur du Maroc est notamment l’auteur de l’ouvrage « Une volonté plus forte que les sables » (2008), où il analyse avec force détails la stratégie de développement durable retenue dans le cas des provinces du sud.