Economie

« Le Web se fera manger par le mobile »

© D.R

ALM : Le mobile occupe une place importante dans la stratégie actuelle et future de Viadeo. Pourquoi se concentrer sur ce créneau?

Dan Serfaty  : Pour nous le futur c’est le mobile. Je dis bien le futur parce que certains penseront que ceci se concrétise d’ores et déjà et que le mobile prend de l’ampleur. Toutefois, si l’on revient vers 1993, 1995 et que l’on fasse défiler le début du Net on se rendra compte que l’on a fait bien du chemin depuis. Pour le mobile, on en est exactement au même stade, on est au tout début d’une révolution du mobile. Ce n’est que le début d’une belle évolution. Il devrait y avoir un million d’applications et un milliard de sites web aujourd’hui, cette donne changera dans les années à venir.

Conscients de cela, nous nous sommes organisés chez Viadeo de façon à se préparer à cela et nous avons carrément créé un département mobile indépendant. Nous avons appelé ça «la start-up dans la start-up». C’est un modèle de management totalement autonome avec une équipe marketing, produit, etc. Le Web se fera manger par le mobile et je pense qu’il faudrait se munir des outils nécessaires pour y faire face.

Vous avez lancé une version arabe de Viadeo. Bien qu’elle ait attiré pas moins de 500.000 membres. Quelle serait son utilité dans un environnement économique et professionnel plutôt francophone tel que le nôtre ?

Techniquement, la mise en opération de cette version était très compliquée, notamment pour ce qui est de la traduction de l’ensemble des fonctionnalités de Viadeo en arabe classique. Traduire en italien, espagnol ou autre n’est pas sorcier. Pour Viadeo nous avons fait le choix d’avoir une version chinoise, une russe et une autre arabe.
A croire qu’on a tout fait pour choisir la complexité (Rires). Ceci dit, contrairement à notre concurrent qui adopte la politique d’un même produit pour toutes les cibles, à Viadeo nous avons fait le choix d’adapter notre interface et nos services à la culture de la région/pays où l’on opère.

Pour ce qui est de la version arabe, notre volonté est de rendre accessibles à tous les opportunités d’emploi, business, relations ou autres et qui peuvent se trouver sur notre plate-forme. Si l’utilisateur est plus à l’aise en communication en arabe qu’en d’autres langues, ça lui facilite les choses et ça lui permet de mettre ses atouts en valeur dans la langue qu’il maîtrise le plus. Nous ne voulons exclure personne, dans notre approche locale on ne cherche pas les 10% des décideurs et acteurs économiques et élite qui communiquent en français entre eux, on cherche plutôt la grande marge qui pourrait éventuellement parler français mais l’arabe est la langue dans laquelle elle aimerait avoir des échanges.

A suivre votre raisonnement, ne serait-il pas plus logique d’atteindre des cibles dans des régions où l’arabe a plus de poids tel le Moyen-Orient ?

Nous n’excluons rien. Ceci peut être une prochaine étape de développement. En revanche nous serons confronté à la même situation qu’ici puisque l’élite dans ces pays est plutôt anglophone. La raison qui nous empêcherait de nous installer dans ces régions est surtout d’ordre démographique. Ces zones sont très peu peuplées et nos retours sur investissement ne seraient pas aussi exponentiels qu’ici car, comme nous agissons de manière locale, il nous faudra sur place une équipe locale, des partenariats locaux et un local. En termes de taille, ces marchés ne sont pas suffisants et ne justifieraient pas nos injections de fonds donc. Le marché égyptien, en revanche, est d’un très grand potentiel mais l’instabilité politique qui y règne en ce moment freine nos ambitions.

En dehors de l’Afrique francophone, c’est donc l’Egypte qui vous tente le plus ?

En plus de l’Egypte, il y a le Nigeria qui nous intéresse énormément. Quand on regarde un pays on est obligé de prendre en considération sa taille. Ouvrir à Dubai, par exemple, ne nous sera d’aucun apport.

Nous sommes aujourd’hui plus d’un million de Marocains sur Viadeo. Soit le tiers des utilisateurs qui viennent vers vous en Afrique. Quel est le portrait robot de ce Marocain qui a le plus recours à vos services ?

Il a entre 25 et 34 ans et il est diplômé Bac+3 ou Bac+4. Aujourd’hui il y a un million d’utilisateurs du Maroc mais au tout début, ça avait commencé avec des gens branchés entrepreneuriat et high-tech comme dans tous les pays. Cette catégorie est plus sensible à ce genre de services. Aujourd’hui la base est en train de s’élargir et on touche un peu à toute les industries et branches.

A Viadeo nous ne sommes pas très bons en agriculture, en France non plus.
Ce n’est pas notre secteur naturel mais pour tout ce qui est services et industrie nous commençons à être de plus en plus représentatifs. Dans des pays plus mûrs comme en France, notre population correspond au marché de l’emploi, au Maroc il y a encore une plus grande attractivité vers les diplômés de haut niveau mais nous sommes en train d’assurer une plus correcte représentativité, d’où un partenariat que nous avons conclu avec l’Anapec et qui vise à renforcer l’employabilité des jeunes.

Nous avons appris que votre grand-mère était entrepreneur au Maroc. Etes-vous en train de prendre le relais familial ?

(Rires). Je suis originaire du Maroc et toute ma famille qui était installée ici à l’époque était dans l’entrepreneuriat. Une femme chef d’entreprise au Maroc il y a 50 ans de cela, tout comme dans les autres pays du monde d’ailleurs, il ne devait pas y en avoir beaucoup d’autant plus que les employées femmes à cette époque-là étaient d’une rareté extrême. Mes parents ont fait l’exception, ma mère était professeur et mon père salarié chez le Groupe Danone en France. Quant à moi, j’ai toujours été entrepreneur, je ne me vois pas et je ne pense pas savoir faire autre chose, donc oui, vous pouvez dire que je reprends le relais.

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