Economie

Le tourisme, une affaire de marketing

La stratégie de promotion des différents sites touristiques est amorcée. La présentation du projet de la station touristique de Taghazout a en effet eu lieu samedi devant un ensemble de tours opérateurs européens et marocains. De par votre contact permanent avec des investisseurs potentiels, à quoi s’attendent-ils en particulier d’une telle action ?
La volonté de promouvoir le secteur est certes manifeste : Le lancement des zones d’aménagement touristiques qui seront par la suite étendues à des sites autres que ceux préalablement identifiés en témoigne. Les avantages accordés aux investisseurs ne font que le prouver. La défaillance existe par ailleurs au niveau de la partie communicationnelle, informationnelle et marketing. Les investisseurs potentiels ne connaissent pas l’offre marocaine dans tous ses détails. La solution à envisager doit consister à mettre en place une banque de données relative aux différents projets touristiques. Toutes les données à même d’intéresser l’investisseur doivent y figurer, tels le thème des projets et leurs lieux d’implantation, la qualité et la nature du tourisme à y développer, leur assiette foncière, le montant de l’investissement à débloquer en leur faveur…
Car il ne suffit pas de montrer aux investisseurs des maquettes joliment dessinées pour les attirer et stimuler leur intérêt. Mais il s’agit essentiellement d’assaisonner tout ça d’une masse d’informations qualitatives sur les chantiers en question. Aussi, on peut facilement remarquer que l’aspect marketing n’est pas entrepris ou, et ce dans les meilleurs des cas, se trouve timidement engagé. Il requiert pourtant une importance capitale puisqu’il est censé sensibiliser les investisseurs et les opérateurs économiques en général sur les opportunités et potentialités d’investissement en matière de tourisme. Les rendre plus attractives et plus accessibles constitue son enjeu principal. Or, on remarque que l’effort en la matière n’atteint pas les degrés de performance espérés. Il incarne des actions ponctuelles programmées à l’occasion de réception de délégations d’investisseurs. Le marketing qu’il faut déployer consiste quant à lui à mettre à la disposition des investisseurs des banques de données avec des moyens interactifs et multimédias. Dans ce sens, pour chaque projet, il n’est plus tolérable de se limiter à visualiser les sites, mais proposer pour chacun d’eux une multitude d’idées qui puissent capter l’intérêt de l’investisseur. L’expectative n’est plus de l’air du temps. La conjoncture mondiale impose une attitude volontariste. Et c’est ce qui peut constituer la clé de voûte pour le développement intégré du secteur.
Quelles en sont justement les contraintes?
Il s’agit avant tout d’une affaire de délimitation des responsabilités. Il faut identifier qui fait quoi. Déterminer les responsabilités et les rôles de chacun. Il faut impérativement élaborer un plan d’action pragmatique et prêt à l’emploi. Nous remarquons qu’aujourd’hui les rôles sont dilués. Les objectifs à atteindre ne sont pas ficelés. A son niveau, la loi-cadre a été élaborée sans concertation et sans faire appel à la participation du corps professionnel. Je fais référence ici aux professionnels du privé qui n’ont pas été associés à ce travail.
Qu’auraient-ils pu apporter de plus par rapport à ce qui a été effectivement fait ?
Ils ont à apporter une approche et une méthodologie scientifique de travail. Basée sur le discernement, elle est supposée identifier d’abord les besoins du secteur et traduire les désirs réels des professionnels.
Proposer des solutions idoines vient en deuxième lieu. Les besoins des collectivités locales sont aussi à prendre en considération. A ce niveau, il est essentiel de s’inspirer des textes sur la régionalisation et la décentralisation, occultés dans le cadre de la loi-cadre en question. Aussi, il faudrait savoir à qui va profiter cette loi-cadre et quels sont les moyens mis en place pour la mettre en application et surtout ne négliger aucun des partenaires qui s’y trouvent impliqués directement ou indirectement.
Ceux qui ont élaboré le projet de la loi-cadre constituent un puzzle d’hommes d’affaires qui épousent les mêmes convictions et qui ont les mêmes objectifs. Il s’agit d’une confrérie d’intérêts, voire d’un club privé qui fait de la fédération du tourisme une institution non représentative des professionnels. La question qui se pose dans ce sens est de savoir si la fédération exprime la voix la plus plausible au vue de l’ensemble des professionnels et des régions du Maroc. Si oui, comment expliquer alors le manque de coordination et de solidarité dans l’action, la stratégie et la décision à ces niveaux ?
Parlons des régions. Peut-on parler de provinces plus attractives que d’autres ou s’agit-il de niches sur lesquelles le Maroc peut avoir des avantages comparatifs ?
Permettez-moi d’exprimer un avis qui me tient vraiment à coeur. En axant l’essentiel de la stratégie de relance du secteur sur le balnéaire, nous avons tendance à hypothéquer l’avenir du Maroc. Il faut savoir que notre pays est durement concurrencé sur ce segment notamment par les pays méditerranéens et autres contrées de l’Amérique Latine. Je le redis encore une fois, nous nous limitons à ce créneau alors que nous disposons d’un patrimoine culturel et architectural qu’il faut développer à bon escient. Le tourisme sportif, de thermes, de montagne, de croisière sont à promouvoir.
Ceci étant, même au niveau du balnéaire, la donne a considérablement changé. Car l’ère de «bronzer idiot» est révolue, la nouvelle configuration balnéaire repose sur l’équipement et l’infrastructure d’accueil et d’accompagnement et non seulement sur la richesse naturelle.

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