Economie

L’Egypte remporte la bataille du gaz

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Après des années de négociations, et quelques éclats politiques, c’est l’Egypte, récemment devenue le 6ème exportateur mondial de gaz, qui achètera, au détriment d’Israël, du gaz trouvé au large de la bande de Gaza.
"Les Palestiniens ont du gaz que nous pensons utile en Egypte, et ils ont besoin d’argent, nous travaillons avec eux", a déclaré à l’AFP le ministre égyptien du Pétrole, Sameh Fahmi. L’Egypte, retenue in fine par l’opérateur britannique du gaz palestinien, British Gas (BG), gagnera sur les deux tableaux, en vendant aussi à partir de 2008 son gaz à Israël, qui n’est parvenu à signer aucun autre contrat. Provoquant la consternation en Israël, BG a annoncé lundi qu’il rompait de longues et tortueuses négociations avec le gouvernement israélien sur la fourniture du gaz offshore de Gaza, grande manne pour les Palestiniens à l’horizon 2010.
Le "surplus de gaz ira en Egypte, où il sera traité et liquéfié à Idku, au nord du Delta, avant d’être exporté", a déclaré à l’AFP Oscar Prieto, président de BG en Egypte, estimant que "faire affaire avec Israël était impossible". Officiellement, ces contrats ne relèvent pas du politique. Mais la réalité est souvent autre, compte tenu de leur nature stratégique. Sur le contrat pour la vente de gaz par l’Egypte à Israël, critiqué au Caire par l’opposition, M. Fahmi répond : "C’est un marché entre compagnies. Tous les contrats sont commerciaux, et doivent le rester, c’est tout". Objet d’âpres négociations, interrompues par la seconde Intifada palestinienne, il a pourtant fait l’objet d’un mémorandum signé en 2005 par M. Fahmi et le ministre israélien des Infrastructures, Binyamin Ben Eliezer. Ce contrat de 2,5 mds de dollars porte sur la vente annuelle pendant 15 ans de 1,7 md de m3 de gaz naturel à la compagnie électrique israélienne (CEI) par un consortium israélo-égyptien, East Mediterraneen Gas (EMG). Le gaz doit être exporté par un gazoduc sous-marin de 100 km en Méditerranée. "Ce pipeline sera achevé fin 2007," a dit M. Fahmi.
Parallèlement, BG et l’Autorité palestinienne avaient engagé des discussions avec Israël pour lui revendre du gaz, après la découverte surprise en 2000 d’un vaste gisement au large de la bande de Gaza. Mais l’ex-Premier ministre israélien, Ariel Sharon, avait mis son veto, arguant que les Palestiniens utiliseraient cette manne pour financer le terrorisme. Il avait tout misé sur le gaz égyptien, sans se rendre compte qu’il serait insuffisant. Car des opérateurs privés israéliens, refusant de dépendre de CEI, une compagnie publique, ont aussi cherché à obtenir d’EMG un approvisionnement au même prix (2,75 dollars le millier de BTU- unité utilisée pour le gaz) que CEI.
Devant l’échec de ces négociations, le gouvernement israélien a fait volte-face, tentant d’arracher un contrat à BG et la partie palestinienne pour l’achat annuel de 1,5 md de m3 de gaz palestinien.
"Impossible de s’entendre, Israël n’était pas prêt à payer les prix du marché. Economiquement et techniquement, son offre n’était pas mature, et en plus politiquement délicate", a estimé M. Prieto.
BG, géant mondial très implanté en Egypte, a obtenu une concession de 20 ans pour les champs de "Gaza Maritime", en partenariat avec CCC, compagnie de la puissante famille palestinienne Khoury (90% – 10 %). CCC et l’Autorité palestinienne ont une option pour augmenter leur part à terme à 40%. Un pipeline sous-marin de 40 kms sera construit vers les côtes égyptiennes. Ce gaz devrait d’abord permettre aux Palestiniens de se dégager de l’emprise israélienne en matière énergétique, en approvisionnant la centrale électrique de Gaza, aujourd’hui alimentée en diesel. L’exportation de son surplus vers l’Egypte à l’horizon 2010 rapportera 100 millions de dollars par an en taxes et royalties, théoriquement à l’Autorité Palestinienne et non au gouvernement Hamas, s’il est encore au pouvoir.

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