Economie

le Trekking au Maroc en question

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«Cela pouvait arriver partout et à tout le monde», entend-on dans les milieux professionnels de Marrakech. L’avalanche qui a coûté la vie à trois touristes français, amateurs de la montagne, était soudaine. Le circuit organisé par l’agence Cultures- Natures- Voyages, entreprise sise à la rue Oum Rabia à Marrakech, devait passer par le massif du Mgoun, à 4068 m au-dessus du niveau de la mer.
Rien à voir avec les Alpes françaises, il s’agit de sommets praticables par des randonneurs moyens et qui ne présentent, selon les opérateurs contactés, aucun danger entre les mois de mai et octobre. Les quatorze touristes formant le groupe de randonneurs sont amenés par un guide de montagne, diplômé et patenté.
Le 16 septembre, soit le quatrième jour du trekking, le groupe décide de prendre la direction du sommet de Mgoun. Un petit conciliabule a eu lieu entre le guide marocain et le guide français à propos des conditions météorologiques. Pendant quatre heures, les touristes ont évolué sur un sentier normal. La dernière heure fut difficile à cause d’un vent fort. Une fois au sommet, une bourrasque violente suivie d’une forte pluie et de grèle très froide se mêlent de la partie. L’avalanche fauche trois femmes, âgées toutes de plus de 60 ans. Les trois victimes ont été toutes transportées à l’hôpital Sidi Hssein à Ouarzazate et deux disparus qui seront fort heureusement retrouvés et ramenés à Marrakech. A noter que malgré ce coup dur, six personnes du groupe, envoyées par l’intermédiaire de la Fédération française de la retraite sportive ont préféré continuer l’aventure.
Pour la jeune activité du trekking au Maroc, encore balbutiante, l’avalanche n’est-elle pas matière à reflexion ?  Loin de nous l’intention de pointer du doigt une quelconque partie. Mais à entendre les professionnels, l’on se demande si toutes les conditions techniques sont réunies pour faire de la montagne marocaine un lieu de tourisme.  Pour Rachid Berrada, propriètaire de Sports et Loisirs, pour accompagner cette activité, une équipe d’assistance bien équipée est indispensable. «Il est vrai que financer une équipe d’intervention avec  un hélicoptère est cher, mais il nous faut de l’assistance pour les cas d’urgence ». Qui plus est, les montagnes marocaines ne disposent pas de signalétique. Là, la confrontation est vive entre d’une part les partisans de la pureté de la nature, ceux qui pensent qu’il faut laisser la montagne vierge de tout repère, «pour en garder le charme et l’aspect pittoresque ». Un autre agent rajoutera: «Pour préserver le métier du guide». Tout le monde ne voit pas le problème de la même façon. Pour un haut responsable touristique de la région, il faut que les gardes forestiers, le département de l’Environnement, les collectivités locales et tous les intervenants travaillent à la mise en place d’indications comme «risque d’avalanches», «tempête».
De même, il faut, rappelle-t-il que les agences engagées dans cette activité apprennent à consulter la météo et à fournir aux gendarmes deux à trois jours d’avance la liste complète des touristes faisant partie de leurs circuits et leurs itinéraires.
Force est de dire qu’actuellement, ces suggestions ressemblent à des vœux pieux. A une agence qui veut se lancer dans la spécialité, il n’est demandé ou presque, en plus de la licence A, que de disposer d’un guide expérimenté.
Nous n’avons pas retrouvé dans les textes de trace de cahiers des charges ou de dispositions particulières. Un vide que ne manqueront pas d’exploiter les francs-tireurs. D’après les opérateurs, la concurrence déloyale mine le secteur. Nombre de guides recyclés feraient du trekking sans autre disposition que celle que leur donne une parfaite connaissance du terrain.
C’est ce qui risque de tuer le «trekking», renchérit M. Berrada qui présente l’activité comme celle qui connaît le plus grand nombre de taux de retours. La rentabilité n’est pourtant pas au rendez-vous, à en croire les professionnels. « Sur un séjour de 340 euros, nous récupérons à peine 50 euros », dixit un agent de voyages spécialisé. Partisan du tourisme rural, le ministère du tourisme promulguera-t-il une note pour encadrer le secteur, en attendant des dispositifs plus appropriés ?

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