Economie

L’équation complexe des prix

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Le prix des hydrocarbures est une affaire trop sérieuse. C’est ce qui explique le report de la révision de la structure des prix. Tel est le constat qui se dégage à l’observation des tractations engagées autour de la révision de la structure des prix. Chacune des parties tire la couette de son côté, en essayant de faire valoir ses intérêts propres. C’est de bonne guerre, certes, mais les enjeux derrière sont plus importants. Il y va de l’approvisionnement du pays en cette matière si précieuse au fonctionnement quotidien. Les regards sont désormais rivés sur la révision de la structure des prix, une équation bien complexe, fixant le prix du produit fini, mais par là-même les marges revenants aux différents intervenants de la chaîne : raffineur, distributeur et grossiste. La cellule de réflexion, pilotée par le ministère de l’Energie et incluant différents départements ministériels, s’est réunie le lundi 4 août dernier. Elle a décidé de reporter la décision de réviser la structure des prix des hydrocarbures à la rentrée, plus exactement à la mi-septembre prochain. La dernière révision date de juillet 2002, alors que la première remonte à janvier 1995. Il est tout de même étonnant que depuis son instauration, cette structure soit contestée surtout par le raffineur national Samir. La dernière révision, conformément aux engagements pris lors de la privatisation du raffineur et du démantèlement douanier, a rétabli un juste équilibre de la part des uns et des autres. Toutefois, Samir, au lieu de chercher à pérenniser sa raffinerie, tient surtout à privilégier son statut d’acteur-dominant. Tout en agitant l’étendard d’un projet d’investissement visant la modernisation, mais surtout la pérennisation, de son activité, le raffineur plaide pour la révision, en sa faveur, de la structure des prix. C’est aussi de bonne guerre. L’argument principal est sa capacité, ou non, de rendre son projet bancable. Le cash-flow dégagé ne pourrait pas suffire au remboursement des emprunts. Or, ce programme d’investissement devait être consenti depuis déjà quelques années. Actuellement, un fort travail de lobbying s’exerce pour faire valoir ces intérêts. En face, les distributeurs ont les leurs. Non sans légitimité, ils n’ont de cesse de rappeler les efforts fournis, l’incendie Samir en témoigne, pour assurer un approvisionnement régulier du pays. En plus, les investissements sont sans cesse consentis dans ce sens. En plus des infrastructures du Jorf Lasfar, une unité de stockage de 200 mille tonnes a vu le jour à Mohammedia. Il lui suffit d’un accès à la mer, à l’aide d’un pipe-line, pour être fonctionnelle… Mais La SAMIR ne l’entend pas de cette oreille. Pour l’heure, côté administration, si Abderazak El Mossadeq, ministre en charge des Affaires générales du gouvernement reste insensible aux sirènes de l’investissement Samir, par contre la vision du patron de la Douane qu’il dirige, si elle est appliquée pourrait favoriser le raffineur. Les estimations des analystes, sur la base des volumes réalisés en 2001, font état d’un montant de 700 millions de DH qui reviendrait à Samir ! «Que ce soit à la douane ou au ministère, ma vision est la même. Mon analyse vise à instituer la pérennité d’un système le plus objectivement possible tenant compte du marché. Pour l’heure, chaque partie est tenue de convaincre de la justesse de ses positions. Quant aux interprétations, chacun est libre d’avoir sa lecture propre », affirme Abderazak El Mossadeq. Toutefois, le système des prix n’est pas une fin en soi. Au-delà des intérêts propres à chaque camp, l’intérêt certain pour le pays réside dans une concurrence réelle entre les deux parties. Un approvisionnement optimal et bien sécurisé ne peut être atteint qu’à l’issue d’un important programme d’investissements. Les distributeurs doivent s’équiper en capacité de stockage importante. Le raffineur doit investir pour pérenniser son activité, mais aussi pour permettre au pays d’avoir une capacité de négociation réelle sur les marchés internationaux.

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