Economie

Le pétrole poursuit sa course des records

Le pétrole a repris sa course folle vers les sommets lundi, en touchant pour la première fois de l’histoire les 120 dollars le baril sur de nouvelles perturbations de la production au Nigeria, ce qui fait dire à nombre d’analystes que la spéculation n’est pas près de cesser. «Les prix ont encore une bonne marge de progression», lance Ben Tsocanos, stratège à l’agence de notation financière Standard and Poor’s. Le baril de «light sweet crude» est monté à 120,36 dollars vers 17h20 GMT sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), un niveau inédit depuis le début de la cotation du brut en 1983 à New York. Ce qui constitue un gain de 4,04 dollars par rapport à son niveau de clôture de vendredi. A Londres, où s’échange une qualité de pétrole plus lourde et plus soufrée –et donc moins chère– un nouveau record a également été enregistré, le baril de Brent de la mer du Nord se hissant à 118,50 dollars. Des deux côtés de l’Atlantique, les prix de l’or noir ont quasiment doublé en un an. «Toute menace sur les disponibilités rappelle aux investisseurs que les capacités de production sont faibles, d’où la volatilité des prix», explique Eric Wittenauer, analyste chez Wachovia Securities. Des sabotages sur les installations nigérianes du groupe pétrolier Shell et un regain de tensions géopolitiques entre l’Occident et l’Iran, deuxième producteur au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ont ainsi ravivé les craintes du marché devant l’équilibre précaire entre une offre limitée et une demande en forte croissance. Des militants du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND) ont attaqué des installations pétrolières appartenant à Shell dans le sud du Nigeria, a indiqué dimanche le mouvement armé. Quelques oléoducs ont été touchés et Shell, qui exporte environ 900.000 barils par jour (b/j) sur une production nationale de 2,5 millions b/j au Nigeria, a dû ralentir sa production, a indiqué un porte-parole du groupe. Huitième exportateur mondial de brut, le Nigeria ne produit plus depuis un an qu’un peu plus de 2 millions de b/j, soit un recul de 25% de sa production normale, en raison de l’insécurité régnant dans les zones de production. L’Iran, par la voix de son guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei, a pour sa part ranimé le bras de fer qui l’oppose à l’Occident, en affirmant qu’il allait poursuivre son programme nucléaire malgré les menaces des grandes puissances. Au vu de ces craintes renouvelées sur les approvisionnements, «la bulle pétrolière n’est pas près d’éclater», estime Phil Flynn, analyste chez Alaron Trading, d’autant que les stocks mondiaux diminuent et que les économies des pays émergents, Chine et Inde en tête, consomment toujours plus d’énergie. «C’est la prudence qui pousse les investisseurs à se jeter sur le pétrole dès qu’il y a des interruptions de production», souligne Ben Tscocanos. Mais pour James Williams (WTRG Energy), «par le passé, les marchés ont fait face à des interruptions de production et ont appris à intégrer ce facteur. Quand il y a des sabotages sur un oléoduc, on répare, ça ne prend que quelques jours, et ça ne justifie pas une envolée vertigineuse des prix». En fait, face à l’effondrement du secteur immobilier et le ralentissement de l’économie mondiale, «les investisseurs n’ont pas d’autre endroit que le pétrole pour placer leur argent et espérer une rentabilité», poursuit-il.
En conséquence, «tant qu’on n’aura pas dépassé les 125 dollars le baril, un répit n’est pas à envisagé», prédit Mike Fitzpatrick (MF Global).

• Luc Olinga (AFP)

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